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Le couturier Alber Elbaz, ex-directeur artistique de Lanvin, est mort à 59 ans du Covid-19

Le créateur Alber Elbaz, ex-directeur artistique de Lanvin, en 2015

Le créateur Alber Elbaz, ex-directeur artistique de Lanvin, en 2015 - Dimitrios Kambouris - AFP

L'ancien directeur artistique de Lanvin, dont il avait restauré l'image de manière spectaculaire dans les années 2000, est mort samedi des suites du virus.

Le créateur de mode israélo-américain Alber Elbaz, qui fut entre 2001 et 2015 à la tête de la maison Lanvin, dont il a restauré l'image de manière spectaculaire, est mort à Paris samedi, rapporte le Women’s Wear Daily, qui cite un communiqué du groupe de luxe Richemont, partenaire de son dernier projet AZ Factory. Il avait 59 ans.

Le couturier est mort des suites du Covid-19, a indiqué le groupe suisse à l'AFP dimanche. La cause de son décès n'avait pas été communiquée dans un premier temps.

"Alber Elbaz le couturier fin, sage et capricieux qui a donné la priorité aux femmes, nous a quittés après trois semaines de lutte contre le Covid", avait indiqué sur Instagram, la papesse de la mode, l'Américaine Suzy Menkes.

"C'est sous le choc et avec beaucoup de tristesse que j'ai appris le décès soudain d'Alber (...) C'était un homme d'une chaleur exceptionnelle et très talentueux, et sa vision si singulière, son sens de la beauté et de l'empathie laisseront une marque indélébile", a salué son président Johann Rupert.

"Disparition tragique d'Alber Elbaz, grand créateur de mode et grand artiste, intensément attaché au savoir-faire, voulant l'innovation dont il comprenait toute la portée et la nécessité. Il avait tant de talent et aussi du génie. Immense tristesse", a réagi sur Twitter le président exécutif de la Fédération de la haute couture et de la mode, Pascal Morand.

Son éternel noeud papillon

Reconnaissable à sa silhouette ronde, ses lunettes et son éternel noeud papillon, Alber Elbaz a marqué le monde de la mode par ses petites robes de cocktail, souvent noires, prisées d'actrices hollywoodiennes comme Natalie Portman.

Alber Elbaz venait de lancer, en janvier dernier, une nouvelle marque, AZ Factory, dont la première collection, vendue à des prix intermédiaires, porte "indubitablement" sa patte, "célèbre pour la sophistication de ses tenues de soirée, sa maîtrise impressionnante du drapé et sa capacité à sublimer la beauté féminine à travers des finitions exotiques et artistiques", avait estimé alors le site Fashion Network.

Depuis son départ de Lanvin en 2015, il travaillait d'arrache-pied, comme il l'avait raconté au Monde en 2019: "Je dessine des centaines de collections. Mais le studio et l’atelier ont migré vers la rue. Je regarde, j’observe pour tenter de comprendre de quoi on a besoin, de quoi on a envie." "C’est ça mon job. Et la seule chose que je sache faire", avait-il ajouté.

De Saint-Laurent à Lanvin

Une des personnalités les plus appréciées du monde de la mode, Alber Elbaz est né à Casablanca (Maroc). Il grandit à Jaffa (Israël), où il apprend à dessiner les robes avec sa grand-mère. Il s'envole ensuite pour New York, où il fait ses armes avec le couturier Geoffrey Beene, avant d'être choisi par Pierre Bergé pour rejoindre à la fin des années 1990 Saint Laurent, pour qui il dessine le prêt-à-porter féminin pendant trois ans.

Lors du rachat de la maison par le groupe Gucci, il est remplacé par Tom Ford, et prend une année sabbatique, à l'issue de laquelle il rejoint Lanvin, la plus ancienne maison de couture française, dont il va rajeunir l'image.

"Je suis arrivé en pensant que c'était la fin du monde", s'était-il souvenu dans Le Monde en 2012. "Le premier jour, c'était un dimanche, je me suis enfermé dans les archives pour voir les robes de Jeanne Lanvin, certaines datant des années 1910, l'époque où elle régnait sur la mode. Je me suis dit que si j'avais été une femme mince, j'aurais aimé porter ça."

Perfectionniste, Alber Elbaz pouvait travailler des journées sur des tenues ou un ordre de passage pour le chambouler la veille d'un défilé. Courtisé par les autres maisons, il a toujours refusé toutes les offres, même celles de Dior. "Je veux travailler avec des gens que j'aime et faire des choses que j'adore", disait-il au Monde en 2012.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse avec AFP Journaliste BFMTV