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Yvan Attal, signataire de la tribune en soutien à Gérard Depardieu, admet son "malaise"

Signataire de la tribune en soutien à l'acteur mis en examen pour viols, Yvan Attal a pris la parole ce jeudi sur BFMTV. Il a expliqué les raisons qui l'ont poussé à prendre part à ce message.

Yvan Attal, l'un des signataires de la tribune de soutien à Gérard Depardieu, s'explique. Invité ce jeudi soir sur BFMTV, l'acteur-réalisateur s'est confié sur les raisons qui l'ont poussé à adresser son soutien au comédien mis en examen à la suite d'une plainte pour viols, visé par deux autres plaintes pour violences sexuelles et par une dizaine de témoignages similaires. La star de Mon père ce héros nie tout ce qui lui est reproché.

"Moi aussi, j'ai un malaise parce que j'ai signé cette pétition qui ne me va pas totalement, mais je l'ai signée parce qu'il y avait quelque chose de plus fort que ce qui me dérangeait dans cette pétition", a expliqué Yvan Attal.

"J'ai d’ailleurs demandé aux gens qui ont écrit cette pétition de reformuler des choses, de parler de certaines choses, et ils n'ont pas voulu", a-t-il ajouté. "Mais j'ai signé parce qu'il y a trop de choses qui ne vont pas."

"Je m'en fous que ce soit un monstre sacré"

56 artistes ont signé une tribune intitulée N'effacez pas Gérard Depardieu, publiée lundi 25 décembre dans Le Figaro. Yvan Attal mais aussi Pierre Richard, Nathalie Baye, Arielle Dombasle ou encore Jacques Dutronc y louent ses talents d'acteurs et lui apportent leur soutien, en pleine tempête politico-médiatique autour du comédien de 75 ans.

"Je ne suis pas d'accord pour dire qu'il pourrait bénéficier d'une impunité totale. Si cette tribune dit ça et si certains ont lu ça, alors je me défausse totalement", a clarifié Yvan Attal.

Il est notamment revenu sur l'une des phrases du texte, qui estime que "lorsqu'on s'en prend ainsi à Gérard Depardieu, c'est l'art que l'on attaque". "Je ne suis pas d'accord avec ça. Moi, je m'en fous que ce soit un monstre sacré - avec toute l'admiration que j'ai pour Depardieu (...) Mais il a le droit de ne pas être lynché publiquement depuis des mois. Et c'est justement parce qu'il y a une instruction qu'il faut laisser la justice parler", a fait valoir Yvan Attal.

"Je ne signe pas cette pétition contre les femmes"

"Je ne veux pas défendre Depardieu l'acteur, mais le citoyen Depardieu. Je n'ai pas signé cette pétition contre les femmes, et c'est là mon malaise. Je l'ai signée pour dire une chose: c'est qu'il y a une tyrannie d'une certaine morale qui se substitue à la justice, une meute qui se permet de lyncher des gens sur la place publique", a encore avancé le réalisateur.

"Quand un type est condamné, il purge sa peine et quand il sort il a le droit de se réinsérer. Aujourd'hui on nous dit qu'on ne peut plus passer ses films, que ce type n'aura plus le droit de travailler, mais c'est terrible! (...) Et si on va par là, ça devient le Far West. Si quelqu'un me pose problème, je vais régler mes comptes en dehors de la justice?".

Yvan Attal a notamment évoqué la décision de la RTBF, la télévision publique belge, de ne plus diffuser de films dont l'acteur tient le rôle principal ou celle de France Télévisions de les suspendre. En outre, l'acteur a récemment été radié des rangs de l'ordre national du Québec.

"Je ne parle pas de Gérard Depardieu mais d'un principe"

Selon Yvan Attal, ce qui manque à cette pétition, c'est de "dire les choses à l'envers". "Dire que ce n'est pas parce qu'il est un monstre sacré qu'il pourrait bénéficier d'une impunité. Non, non et non. S'il est coupable, il sera jugé par la justice et sera jugé coupable. Mais en attendant, c'est justement parce qu'il est un monstre sacré qu'il n'aurait pas le droit de bénéficier de la justice de n'importe quel citoyen, et ça me bouleverse."

"Je ne parle pas de Gérard Depardieu mais d'un principe qu'il faut respecter", a-t-il résumé. "Sinon tout le monde se tire des coups de fusils sur tous les côtés."

"La justice est problématique parfois", a reconnu Yvan Attal. "Le manque des preuves, la prescription, on a tendance à raccourcir cette période de prescription. Mais grâce aux féministes, grâce aux femmes qui ont parlé, des choses changent. (...) Mais même si la justice a des défauts, c'est le meilleur système qu'on ait. Il faut essayer de faire avancer les choses, de voir comment on peut améliorer cette justice, réduire le temps de l'instruction pour avoir des preuves plus tangibles tout de suite. Il faut encourager les femmes à parler, porter plainte, évidemment que tout ça est compliqué. Mais si on ne fait pas confiance aux spécialistes, aux avocats, aux magistrats, aux juges, en qui on a confiance?"

"Je me rends compte qu'en signant cette pétition j'ai blessé des gens autour de moi. Des gens se sont sentis agressés par cette pétition, des femmes. Je m'en suis voulu et je m'en mords les doigts", a-t-il conclu.

Pluie d'accusations

La comédienne Charlotte Arnould a porté plainte contre Gérard Depardieu pour deux viols en 2018. Cette plainte a entraîné une mise en examen de l'acteur pour viols et agression sexuelle. Depuis, une deuxième plainte pour agression sexuelle a été déposée par la comédienne Hélène Darras puis une troisième, pour viol, par la journaliste et autrice espagnole Ruth Baza. En outre, 13 femmes l'ont accusé de violences sexuelles en avril dernier, dans les colonnes de Mediapart.

Les accusations qui pèsent sur lui ont fait l'objet d'un coup de projecteur avec la diffusion, au début du mois de décembre, d'un numéro de Complément d'enquête qui lui était consacré. Outre les témoignages de victimes présumées, on y voyait le comédien tenir des propos obscènes à l'égard de plusieurs femmes, se sachant filmé.

https://twitter.com/b_pierret Benjamin Pierret Journaliste culture et people BFMTV