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"Spectacle complet" ou "énorme entreprise de cabotinage"? "Jeanne du Barry" de Maïwenn divise

Le film "Jeanne du Barry" avec Maïwenn et Johnny Depp

Le film "Jeanne du Barry" avec Maïwenn et Johnny Depp - Why Not

Maïwenn présente ce mardi soir en ouverture du festival une fiction historique sur la dernière favorite de Louis XV. Une œuvre qui divise la critique.

Le Festival de Cannes ouvre ce mardi ses portes avec Jeanne du Barry, fiction historique sur la dernière favorite de Louis XV, revendiquée par Maïween comme une œuvre "académique" et "classique".

Co-productrice, réalisatrice et actrice principale, elle se délecte du fait que son long-métrage, qui marque le retour à l'écran de Johnny Depp, et sort également en salles en France mardi, étonnera les critiques par son classicisme. "C'était une façon de dire: vous ne me connaissez pas", a-t-elle déclaré à l'AFP.

"Je suis quelqu'un de multiple, d'imprévisible. Ce n'est pas parce que mes films avant étaient tournés en impro, de façon très moderne, que je n'aime pas le cinéma classique, la musique classique, la langue française classique".

"Son côté vénal, ou même raciste"

Maïwenn montre Jeanne du Barry - de son vrai nom Jeanne Bécu ou de Vaubernier - de son enfance auprès d'une mère sans scrupules, à son introduction à la cour de Versailles, choquée par son passé de prostituée.

"Je ne voulais pas faire l'impasse sur son côté vénal, ou même raciste avec Zamor", son page et ancien esclave qui, des années plus tard, provoquera sa condamnation à la guillotine.

Comme Madame du Barry, elle a cherché à s'adapter aux "codes compliqués de la cour", introduits à l'écran par un Benjamin Lavernhe à la fois cocasse et touchant dans le rôle de La Borde, premier valet de chambre du roi.

"Une farouche modernité"

La presse est dans l'ensemble enthousiaste. "Jeanne du Barry frappe droit au cœur par son romantisme tragique, son lyrisme, sa clairvoyance et ses dialogues ciselés qui véhiculent une farouche modernité", estime Le JDD, pour qui le film est "bouleversant".

"Jeanne du Barry est un spectacle complet", peut-on lire dans Le Figaro. "Le film comble les espoirs. Sa principale vertu est de ne pas sentir la poussière [...] L'argent est sur l’écran. Le budget se voit. Le phénomène n’est pas si fréquent."

Pour Télérama, la fresque de Maïwenn est "un conte espiègle et [...] pétillant", "où se marient réalisme historique et fantaisie". Le Parisien estime que Jeanne du Barry est le "premier choc" du festival: "[Maïwenn] a conservé son style passionné, habité, vivant".

"Comme chez l’orthophoniste"

La Croix est plus modérée: si Maïwenn "parvient à insuffler modernité et liberté" à son récit, son film souffre d'une "facture classique [...] légèrement empesé[e]" Libération se montre enfin plus critique, dénonçant "une énorme entreprise de cabotinage dans un nuage de poudre et de perruques" et une cinéaste qui "tire toute la couverture à elle".

Le quotidien épingle aussi la prestation Johnny Depp en Louis XV: "Personne de sensé ne peut évidemment croire que Johnny Depp, visage tendu de concentration dans son premier gros rôle en français et articulant ses répliques comme chez l’orthophoniste, est un auguste de la famille Bourbon."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse avec AFP Journaliste BFMTV