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Cinéma

Meilleure actrice aux César 2023: Virginie Efira, l'ex-animatrice télé qui a conquis le cinéma

Virginie Efira aux César, le 24 février 2023

Virginie Efira aux César, le 24 février 2023 - Bertrand Guay - AFP

Celle que le public a découverte à la présentation de "Nouvelle star" s'est imposée comme l'un des visages-phares du 7e art français. La validation ultime est arrivée vendredi, avec le César de la meilleure actrice.

Le cinéma se l'arrache: à 45 ans, Virginie Efira est devenue incontournable, démontrant à force de travail qu'elle était capable de tout jouer. Le temps semble loin où l'actrice blonde au visage rayonnant pouvait être renvoyée à sa période de pure comédie, il y a une dizaine d'années, voire à ses débuts d'animatrice télé.

Vendredi, c'est devant des stars aussi connues que Juliette Binoche ou Fanny Ardant que la Franco-Belge a remporté le César de la meilleure actrice, pour son rôle dans Revoir Paris. Un trophée pour lequel elle avait déjà été nommée quatre fois et qui arrive après deux années intenses, où elle a capté toute la lumière.

Dans le film, Virginie Efira joue Mia, une Parisienne qui ne parvient pas à surmonter le traumatisme d'un attentat dans une brasserie parisienne. Signé Alice Winocour, le film fut l'un des premiers à évoquer de façon quasi-directe les attentats de 2015 à Paris, et lui offre un rôle sur le fil, tout en retenue.

Les années de la consécration

Sa capacité à s'immerger dans des personnages aussi divers que marquants lui a permis de s'illustrer en quelques mois aussi bien face à Tahar Rahim dans Don Juan qu'à Roschdy Zem dans Les Enfants des autres de Rebecca Zlotowski, où elle joue une belle-mère cherchant à trouver sa place dans une famille recomposée.

Elle était tout aussi convaincante en 2021 dans un rôle de pure composition, offert par le Néerlandais Paul Verhoeven (Total Recall, Basic Instinct, Black Book), celui de Benedetta, une nonne lesbienne hallucinée dans l'Italie du XVIIe siècle.

Ce rôle avait braqué sur elle les projecteurs à Cannes, où elle a ensuite officié l'an dernier comme maîtresse de cérémonie.

"Virginie occupe une place de plus en plus importante, si ce n’est centrale, dans le paysage du 7e art", analysait alors Pierre Lescure, qui tirait cette année-là sa révérence en tant que président du festival, au "Parisien".

"Elle est une actrice à la fois spectaculaire et émouvante, qui ne ressemble à aucune autre", avait-il poursuivi. "Ne serait-ce que par sa trajectoire originale!"

Elle a aussi été membre du jury de la 78e édition de la Mostra de Venise, présidé par le Sud-Coréen Bong Joon-ho. Comme une marque de reconnaissance du monde du cinéma international.

De la télé au grand écran

Outre cette incursion hors de frontières franco-belges, son dernier succès public reste Adieu les cons (2020) d'Albert Dupontel, film aux sept César où elle incarne Suze, condamnée par une maladie incurable, qui cherche à retrouver l'enfant qu'elle avait eu adolescente et confié à la Dass. Elle y insuffle drôlerie, gravité, chavirement et dureté, passant apparemment sans effort d'un état à l'autre.

Le rôle n'aura pas déboussolé son public: avant le virage vers la tragédie de ces dernières années, la trajectoire de Virginie Efira a longtemps été associée aux comédies, comme 20 ans d'écart (2013).

Une façon de mettre un pied dans le cinéma après ses années d'animatrice télé, d'abord en Belgique puis en France. C'est sur M6 que le public l'a découverte dans les années 2000 en tant que présentatrice du télé-crochet Nouvelle Star, à mille lieues du lustre du septième art qui l'attendait.

La bonne copine du cinéma français

Tout de suite, les téléspectateurs hexagonaux tombent sous son charme naturel et sa spontanéité. Deux caractéristiques qui expliquent sans doute, encore aujorud'hui, sa popularité auprès du public. Virginie Efira a beau se faire une place dans le milieu très feutré du cinéma français, elle ne s'est jamais départie du franc-parler et de l'humour dont elle faisait preuve sur le plateau du pavillon Baltard.

Elle l'a encore prouvé vendredi soir, sur le tapis rouge des César; après avoir adressé aux photographes le distant sourire de mise, elle a brièvement quitté l'aura de mystère qui entoure les actrices françaises pour s'adonner à quelques pas de danse sur une chanson de Céline Dion, avant d'éclater de rire.

De la comédie à la tragédie

Après la télévision, puis les comédies, la bascule vers le cinéma d'auteur arrive en 2016 grâce le rôle que lui offre la réalisatrice Justine Triet dans Victoria.

Virginie Efira deviendra rapidement une des égéries de ces rôles à récompenses: coach sportive borderline dans la comédie Le Grand bain de Gilles Lellouche, mère humiliée et amoureuse dans Un amour impossible de Catherine Corsini (2018) ou flic solitaire dans Police d'Anne Fontaine (2020).

Vie privée préservée

Compagne de l'acteur Niels Schneider, et mère d'une petite fille née d'une précédente union avec le réalisateur Mabrouk El Mechri, Virgine Efira est née en Belgique, en mai 1977.

Elle abandonne vite ses études et se lance dans l'animation d'émissions de télé pour ados, en Belgique. Interrogée l'an dernier par l'AFP, elle confiait s'être longtemps retirée derrière "un sourire, comme une politesse, comme une pudeur" pour masquer "un manque de confiance en soi".

Les modèles de celle qui, adolescente, ne jurait que par Pretty Woman? Des acteurs de comédies américaines comme Jim Carrey ou Adam Sandler, qui "ont cette capacité à montrer la complexité du monde en faisant rire", expliquait-elle encore.

B.P. avec AFP