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"Massacre à la tronçonneuse": tout ce que vous ne saviez pas

Marilyn Burns dans "Massacre à la tronçonneuse".

Marilyn Burns dans "Massacre à la tronçonneuse". - Kim Henkel - Tobe Hooper - 1974 VORTEX INC.

La version restaurée de Massacre à la tronçonneuse sort en salles le 29 octobre. Retour sur l'histoire d'un film pas comme les autres.

Massacre à la tronçonneuse, le film d'horreur culte des années 70, revient épouvanter les foules en salles ce mercredi 29 octobre, dans une version restaurée. L'occasion de ressortir les sacs à vomi et de se replonger dans la légende de ce monument du film gore.

> Interdit dans plusieurs pays

A sa première sortie en 1974, Massacre à la tronçonneuse avait été interdit dans plusieurs pays. Les Français ont ainsi dû attendre 8 ans avant de le voir en salle (le film est sorti en VHS en 1976). Il était alors interdit aux moins de 18 ans.

En Grande-Bretagne, il a même fallu attendre 25 ans pour le feu vert des autorités. "Je pense que c'est surtout la tension du film", estime Tobe Hooper, le réalisateur. "Le film est trop stressant pour beaucoup de gens".

"Il est plus violent par son atmosphère, par le profond sentiment de malaise qu'il diffuse, que par ce qu'il montre", confirme Alexandre Prot, co-créateur du site Les Ingoruptibles, interrogé par l'AFP.

Ces interdictions "lui confèrent une aura mythique", souligne Laurent Aknin, critique et auteur des Classiques du cinéma bis. Projeté à Cannes, le film a été présenté en avant-première au Grand Rex en septembre dernier, devant un public de fans enthousiastes, parfois déguisés, et bel et bien équipés de sacs à vomi. 

Une critique de l'Amérique de l'époque

Le film "montre la face sombre des Etats-Unis", expliquait en septembre dernier Tobe Hooper à BFMTV. "J'ai manifesté contre la guerre du Vietnam. Avec le Watergate, on s'est rendu compte que tout ce qu'on nous disait n'était pas forcément vrai. En fait je me suis inspiré de ma vie et de ce qui m'entourait". "C'est la fin du Flower Power, l'Amérique est traumatisée par la guerre du Vietnam", rappelle également Jack Parker, pseudo de l'animatrice du Blog Horreur, pour l'AFP.

> Un film low cost

Au début des années 70, le jeune Tobe Hooper disposait d'un tout petit budget, 140.000 dollars, pour faire ce film. Résultat, la camionnette est celle de l'ingénieur du son, et les effets sonores sont faits maison. Tobe Hooper a réalisé lui-même le son horripilant qu'on entend tout au long du film, obtenu en frottant une fourche contre une table. C'est dans son salon qu'il a fait le montage audio. "A vrai dire, je n’avais pas assez d’argent pour qu’il y ait de la musique, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi la tronçonneuse: le bruit", expliquait le réalisateur dans Libération en 2011.

Par ailleurs, la ferme dans laquelle se situe l'action était occupée par une famille que connaissait le directeur artistique, logée le temps du tournage dans un motel. Quant aux squelettes aperçus dans le film, ce sont des vrais os humains achetés par la production en Inde, car moins chers que des os en plastique.

> Une histoire vraie

Le scénario de Massacre à la tronçonneuse est tiré de l'histoire du tueur en série Ed Gein, arrêté en 1957 dans le Wisconsin, et surnommé le "boucher de Plainfield". Il a également inspiré Psychose et Le silence des agneaux. Un type passablement détraqué, puisqu'on a retrouvé chez lui des rideaux, des gants et des draps en peau humaine provenant de cadavres déterrés, et des morceaux de chair humaine dans des bocaux.

"L’histoire m’est venue en quelques minutes, alors que je faisais mes courses dans un centre commercial. J’ai vu une tronçonneuse au rayon bricolage et j’ai imaginé me frayer un chemin vers la sortie en fendant la foule des clients avec celle-ci!", se plaît encore à expliquer Tobe Hooper. 

Le personnage masqué, Leatherhead, est pour sa part inspiré d'une anecdote du médecin de famille de Hooper. "Mon médecin (...) me racontait que, lorsqu’il était interne, il avait écorché le visage d’un cadavre et s’était fait, avec la peau, un masque pour Halloween", a-t-il confié au Monde.

> Du gore, du vrai

Le tournage a été une expérience particulièrement traumatisante pour les acteurs. Et pas seulement pour Marilyn Burns, dont la majeure partie du texte se résume à "aaaaaah", ce qui lui valu le surnom de "Scream Queen" (la reine des hurlements, en français). L'actrice s'était blessée avec des branches pendant le tournage et le sang, dont elle finit couverte, est en partie le sien.

La scène du repas à la fin du film, a été très éprouvante. Il faisait une chaleur épouvantable, en cet été texan. Plus de 37 degrés et pas de climatisation ni de ventilateur pour rafraîchir l'atmosphère. Et la pièce était pleine de restes d'animaux morts et de nourriture en train de pourrir. Sans parler des odeurs corporelles. La puanteur était telle que certains membres de l'équipe se trouvaient mal, quand d'autres vomissaient. Edwin Neal, l'un des acteurs, s'en souvient encore: "Tourner cette scène a été le pire moment de ma vie... et pourtant j'ai fait le Vietnam, où des gens essayaient de me tuer". 

Magali Rangin