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Cinéma

Le réalisateur Jafar Panahi défie le régime iranien avec l’aide de Skype

Le réalisateur Jafar Panahi est assigné à résidence et interdit de tournage pour 20 ans.

Le réalisateur Jafar Panahi est assigné à résidence et interdit de tournage pour 20 ans. - -

Le réalisateur iranien Jafar Panahi est toujours en résistance. Ce mercredi, il a présenté son dernier long métrage au Festival International de films de Karlovy Vary (République Tchèque), à l’aide du logiciel Skype.

Toujours placé en résidence surveillée, condamné à vingt ans d’interdiction de tournage, et interdit de quitter le territoire iranien, le réalisateur Jafar Panahi ne capitule pas. Une fois encore, en un formidable pied de nez aux autorités de son pays, il a bravé l’interdit en présentant Closed Curtain, son nouveau film, au Festival International de films de Karlovy Vary (République Tchèque). L’œuvre a été diffusée, ce mercredi, à l’aide de Skype, un logiciel qui permet de tenir des visioconférences.

Qui veut la peau de Jafar Panahi?

Son courage force l’admiration du monde du cinéma, déjà conquis par les films de l’artiste. Figure phare de la Nouvelle Vague iranienne, il a été primé dans les plus grands festivals du monde. En 2010, alors qu’il devait faire partie du jury de Cannes, il est incarcéré avec sa famille. Les organisateurs de la Croisette placeront une chaise vide à son nom, en signe de soutien.

Il suffit de regarder ses films pour comprendre ce qui motive l’acharnement des responsables iraniens. Ouvertement opposé au régime conservateur de son pays, ses histoires parlent des inégalités sociales, de l’absence de libertés, et de la condition réservée aux femmes dans la république islamique d’Iran. Bannis dans son propre pays, ses courts et longs métrages circulent malgré tout au marché noir, sous forme de DVD.

"Je vis dans un monde de mélancolie"

Dans son apparition sur Skype, au festival de Karlovy Vary, Jafar Panahi a exprimé son désespoir. "C’est très douloureux pour moi de ne plus faire partie de la société, parce que mes films parlent de la société… A présent, je vis dans un monde de mélancolie absolue", a-t-il déclaré. En 2011 déjà, Ceci n’est pas un film avait été apporté au festival de Cannes sur une simple clé USB. Gageons que le réalisateur trouvera de nouveaux biais pour continuer à exercer sa passion.

Souen Léger