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"Le Parfum vert": Vincent Lacoste star d'une comédie d'espionnage inspirée de l'univers de Tintin

Vincent Lacoste dans "Le Parfum Vert"

Vincent Lacoste dans "Le Parfum Vert" - Copyright Bizibi

L'acteur césarisé en début d'année revient avec une comédie d'espionnage décalée qui rend hommage à la bande dessinée tout en dénonçant la résurgence de l'antisémitisme.

Entre Vincent Lacoste et le 9e Art, c'est une longue histoire. Révélé par Riad Sattouf avant de devenir le héros de l'une de ses BD, le jeune acteur est ce mercredi la star d'un film où son personnage s'inspire de... Tintin.

Dans Le Parfum vert, il incarne un comédien accusé à tort de meurtre, qui va enquêter avec une autrice de BD (Sandrine Kiberlain) sur une organisation secrète décidée à déstabiliser l'Europe. Une histoire inspirée par La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock et L'Île noire, une aventure de Tintin parue en 1937.

"Je me suis rendu compte que les premiers Tintin des années 1930 ressemblaient à du Hitchcock. Ça m'a donné l'envie de faire un film comme ça", confie à BFMTV le réalisateur Nicolas Pariser, qui s'est inspiré d'une BD hommage à Hergé parue en 1983 dans la revue (A suivre) pour le titre de son film.

Comme Tintin dans ses premières aventures, Vincent Lacoste porte un pantalon de golf et une chemise bleue. Sa coiffure évoque aussi celle du reporter imaginé par Hergé en 1929. "Il a une silhouette à la Tintin", acquiesce le réalisateur, dont le film devait à l'origine se situer dans les années 1930. "Le personnage devait déjouer un complot contre Churchill fomenté par des nazis anglais."

Rendre hommage à la BD, "un acte militant"

La BD est omniprésente dans Le Parfum vert. Habillée comme Corto Maltese, l'autrice de BD incarnée par Sandrine Kiberlain a sorti un album intitulé Et c’est là que mes ennuis ont commencé, une référence à un chapitre du Maus d'Art Spiegelman. Une partie de l'intrigue se déroule aussi dans une exposition consacrée au dessinateur Lucas Harari, célébré en 2017 pour L'Aimant.

Une manière de saluer la noblesse d'une forme artistique longtemps jugée mineure et d'en "conserver la mémoire", précise Nicolas Pariser. Il place ainsi au centre du Parfum vert un vibrant hommage au dessinateur Raymond Macherot (1924-2008), figure désormais oubliée de la BD franco-belge des années 1950 dont les séries Chlorophylle et Sibylline ont fait rêver des générations d'enfants.

Les couvertures de "Chlorophylle contre les rats noirs" et de l'intégrale "Sibylline" de Raymond Macherot
Les couvertures de "Chlorophylle contre les rats noirs" et de l'intégrale "Sibylline" de Raymond Macherot © Le Lombard - Casterman

"De tous les immenses auteurs de bandes dessinées franco-belges, c'est le moins célèbre et il y a toute une partie de son œuvre qui est absolument ignorée", commente le réalisateur. "Les derniers Sibylline sont magnifiques et personne n'en parle, contrairement à Chlorophylle, qui est un chef d'œuvre, évidemment. Il y a là une injustice absolue. [Ce film], c'est presque un acte militant."

Dénoncer la montée de l'extrême droite

Cette comédie d'espionnage décalée aborde sous ses allures légères des sujets d'actualité comme la résurgence de l'antisémitisme et la montée de l'extrême droite. Nicolas Pariser s'inscrit en cela dans la lignée d'Yves Chaland (1957-1990), figure elle aussi un peu oubliée du 9e Art dont l'œuvre a consisté, dans les années 1980, à évoquer les grands enjeux de son temps dans des BD inspirées de Tintin.

Sandrine Kiberlain et Vincent Lacoste dans "Le Parfum vert"
Sandrine Kiberlain et Vincent Lacoste dans "Le Parfum vert" © Copyright Bizibi

"Le sujet réel du Parfum vert, c'est comment l'Europe est hantée par son passé tragique", insiste Nicolas Pariser. C'était déjà le sujet des albums de l'âge d'or de la BD franco-belge, dans les années 1950, rappelle-t-il: "Ils portent en eux le traumatisme de ce qui s'est passé en Europe pendant la guerre. Chlorophylle est hanté par le souvenir de la guerre et parle de la montée du fascisme."

Nicolas Pariser, qui travaille actuellement sur un projet de film noir et un autre de science-fiction, souhaite continuer de mêler BD et cinéma. Pour l'instant, son idée de mini-série en six épisodes autour de la figure d'Yves Chaland et du Métal Hurlant des années 1980 reste lettre morte. "Malheureusement, je pense que je ne le ferai pas. C'est un peu trop coûteux", déplore-t-il.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV