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Cinéma

Le film "Pyongyang" victime de l'affaire Sony

Guy Delisle, auteur de la bande dessinée Pyongyang (photo d'illustration).

Guy Delisle, auteur de la bande dessinée Pyongyang (photo d'illustration). - Pierre Dufour - AFP

L'adaptation de la bande dessinée Pyongyang, de Guy Delisle, a subi le revers de l'affaire de piratage qui touche Sony. Le film, qui devait être réalisé par Gore Verbinski, avait pour thème un voyage en Corée du Nord.

L'Interview qui tue n'est pas la seule victime du piratage de Sony. L'adaptation de la bande dessinée de Guy Delisle Pyongyang a été tuée dans l'oeuf. Malgré deux ans de travail et la cession des droits d'auteur.

"Ce qui me désole surtout, ce sont les raisons qui ont conduit à cette annulation", a réagi vendredi matin le dessinateur canadien sur son blog. Les studios américains New Regency, propriété de Fox, devaient produire cette adaptation. Un film très attendu par les fans du dessinateur, Fauve d'or à Angoulême pour ses Chroniques de Jérusalem.

L'annonce surprend d'autant plus qu'elle surgit au lendemain de l'annulation par Sony de la sortie d'une comédie sur la Corée du Nord, L'interview qui tue!

"Une triste journée pour la liberté d'expression"

Fox, qui avait pourtant déjà choisi l'acteur principal de son film, Steve Carell, a annulé jeudi son projet. Gore Verbinski, réalisateur de Pirates des Caraïbes, devait être aux manettes.

Steve Carell est l'un des premiers à avoir réagi à l'annonce du retrait de L'interview qui tue! et dénonce une "triste journée pour la liberté d'expression". 

"On aurait pu imaginer qu'une grosse multinationale résisterait devant les menaces d'une bande de hackers nord-coréens. Apparemment, ils ont su toucher là où ça fait mal", ajoute l'auteur de bande dessinée Guy Delisle.

En 2003, il publie aux éditions l'Association une BD au succès immédiat. L'auteur témoigne dans Pyongyang de son expérience en Corée du Nord. Il est l'un des rares artistes à y avoir mis les pieds.

"Hollywood way"

Surpris et déçu, Guy Delisle rappelle sur son blog que le tournage devait commencer en 2015 en Serbie. "Je n'avais pas beaucoup de contact avec la production et depuis maintenant deux ans que les droits ont été vendus, j'ai toujours eu connaissance des développements par voie d'internet. J'imagine que c'est la 'Hollywood way' ('manière hollywoodienne')." 

Début décembre, Gore Verbinski l'avait appelé pour lui parler de son film. "J'étais enthousiaste et aujourd'hui de savoir que tout ce projet tombe à l'eau me désole profondément". Déjà en 2001, le dessinateur avait reçu un accueil glacial du studio qui l'avait envoyé à Pyongyang superviser la sous-traitance de séries d'animation. En cause, son projet de bande dessinée. "On m'a dit que je n'avais pas le droit de parler de mon séjour là-bas, que mon contrat contenait une clause de confidentialité et que je ne pouvais pas faire ce livre".

Le patron de la petite maison d'édition L'Association, moins craintif, lui a donné son accord. "Tant pis si on se prend un procès, c'est un livre qu'il faut faire". 

A. Dt. avec AFP