Jean-Claude Romand, personnage romanesque et "héros" de films

Jean-Claude Romand, le faux médecin qui a assassiné en 1993 sa femme, ses enfants et ses parents, et demande aujourd'hui sa libération conditionnelle, a inspiré la littérature et le cinéma.

En 1993, il a tué sa femme, ses deux enfants, ses parents après avoir prétendu, pendant 18 ans, travailler comme médecin à l'Organisation mondiale de la Santé. La vie de Jean-Claude Romand, condamné en 1996 à la perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans, a inspiré la littérature, mais aussi le cinéma et la télévision.

Plus de 25 ans après les faits, Romand demande aujourd'hui sa libération conditionnelle.

En premier lieu Emmanuel Carrère, a été littéralement "possédé" durant sept ans par celui que les psychologues, passionnés eux aussi par ce conte de la folie ordinaire, cet extraordinaire fait-divers qui a marqué l'inconscient collectif français, ont qualifié de "narcissique criminel".

L'adversaire

Il lui écrit en 1993 pour la première fois. Il reçoit une réponse deux ans plus tard. "J'ai entendu qu'il comptait sur moi plus que sur les psychiatres pour lui rendre compréhensible sa propre histoire", a expliqué l'écrivain.

Il publie finalement en 2000 L'adversaire, texte tournant le dos à la fiction mais pas à la littérature. L'ouvrage est un succès de librairie. L'adversaire, c'est d'abord, a précisé l'écrivain, "ce qui était en Romand et qui, à un moment, l'a bouffé". Mais Romand s'est par ailleurs révélé un "adversaire" coriace à percer car, à la fin du récit, son mystère reste entier. Comment expliquer cette folie? Quels traumatismes intimes ont transformé ce bon élève, à l'enfance sans histoire, plus tard bon père et bon époux, en un implacable tueur? Personne ne le sait, pas même lui. 

"Il est impossible de penser à cette histoire sans se dire qu'il y a un mystère et une explication cachée. Mais le mystère, c'est qu'il n'y a pas d'explication et que, si invraisemblable que cela paraisse, cela s'est passé ainsi", conclut Carrère. 

Son livre a été adapté au cinéma en 2002 par Nicole Garcia, avec Daniel Auteuil dans le rôle de Jean-Claude Romand.

"On se construit tous une image pour plaire aux autres, a-t-elle dit. Heureusement, nous, on a la possibilité de faire des allers-retours, mais lui s'est perdu dans cette image idéale. Il a endossé une carapace qu'il ne peut pas supporter qu'on lui enlève".

L'emploi du temps

Le réalisateur Laurent Cantet s'empare lui aussi de l'histoire de Jean-Claude Romand. Son long-métrage, L'emploi du temps (2001), avec Aurélien Recoing, se situe entre réalisme social et vacuité irréelle d'une vie fantasmée. Le réalisateur insiste moins sur les meurtres que sur la double vie de Romand et "tout ce qu'elle pouvait nous laisser imaginer du personnage".

La vie de personne

L'histoire de Jean-Claude Romand a même dépassé les frontières hexagonales, inspirant le réalisateur espagnol Eduard Cortés, auteur de La vida de nadie ("La vie de personne").

De New York Unité spéciale au théâtre

Des épisodes de séries télévisées comme Profilage ou Le jour où tout a basculé y font aussi allusion. Les scénaristes de séries comme New York, section criminelle et New York, unité spéciale, s'en sont également inspirés.

Enfin l'histoire de Jean-Claude Romand a également été adaptée au théâtre. Avec des pièces telles que Le Signal du promeneur, montée en mai 2012 par le Raoul collectif, ou encore Elle brûle, montée en 2013 par Caroline Guiela Nguyen et Mariette Navarro. Et plus récemment, L'Adversaire de Frédéric Cherbœuf, adapté en 2016 du roman d'Emmanuel Carrère. 

Magali Rangin avec AFP