BFMTV
Cinéma

"Je ne crois pas beaucoup à la parole politique": Albert Dupontel de retour avec "Second tour"

Albert Dupontel dans son film "Second Tour"

Albert Dupontel dans son film "Second Tour" - Pathé

Le réalisateur revient en salles avec une satire politique où il campe un candidat à la présidentielle souhaitant détruire de l'intérieur le système.

Trois ans après le carton d'Adieu les cons, qui avait réuni deux millions de spectateurs et triomphé aux Césars, Albert Dupontel est de retour au cinéma ce mercredi avec Second tour, une comédie politique qui tourne en dérision nos institutions politiques.

Dans ce huitième film du réalisateur de Bernie, une journaliste politique tombée en disgrâce (Cécile de France) est envoyée suivre le favori à la campagne présidentielle (Albert Dupontel), héritier d'une puissante famille française et novice en politique. Elle mène l'enquête sur ce candidat, qu'elle a connu moins lisse dans son enfance...

Libéral, novice en politique, affrontant l'extrême droite, ce candidat rappelle furieusement le Macron de 2017. Celui-ci souhaite accéder au pouvoir pour appliquer un programme novateur et révolutionnaire pour relancer une société en train de mourir sur fond le dérèglement climatique.

Albert Dupontel, qui montre depuis Bernie la révolte des marginaux face au système, prend désormais le contrepied de ce thème qui lui est cher: "C'est délibéré. Je voulais parler de l'élite. Pour changer le système, il faut appartenir au système. C'est comme ça que mes personnages vont changer les choses - mais d'une façon dramatique."

"Je m’inspire de 60 ans d’existence où j’ai vu passer des tas de choses et des tas de leaders", poursuit celui qui se dit "politiquement un peu résigné". "Je ne crois pas beaucoup à la parole politique sauf quand celle-ci est exceptionnelle, forte. Là, elle peut avoir un effet incroyable sur la société. Cette idée-là, c'est le film."

"On va manquer d’eau bientôt"

Et pourtant la politique n'est pour lui que "le décorum" du film dont le vrai sujet est l'incapacité de la classe politique à prendre des décisions en matière d'écologie. "Chaque année, on dit que c'est l'année la plus chaude de l'histoire. Ça va continuer combien de temps comme ça? Ce problème-là, ça fait 35 ans que je le vois!"

"Les gens qui nous gouvernent ont dû sauter des classes ou sécher des cours! La préoccupation principale devrait être de préserver l'environnement. Pas au sens philosophique du terme, mais sanitaire. On va manquer d’eau bientôt. L'écologie, c'est simple: c'est un truc sanitaire. C'est ce que raconte le film."
Cécile de France et Albert Dupontel dans "Second tour"
Cécile de France et Albert Dupontel dans "Second tour" © Pathé

Second Tour alerte aussi sur la disparition des abeilles. "Einstein disait que lorsqu'il n'y aurait plus d’abeilles, l'humanité serait en voie de disparition. Les abeilles disparaissent depuis plusieurs décennies... Il faut faire hyper attention à ça."

Alerter et divertir

Avec Second tour, Dupontel souhaite certes alerter le public, mais aussi le divertir: "Je suis animé par des thématiques récurrentes dans l'inconscient collectif: l’écologie, la liberté de parole, les médias... Mais quand je les raconte, j'essaie d'être distrayant. Quand les gens me disent qu'ils ont passé un bon moment, je suis heureux."

Son modèle dans le genre: Oppenheimer de Christopher Nolan. "Le film est formidable. Il parle d'un truc qui préoccupe les gens - l'arme atomique - et pendant trois heures, c'est épatant! J'aime cette façon de raconter." Acteur et réalisateur sur Second tour, Dupontel reconnaît cependant avoir désormais davantage de mal à tout conjuguer.

D'autant que le réalisateur, particulièrement exigeant, a retourné certaines scènes. "Plusieurs scènes ne fonctionnaient pas du tout. On ne comprenait rien", reconnaît-il. "Le gros défaut de ce film, c'est sa gourmandise. Vous allez faire pipi, vous revenez, vous ne comprenez plus rien. Au départ, c’était encore pire."

Multipliant les projections tests (17 dans 17 villes!), Dupontel a peaufiné son film tout au long de l'année. Un processus qu'il applique depuis Neuf mois ferme. "Quatre fois de suite, je m'y suis recollé. Heureusement que je jouais le rôle principal. Sinon aller rechercher l'acteur qui aurait été sur d’autres projets, ça aurait été compliqué."

Pouvoir recommencer

Comme ses précédentes réalisations, Second tour est un mélange de comédie et de thriller à grands renforts d'effets de caméra et de lumière contrastée. "Le film est hautement improbable. Une des façons de défendre cette fable ou ce roman de gare est d'utiliser une grammaire (un peu ostentatoire) du cinéma."

À quelques jours de sa sortie, Albert Dupontel espère que le public renouvellera la confiance qu'il lui a accordée depuis 9 mois ferme. "Si je pouvais recommencer avec celui-là, j'aurais des sous pour le prochain. Le Créateur (en 1999) s'était planté et j'ai vraiment eu du mal pour faire le suivant. C’est ce que je ne me souhaite pas."

D'autant plus qu'il a déjà deux idées pour la suite: "soit c'est trois mois de répétition et un tournage en cinq semaines (pour) une comédie de mœurs dans un huis clos ou peut-être l'adaptation d’un classique. Ça va se décider dans les mois qui viennent."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV