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"Il faut condamner les policiers et le faire vite": Mathieu Kassovitz réagit à la mort de Nahel

Matthieu Kassovitz en 2022 à l'avant-première du film "Ambulance"

Matthieu Kassovitz en 2022 à l'avant-première du film "Ambulance" - Thomas SAMSON / AFP

Le réalisateur de La Haine a fait part de son émotion après la mort du jeune Nahel. Il appelle la classe politique à réagir et à condamner la police.

"Triste journée que celle-ci avec la mort de Nahel hier." Mathieu Kassovitz a réagi avec émotion mercredi soir sur son compte Instagram à la mort de Nahel, 17 ans, tué mardi par un tir de policier, lors d'un contrôle routier à Nanterre.

"Je vous parle ici, parce que je commence à recevoir des demandes d'interviews", explique le réalisateur. "Je sens que si je mets la main dedans... Ce n'est pas la première fois qu'on me le demande, parce que dès qu'il y a une bavure, évidemment, La Haine est remis au goût du jour. Ça fait trente ans que c'est comme ça."

"Ce ne sont pas des voyous"

"La Haine n'est pas un petit film obscur", poursuit-il. "C'est un film qui fait partie de notre culture. Vinz, Hubert, Saïd... Ce sont nos petits frères, nos petites sœurs... On est devenu des adultes et ce sont nos enfants maintenant. Je fais la référence à La Haine, parce que c'est le moment où on a commencé à parler de ces bavures policières."

"Mais apparemment, il y en a qui n'ont toujours pas compris à qui ils ont affaire, que ce sont des jeunes en face, que ce sont des fils. Ce ne sont pas des voyous, ce ne sont pas des criminels, ils n'ont pas d'arme", insiste-t-il en larmes.

Condamner les policiers

Il continue, sans vouloir blâmer la police: "Une bavure policière, ça arrive. Ca arrive qu'un policier soit fatigué ou mal entraîné. Ils n'ont pas affaire à des anges non plus et ils peuvent craquer."

Rappelant "qu'il n'y a pas de policiers qui se font tirer dessus dans la rue par des jeunes au 9MM à bout portant", la seule solution pour "calmer tout le monde" et "d'arriver à un équilibre" est "de condamner les policiers", insiste-t-il encore: "Il faut condamner les policiers et le faire vite."

"Il faut que la justice soit forte, qu'elle représente la justice française, pas juste la justice d'une partie du pays. Tant que ces policiers ne seront pas condamnés, les policiers qui arriveront derrière n'auront pas de conséquence non plus. Il faut casser ce cercle vicieux."

Détention requise du policier

"Ce cercle vicieux n'est pas créé par les jeunes. Il est créé par l'administration, par la justice, par les médias, par un système qui n'a rien à avoir avec les jeunes de banlieue", conclut-il. "Tant que les politiciens ne prennent pas leur responsabilité, les policiers ne seront pas assujettis à la même justice que nous."

Le procureur de Nanterre a annoncé ce jeudi l'ouverture d'une information judiciaire pour homicide volontaire visant le policier auteur du coup de feu ayant conduit à la mort de Nahel.

"Le parquet considère que les conditions légales d'usage de l'arme (par le policier) ne sont pas réunies", a estimé devant la presse le magistrat, Pascal Prache, ajoutant que le policier était présenté devant deux juges d'instruction aux fins de mise en examen.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV