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"Astérix et Obélix": Guillaume Canet raconte les coulisses de sa superproduction au tournage contrarié

Gilles Lellouche, Guillaume Canet, Julie Chen et Jonathan Cohen dans "Astérix et Obélix : L'Empire du milieu"

Gilles Lellouche, Guillaume Canet, Julie Chen et Jonathan Cohen dans "Astérix et Obélix : L'Empire du milieu" - Copyright Christophe Brachet

Après quatre ans de travail, l'acteur-réalisateur s'apprête à sortir dans toute l'Europe son adaptation de la célèbre BD de Goscinny et Uderzo. Il raconte les coulisses de cette folle aventure.

Attendu depuis quatre ans dans les salles obscures, Astérix et Obélix: L'Empire du milieu sort enfin au cinéma ce mercredi. Dotée d'un budget pharaonique de 67 millions d'euros, et d'un casting international impressionnant, la superproduction a connu de nombreuses avanies avant d'arriver sur nos écrans.

D'abord repoussé en raison de la pandémie de covid, Astérix et Obélix: L'Empire du milieu n'a pu être tourné en Chine, où se situe pourtant l'action du film, mais dans le Massif Central. Là, l'équipe a été confrontée à des pluies torrentielles. Guillaume Canet a d'ailleurs publié une vidéo sur Instagram, montrant la difficulté des conditions de tournage.

Défié par les éléments, le film a aussi dû essuyer de nombreuses critiques sur le casting. Mais l'irréductible Guillaume Canet, fait fi des critiques:

"J'encourage les gens, avant d'émettre des critiques, à voir d'abord le film, à voir d'abord le travail qui a été fait, et après de critiquer tout ce qu'ils veulent. C'est toujours dangereux de parler trop tôt parce qu'on peut se tromper. Si on a envie qu'on puisse continuer à faire ce métier-là, et le mieux possible, il faut un tout petit peu d'indulgence et de curiosité."

Un Astérix déconstruit

Car Astérix et Obélix: L'Empire du milieu fourmille de trouvailles. La première est de taille. Astérix est un Gaulois déconstruit, qui a cessé de manger des sangliers. Il ne veut plus boire de potion magique, pour prouver face à Obélix, sa vraie valeur de guerrier. Une idée ajoutée par Guillaume Canet au scénario original de Julien Hervé et Philippe Mechelen, les créateurs des Tuche.

"C'est un personnage que j'aime dans mes films et qu'on voit dans Les Petits mouchoirs et Rock'n Roll: le type un peu chiant qui remet tout en question et qui doit me ressembler quelque part un petit peu", analyse Guillaume Canet. "Je trouvais intéressant, dans un film pareil, de bousculer ce qui était établi et de se servir, comme Goscinny, de l'actualité."

C'est aussi une manière d'apporter de l'épaisseur à un personnage souvent qualifié de simplet. "Je trouvais que ça pouvait le rendre assez touchant", poursuit Guillaume Canet. "Il y avait une vraie volonté de ma part, dans ce scénario, de placer Astérix et Obélix au centre de l'histoire, qu'ils aient plus à jouer que dans les autres films, où ils étaient un peu des personnages secondaires."

Eviter de partir dans tous les sens

L'autre défi d'Astérix et Obélix: L'Empire du milieu était de trouver le duo d'acteurs pour incarner les deux Gaulois. Canet souhaitait à l'origine jouer César, avant de se laisser convaincre d'endosser le costume d'Astérix. Le choix de Gilles Lellouche s'est alors imposé facilement: "Il fallait un couple d’acteurs amis pour jouer Astérix et Obélix et c’est là où j’ai pensé à Gilles Lellouche."

Autour des deux héros gravite un casting assez fou, composé de Vincent Cassel, Marion Cotillard, le rappeur OrelSan, la chanteuse Angèle ou encore le footballeur Zlatan Ibrahimovic. On y croise aussi le chanteur M, l'humoriste Jason Chicandier, les youtubeurs McFly et Carlito, le chanteur Philippe Katerine...

Ils évoluent dans de somptueux décors. Car pour son Astérix, Guillaume Canet souhaitait une "direction artistique réaliste, avec des costumes magnifiques, des décors magnifiques, qu'on colle à la réalité de grands films d'aventure". Le tournage de Lui, en pleine préparation d'Astérix, avec une équipe réduite et en quelques semaines, lui a aussi permis de se préparer plus efficacement et d'affiner son travail de metteur en scène.

"Sur les autres films, je tournais beaucoup de choses puis au montage, je faisais le film. Là, tout d'un coup, j'ai vraiment réfléchi à ce que je raconte. Ça m'a évité, sur Astérix, de me perdre sur un plateau avec 500 figurants et d'aller dans tous les sens. C'était plus structuré. Je pense que dans ma mise en scène j'ai mûri et j'ai surtout appris à avoir confiance en moi sur ce que je raconte."

"Un Astérix sans les pirates, ça n'existe pas"

Pour se démarquer de Mission Cléopâtre, référence ultime pour les adaptations cinématographiques d'Astérix, Guillaume Canet a refusé de faire un film de gags. "Le problème, c'est que les films de gags peuvent mal vieillir", assure-t-il. "Ça peut être aussi risqué parce qu'il y a eu des films de gags où les gags tombaient un peu à plat."

Il a surtout voulu reproduire à l'écran le ressenti qu'il avait en lisant les albums. "Quand j'étais gamin, je ne me marrais pas tout le temps en les lisant. Je faisais attention à ce que racontait l'histoire. Je suis parti dans cette direction pour le film." Le scénario adopte ainsi la même structure que des albums comme Astérix chez les Bretons:

"Je voulais coller à certains rendez-vous obligés. La première scène a lieu dans la forêt où ils chassent, comme dans les albums. J'ai ajouté une scène avec les pirates. Je me suis vraiment beaucoup battu avec la production pour qu'on maintienne cette séquence parce qu'un Astérix sans les pirates, ça n'existe pas."

L'Empire du milieu est le tout premier film à ne pas s'appuyer sur un des albums d'Uderzo et Goscinny. Les deux Gaulois partent ici en Chine, territoire inexploré en BD, pour y sauver la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice emprisonnée après un coup d'état fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon. Aidés par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, les deux valeureux guerriers vont venir en aide la princesse.

Mais comme dans les albums, le film est truffé de références à des classiques du cinéma: Il était une fois en Amérique, Rambo, La Chèvre ou encore Les Bronzés font du ski. "C'était des trucs à l'écriture qui me faisaient marrer", confie Canet. "C'étaient des clins d'œil au cinéma qui m'intéressait quand j'étais gamin." Il a aussi glissé des détails anachroniques, indispensables à tout bon Astérix, comme une reprise italienne des Mots bleus de Christophe.

"Jamais fait avec méchanceté"

Guillaume Canet ne redoute pas la réception des nombreuses blagues du film sur les Chinois (un des personnages s'appelle Tofu): "Il n'y en a pas énormément et elles sont dans la bouche de César. C'est dans son caractère. C'est quelqu'un qui méprise. Je n'ai pas cette inquiétude-là parce que ça fait partie de la BD Astérix. À chaque fois qu'ils voyagent dans les albums, il y a des jeux de mots sur les coutumes et tout ça n'est jamais fait avec méchanceté."

Le réalisateur confie avoir posé la question aux comédiens et comédiennes d'origine chinoise du film. "J'étais inquiet", confie Canet. "J'ai demandé à Julie Chen [qui incarne la princesse, NDLR] si elle trouvait qu'il y avait des scènes qui pouvaient être un peu trop et elle m'a rassuré là-dessus. Elle m'a dit, 'pas du tout, c'est hyper drôle'. Je ne pense pas franchement que les blagues qu'il y a sont à relever comme des blagues désobligeantes ou manquant de respect."

"Je l'aime vraiment ce film"

À quelques jours de la sortie, Guillaume Canet est de plus en plus anxieux. "Jusqu'à présent, je n'appréhendais pas la sortie, parce que j'étais la tête dans le guidon depuis 4 ans. J'étais un peu dans l'insouciance. Maintenant que ça s'est arrêté, que je rencontre la presse, ça devient concret." Quoiqu'il arrive, il est fier: "Je l'aime vraiment ce film."

Au cours des derniers mois, il a multiplié les projections tests pour vérifier que le film fonctionnait. C'est la première fois qu'il a recours à ce procédé venu des Etats-Unis et que la "Bande à Fifi" pratique depuis des années. "C'était très intéressant, parce qu'on voyait ce qui marchait, ce qui marchait moins, pourquoi ça marchait moins. J'ai pu retravailler le scénario, le montage". Deux scènes ont sauté au cours de ce processus.

"J'ai vraiment tout fait pour que le film soit le plus réussi possible", insiste Guillaume Canet. "J'aimerais que ça fonctionne. J'aimerais que ça fonctionne déjà pour les 1000 personnes qui ont travaillé dessus et qui ont mis toute leur passion, tout leur talent dans le film. J'aimerais que ces quatre ans de travail n'aient pas servi à rien."

La pression qui pèse sur Astérix et Obélix: L'Empire du milieu est énorme. La superproduction a pour ambition de faire revenir en masse les spectateurs dans les salles après trois années de pandémie. "Je suis bien conscient que ce film est très attendu aussi par le métier. C'est très important que le cinéma reparte, que des films comme ça puissent générer un engouement et donner envie aux gens de retourner au cinéma."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV