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Festival de Cannes

Le Grand soir : Kervern et Delépine, apôtres du "hors-la-norme" à Cannes

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Pour leur "grand soir", Gustave Kervern et Benoît Delépine aidés de Benoît Poelevoorde et Albert Dupontel, les deux réalisateurs ont saccagé le comptoir contre lequel cinéastes et acteurs prennent la pose. Louise Ekland a rencontré l'équipe du film.

Une entrée en matière potach, vite pardonnée par la direction du Festival,, pour résumer Le Grand Soir, nouveau long-métrage du duo déjanté que forment Kervern et Delépine révélés par Groland (Canal+).

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En sélection officielle dans la sélection Un Certain Regard, Le Grand soir, film résolument punk, prône le "hors-la-norme" dans un éloge déjanté de la révolution, rythmé par les rocks revendicatifs des Wampas.

En "plus vieux punk à chien d'Europe", Benoît Poelevoorde livre une composition épatante: le fils aîné, SDF et antisocial assumé des Bonzini, gérants d'un restaurant rapide, "La Pataterie", dans une désespérante zone commerciale.

Leur deuxième fils, Jean-Pierre (Albert Dupontel) a choisi la "norme" et la vie conventionnelle de vendeur à la commission dans un magasin de literie. La crise est là, les matelas ne font ni recette ni salaire: un beau jour, le fils idéal est licencié.

Les deux frères que tout séparait, se retrouvent et deviennent copains de galère, crête iroquoise en signe de reconnaissance. Dans ce road movie en cercle fermé réunissant le centre commercial et la zone pavillonnaire tout aussi déprimante, le premier entraîne le second en totale "punk attitude".

"Tu aurais dû nous prévenir: c'est dur la vie !", lance un des fils aux parents qui, loin d'être épargnés par la crise, finiront par les rejoindre pour faire la révolution à leur manière dans le parking abandonné d'une grande enseigne de bricolage.

Gustave Kervern et Benoît Delépine s'offrent un casting sur mesures pour leur cinquième film, après le joli succès de "Mammuth" (2010): Gérard Depardieu joue un improbable et fumeux voyant qui prédit l'avenir dans l'alcool de riz, tandis que l'inclassable et très baroque Brigitte Fontaine est désopilante en marâtre lunaire.

"On voulait faire un film sur un journaliste de province qui part à New York enquêter sur le 11 septembre. On s'est aperçu que ça allait trop faire +Théorie du complot+. On est parti sur autre chose, la mythologie grecque à Montpellier avec un Diogène moderne, le punk à chien, quelqu'un qui laisse tout tomber pour vivre dans un tonneau", explique Gustave Kervern.

"Ce qui est intéressant, c'est que chacun des personnages du film fait sa révolution, y compris les parents (...) Le punk, ce n'était pas seulement la musique mais un rejet de la société de consommation, sans le côté +baba cool+", renchérit Benoît Delépine.

Kervern et Delépine ont gagné leur pari: ce film sur les laissés-pour-compte de la société, traité comme une franche comédie, a été applaudi cinq bonnes minutes en projection de presse.