BFMTV
Festival de Cannes

Cannes: "Je ne suis pas un héros", scande Vincent Lindon

Vincent Lindon au palais des festivals à Cannes, le 24 mais.

Vincent Lindon au palais des festivals à Cannes, le 24 mais. - Valery Hache - AFP

Le Français Vincent Lindon a reçu dimanche soir le prix d'interprétation masculine du festival de Cannes pour son rôle dans La Loi du Marché. Une consécration pour cet acteur abonné aux films de société.

Cannes, le palais des Festival. Il est 19h50. Vincent Lindon se lève de son siège, sous des applaudissement nourris et un public debout, il vient de remporter le prix d'interprétation masculine pour son rôle dans le film de société de Stéphane Brizé, La Loi du Marché. Emu, les larmes vont rapidement monter. "C'est la première fois de ma vie que je reçois un prix", lance alors l'acteur.

Difficile à croire. Et pourtant, l'acteur à la filmographie abondante n'a jamais été consacrée par ses pairs. Se glissant avec la même aisance dans la peau d'un brave type ordinaire ou d'un voyou, l'acteur de 55 ans, au caractère impétueux et inquiet, est secoué de tics. Malgré cette capacité à incarner tous ses personnages de manière naturelle, cinq fois nommé pour le César du meilleur acteur, il ne l'a jamais emporté.

"Un acte politique"

Dans La Loi du Marché, il incarne Thierry, un chômeur de longue durée, enchaînant entretiens humiliants ou stages inadaptés, jusqu'au jour où il est embauché comme vigile. Il sera livré à un véritable dilemme moral quand on lui demande d'espionner ses collègues. Ce prix est "un acte politique", a lancé Vincent Lindon lors de son discours de remerciement, saluant le choix de Thierry Frémaux et Pierre Lescure de sélectionner La Loi du Marché.

"C’est très important pour ce film", confie-t-il à BFMTV. "J’aime tous les films, tous les cinémas mais c’est vrai que de temps en temps c’est agréable de porter les habits et la cuirasse des gens qui nous entourent et d’essayer de changer un tout petit peu, non pas le monde car c’est un grand mot, mais la culture est importante pour éveiller les esprits", poursuit l'acteur. 

Un acteur sensible aux films à la veine sociale

Co-producteur du long-métrage, c'est la seconde fois que Vincent Lindon collaborait avec Stéphane Brizé. "C'est mon réalisateur mais je vous le prête...", a-t-il déclaré en larmes après avoir reçu son prix. "C’est vraiment quelqu’un que j’admire. A chaque fois, il fait sortir des choses de moi, que même moi j’ignorais", poursuit l'acteur.

Une confiance aveugle entre les deux hommes puisque Vincent Lindon a fait le choix de reverser son cachet pour ce film. "Je trouvais que c'était normal pour jouer un personnage comme ça et pour une fois ce sont les étoiles, les stars qui font un effort et qu'on change le sens des choses, détaille l'acteur.

"Je ne suis pas un héros", poursuit-il.

Pourtant Vincent Lindon aime les rôles de héros, pas les super-héros mais ceux qui avec rien tentent de s'en sortir. Il a joué dans une soixantaine de films, oeuvres à résonance sociale, polars, comédies ou films d'auteurs. Il a été dirigé par Claude Lelouch, Diane Kurys, Claire Denis, Benoît Jacquot, Coline Serreau ou Pierre Jolivet. Mais souvent le social lui colle à la peau. Pour Pierre Jolivet, en 1999, il incarne un artisan prêt à tout pour sauver sa petite entreprise. En 2008, dans Welcome, il campe un maitre-nageur à Calais confronté à l'immigration clandestine. "Même si c'est une goutte d'eau (...) dans une goutte d'eau, il y a l'océan aussi", confie-t-il.

"C'est ma toute petite contribution", reconnait Vincent Lindon, qui aimerait que notamment "les politiques" fassent de même.

J.C.