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Cinéma

"Dans la peau de Blanche Houellebecq", la comédie improbable avec Blanche Gardin et Michel Houellebecq

Michel Houellebecq et Blanche Gardin dans le film "Dans la peau de Blanche Houellebecq" de Guillaume Nicloux

Michel Houellebecq et Blanche Gardin dans le film "Dans la peau de Blanche Houellebecq" de Guillaume Nicloux - Copyright Bac Films

L'humoriste et le romancier sont les têtes d'affiche à partir de mercredi 13 mars d'une comédie où ils s'amusent à brouiller leur image publique.

C'est sans aucun doute le film le plus surprenant en salles cette semaine. Réalisé par Guillaume Nicloux, Dans la peau de Blanche Houellebecq est une comédie décapante mettant en scène les déambulations de l'écrivain Michel Houellebecq et de l'humoriste Blanche Gardin en Guadeloupe dans un concours de sosies consacré l'auteur.

Ce film en partie improvisé est né de l'envie de réunir à l'écran deux personnalités aussi opposées que Michel Houellebecq et Blanche Gardin. "Je trouve intéressant de confronter des univers a priori totalement éloignés et de s'apercevoir finalement qu'il existe un terrain d'entente dans l'amitié et dans l'intimité", confie Guillaume Nicloux.

"Les pôles les plus éloignés m'intéressent", complète le cinéaste, qui a longtemps rêvé d'adapter Soumission de Houellebecq. "Quelque chose les éloigne et en même temps même s'ils n'ont pas les mêmes opinions politiques et les mêmes croyances, ils ont un terrain d'entente. Une forme de liberté d'expression, de courage."

Admiration artistique réciproque

Les deux ne se connaissaient pas mais s'appréciaient de loin. "Je savais qu'il y avait une admiration artistique réciproque. Au-delà de ça, on se lançait dans l'inconnu. (On ne savait pas) comment allait s'opérer l'alchimie entre les deux. On misait sur l'instinct, l'envie, le désir."

Guillaume Nicloux a voulu reproduire l'expérience de L’Enlèvement de Michel Houellebecq (2014) et Thalasso (2019), deux comédies décalées où le célèbre écrivain français s'amusait déjà à brouiller son image. "Je veux entretenir le trouble permanent entre le fantasme qu'on a d'eux, qui ils sont réellement et ce qu'ils ont envie de livrer."

"On invente ce que pourrait être Michel ou Blanche", précise encore Guillaume Nicloux. "Ils ont tous les loisirs de mentir parce qu’ils jouent dans un film de fiction ou de dire la vérité puisqu'ils endossent aussi un costume de fiction tout en jouant leur propre rôle. Ils ont la possibilité de mentir et de dire ce qu'ils pensent. Ces films sont atypiques pour cette raison."

Honni et diabolisé

Dans la peau de Blanche Houellebecq évoque ainsi la polémique survenue en janvier 2023 après la publication d'une interview croisée entre Michel Houellebecq et Michel Onfray dans la revue Front Populaire. Dans ce texte, le romancier y présentait les musulmans comme une menace pour la sécurité des Français non musulmans.

"On a commencé le tournage début janvier (2023) alors que Michel était pressenti quelques mois auparavant dans la shortlist du prix Nobel. Puis suite à cet entretien, il a été d'un seul coup totalement honni et diabolisé. On s'est appuyé sur ce bagage pour lui permettre de s'expliquer ou d'échanger par le biais de l'humour sur ce sujet."

Michel Houellebecq ne souhaitait pas répondre dans un premier temps à la polémique à travers ce film, précise cependant le réalisateur: "C'était plutôt une envie de notre part avec Blanche pour que chacun puisse réagir." Car ce film, comme les précédents mettant en scène Houellebecq, "reposent sur une confiance réciproque".

Rire libérateur

"C'est vraiment la condition obligatoire pour se lancer dans une aventure où l'on sait que le tournage compte autant que tout ce qui se passe en dehors du tournage", complète Guillaume Nicloux. "En tournant (chronologiquement), on a tout le loisir de se servir des liens personnels que l'on tisse pour nourrir au maximum la fiction."

Dans la peau de Blanche Houellebecq s'ouvre ainsi sur une citation de la poétesse guadeloupéenne Maryse Condé: "Le rire est le premier pas vers la libération. On commence par rire. On rit donc on se libère. On se libère donc on peut combattre". Une citation qui donne le ton de ce film inclassable, conclut le réalisateur:

"Maryse Condé, fer de lance indépendantiste de la Guadeloupe, explique que le rire peut être le point de départ pour combattre les idées, pour se sentir vivant. Ces films-là (avec Houellebecq) sont des satires qui n'hésitent pas à se moquer avec bienveillance (de notre société) mais toujours dans un but de faire réfléchir."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV