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Comment Michaël Youn renoue avec l'esprit du "Morning Live" dans sa nouvelle comédie "BDE"

Le trublion du Morning Live revient sur Prime Video avec une nouvelle comédie déjantée où des quadras et des étudiants mettent à feu et à sang une station de ski.

Michaël Youn est de retour ce vendredi 24 février sur Prime Video avec son quatrième film en tant que réalisateur, BDE. Une comédie potache "adressée aux 25-35 ans" où il renoue avec l'esprit irrévérencieux du Morning Live et des Onze Commandements. Et où l'on croise des gitans psychopathes, des bikers kleptomanes et un ours en folie.

BDE suit Bob, Max, Vinz et Romane, quatre amis qui se retrouvent tous les ans pour un week-end de fête. Cette année, direction Val Thorens, dans le magnifique chalet que Bob a emprunté à son beau-père sans lui dire. Sur place, ils se lient à des étudiants enragés et vont partir dans une nuit de folie et mettre la station à feu et à sang.

"Ce qui se passe dans le film peut être vraisemblable. Je voulais que ce soit relié à une certaine réalité", explique à BFMTV l'acteur-réalisateur, qui a tourné BDE dans des "conditions extrêmes": "Tout le monde est tombé malade, on a eu une trentaine de cas de grippe dans l'équipe, il faisait très froid."

"J'ai été plus dingue qu'eux"

Dans son précédent film, Divorce Club, Michaël Youn filmait pendant quinze minutes mémorables le pétage de plomb du héros incarné par Arnaud Ducret. Complètement saoul, il insultait et détruisait tout sur son passage. Michaël Youn a voulu étirer ce concept sur tout un film. "C'était la partie que je préférais dans Divorce Club", confie-t-il.

L'idée de suivre les frasques d'un BDE est une vieille idée inspirée par ses années au Sup de Co Nice dans les années 1990 - et par l'angoisse de se rendre aux journées portes ouvertes de son ancienne école. "Si je me retrouve face à un étudiant aussi dingue que moi qui me provoque, comment est-ce que ça va partir?"

C'est grâce au BDE de son école, "pendant un bizutage", que sa personnalité outrancière est née: "Je me suis rendu compte que ça n’allait pas bien se passer pour moi si je restais un garçon effacé. J'ai crié plus fort que toute la promo qui me bizutait, j'ai été plus dingue qu'eux et je suis devenu le patron, en quelque sorte." Et de préciser:

"J'ai une personnalité forte qui peut s'accommoder avec ça, mais je comprends qu’on ait interdit les bizutages dans les écoles, parce que ça peut faire souffrir et annihiler des ambitions. Le bizutage m'a permis de devenir qui je suis, mais ce n'est pas pour ça que je pense que les bizutages sont nécessaires."

Généreux membre

BDE a été conçu à l'origine pour le cinéma. "Il a d'abord été financé par le cinéma, puis on a demandé à Prime de s'associer. Ils nous ont proposé beaucoup d'argent. Ça a créé un souci avec une autre chaîne qui s'était engagé et nous a laissé tomber. Prime est arrivé en proposant de s'occuper de tout. On a financé le film comme ça."

Dans les gags, Michaël Youn est allé plus loin que ce qu'il avait fait jusqu'à présent dans ses précédents films. Comme dans les comédies potaches américaines qu'il affectionne, la nudité masculine est montrée frontalement, et de manière exagérée, notamment dans une scène avec Rayane Bensetti.

"Quand on voit ça dans des films américains, on se dit toujours qu'on ne le fait jamais en France. Mais si on peut!", s'exclame l'acteur-réalisateur. "C'était aussi l'ADN de ce film. On ne peut pas parler des étudiants aujourd’hui sans parler de sexualité, de drogues, d’alcool."

"On a détruit une résidence étudiante"

Certaines scènes ont néanmoins fait l'objet de débats chez Prime Video. "C'est quand même une société américaine où il y a beaucoup de reporting", précise Michaël Youn. "La nudité masculine a été le sujet de discussion, ce qui est assez fou. Le sexe d’un homme est apparemment plus sexué qu'une paire de fesses d'une femme."

La séquence finale, finalement coupée, montrait le personnage de Michaël Youn entièrement nu, accroché à la proue d'un bateau. "Il y a eu un débat", se souvient-il. "Cette fin était belle, mais elle avait l'inconvénient de durer cinq minutes. On avait en plus déjà ri à une blague de quéquette. C'était un peu trop. Et ce n'était pas hilarant."

Un autre détail a inquiété la plateforme, qui diffuse le film dans 240 pays: une scène où le personnage incarné par Michaël Youn - sous influence - imite Adolf Hitler. "Ils m'ont dit que ce serait peut-être un peu compliqué en Allemagne ou en Israël. Je ne sais pas. Je m'en fous un peu. On ne s'en sort pas sinon."

Certains gags sont directement inspirés par ses années étudiantes. "On a détruit une résidence étudiante, on l'a noyé. On a aussi fait des descentes en matelas de protection de pylônes. On s’est tapé un canon à neige. Trois étudiants ont terminé à l’hôpital." Seul écart avec la réalité: Michaël Youn joue pour une fois le rôle du clown blanc.

"J’ai envie de faire d’autres choses"

Avec BDE, Michaël Youn assure faire ses adieux au comique outrancier qui a été sa marque de fabrique pendant 30 ans: "J'avais envie de terminer le triptyque sur le chaos commencé avec Morning Live et Les Onze commandements. J’avais envie d'aller au bout de cette histoire d’amour entre moi et la destruction."

Il aspire désormais à "faire d'autres choses". Il aimerait faire une comédie musicale, a écrit un film sur les coulisses des bateaux de croisières et développe une comédie préhistorique avec Arnaud Ducret. À l'origine une adaptation de la BD Rahan ("on a perdu les droits", précise-t-il), ce sera "un film qui n'a jamais été fait", promet-il.

Son projet le plus concret est pour l'heure une nouvelle adaptation de L'Homme invisible. Il tournera en novembre cette "comédie très familiale" où un acteur obnubilé par son image et les réseaux sociaux, déçoit une fois de trop sa fille, qui va lui jeter un sort. Le film de la sincérité pour ce disciple du chaos.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV