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Clovis Cornillac dans un film sur la précarité des vétérinaires: "Le dernier lien social, c’est le véto"

Clovis Cornillac dans Les Vétos.

Clovis Cornillac dans Les Vétos. - Copyright Les Films du 24 - France 3 Cinéma

Clovis Cornillac est à l'affiche des Vétos, un film à la fois tendre et dur, sur les difficiles conditions de travail des vétérinaires dans les campagnes.

Après le succès d'Au Nom de la Terre (deux millions d'entrées), le cinéma français poursuit son exploration du milieu agricole et paysan. Clovis Cornillac sera le 1er janvier à l'affiche des Vétos, une comédie dramatique qui éclaire les conditions de travail des vétérinaires dans les campagnes.

Un film tendre et dur à la fois, dans lequel le comédien partage la vedette avec Noémie Schmidt, star du film Netflix Paris est à nous. Voici le synopsis des Vétos:

"Au cœur du Morvan, Nico, dernier vétérinaire du coin, se démène pour sauver ses patients, sa clinique et sa famille. Quand Michel, son associé et mentor, lui annonce son départ à la retraite, Nico sait que le plus dur est à venir. Tout change lorsqu'il rencontre Alexandra, une jeune diplômée..."

A l'occasion de la sortie des Vétos, le 1er janvier, Clovis Cornillac évoque pour BFMTV son nouveau film, raconte les difficiles conditions de travail des vétérinaires et revient sur sa carrière. 

Les Vétos évoque sans fard les difficiles conditions de travail des vétérinaires et la précarité dans les campagnes. Votre personnage refuse notamment de faire payer le vrai prix des consultations pour aider ses clients…

C’est le paradoxe auquel les vétérinaires sont confrontés. Ce sont des choses que j’ai vues tous les jours en travaillant avant le tournage du film avec les vétos dans les campagnes. Les vétos sont dans un rapport complexe au monde, parce qu’ils doivent soigner, aider, trouver des solutions et en même temps ils sont confrontés à la misère réelle des éleveurs. 

Qu’est-ce qui vous a marqué dans ces rencontres?

On en parle un peu moins dans le film, mais j’ai croisé des gens isolés, abandonnés dans des villages. Des personnes âgées pour qui les animaux sont des projections de leur vie et qui sont en souffrance. Plus personne ne vient les voir. On a rencontré par exemple cette vieille dame qui a un vieux chien. Il faudrait l'euthanasier, ce chien, mais on ne le fera pas, parce c’est comme si on tuait cette dame. Le dernier lien social, c’est le véto. C’est le constat réel, dur, du film.

Le film est aussi assez tendre…

C’est sa force. Il arrive à évoquer tout cela sans l’édulcorer et en gardant la lumière. Il y a quelque chose d’extrêmement positif dans ce film. Véto, c’est un métier de passion. La récompense, c’est le partage, pouvoir sauver. Et il y a aussi l’humour de ces gens. Tous les vétos que j’ai rencontrés déconnent. C’est le bouclier contre la dépression. Ils ont cette force de s’amuser. Le film rend avec justesse ce que j'ai vu. Il met en perspective cette ambivalence entre l’épuisement, la difficulté réelle de ces gens et leur force de vie.
Carole Franck, Clovis Cornillac et Noémie Schmidt dans Les Vétos
Carole Franck, Clovis Cornillac et Noémie Schmidt dans Les Vétos © UGC

Vous présentez le film depuis plusieurs semaines dans toute la France. Les réactions du public sont dithyrambiques…

C’est très chouette, ce qui se passe. C’est un film qui est tout, sauf prétentieux. Il est gracieux. Il est d’une simplicité qui confine à l’épure et traverse l’écran. Les gens s’emparent du film comme s’ils jouaient dedans. C’est formidable d’en être témoin. Faire du cinéma, c’est partager. 

Les Vétos est aussi une histoire de transmission. Vous-même avez travaillé avec des monstres sacrés comme Pierre Richard, Gérard Depardieu ou encore Christian Clavier qui ont dû vous apprendre beaucoup de choses. Etiez-vous dans une démarche similaire avec Noémie Schmidt sur Les Vétos?

Ça ne fonctionne pas de cette manière-là. Tu obtiens de l’expérience en pratiquant, pas tellement en écoutant l’expérience des autres. Ce qui est intéressant, c’est ce qui est sur le côté. J’ai travaillé avec de grands acteurs de théâtre qui m’ont appris comment gérer sa vie pendant les tournées… Comme on ne sait jamais ce que l’autre est en train de vivre, sa propre expérience n’a d'intérêt à être partagé qu’au détour de la conversation, sans jamais livrer le soupçon d’une leçon. Ce qui serait prétentieux. L’expérience que j’ai eue avec Christian, par exemple, était différente. Il abordait un genre de film [le thriller politique, avec La Sainte Victoire, NDLR] où il n’était pas dans le confort. Il était déstabilisé. Il était très en demande. On a eu un super rapport. Je l’ai trouvé fabuleux dans ce film-là. C’était un rôle compliqué qu’il a magnifiquement joué.

Votre personnage dans Les Vétos est assez bourru. C’est un trait de caractère que l’on retrouve souvent dans vos rôles. Au milieu des années 2000, vous avez été le héros de plusieurs films de genre comme Scorpion et Eden Log avant de vous consacrer pleinement à la comédie… 

En fait, tout a été en même temps. J’ai fait Astérix quand j’ai fait Eden Log, par exemple. C’est les projets qui m’interpellent. Je suis très éclectique dans mes goûts. Je suis très bordélique. Les choses me touchent ou pas. 

Quels souvenirs avez-vous d’Astérix aux Jeux Olympiques?

Un super souvenir - pas du film en lui-même, on n’a pas réussi à faire un bon film -, mais du tournage. Pendant six mois, j’ai été en contact avec des acteurs aux natures différentes, des décors déments... Faire une course de chars, ce n’est pas donné à tout le monde. C’est une expérience folle. Jouer un personnage de dessin m’a aussi beaucoup intéressé. J'ai adopté une manière différente de bouger. J'avais les jambes arquées pendant tout le film. J'avais une manière particulière de tenir la tête. Je me suis beaucoup inspiré de la manière dont Astérix est dessiné [par Uderzo]. 

C’était la même méthode pour jouer Marius dans Brice de Nice?

C’était pareil, sauf que j’ai inventé de toutes pièces ce personnage. Comme Brice de Nice vient d’un milieu aisé et qu’il est méchant avec les gens, j'ai proposé de faire l’opposé: un personnage qui vient de la rue, qui ne maîtrise par le langage et qui est moche. Tout est parti d’improvisation avec Jean [Dujardin] et James [Huth, le réalisateur de Brice de Nice].

Vous avez aussi joué dans Radiostars, qui est désormais considéré comme une des meilleures comédies françaises des années 2010…

C’est chouette pour Romain [Lévy, le réalisateur]. C’était son premier film. Il s’est passé quelque chose avec ce film. Il n’a pas rencontré autant le public que ce que j’aurais cru. Quand j’ai vu le film, je me suis dit qu’il y avait un truc générationnel… Ceux qui l'ont vu, c’est vrai qu’ils en parlent. Ce n’est pas culte, mais ils se reconnaissent entre eux. Il y a un truc très frais dans ce film. Comme Les Vétos, ce n’est pas un film prétentieux. Il y a une sympathie envers ces personnages de loosers qui est chouette. Et c’est si drôle!
Jérôme Lachasse