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"Ça tourne souvent très mal": "Heureux gagnants" la comédie qui se moque des gagnants du loto

Cette comédie noire, en salles depuis le mercredi 13 mars, suit le destin tragicomique de gagnants du loto dont la vie va être chamboulée après qu'ils ont remporté le gros lot.

Gagner au loto est une malédiction. C'est le message de Heureux gagnants, comédie noire avec Fabrice Eboué et Audrey Lamy en salles depuis le mercredi 13 mars. Réalisé par Maxime Govare et Romain Choay (Les Crevettes pailletées), ce film à sketches récompensé au festival de l'Alpe d'Huez suit le destin tragicomique de gagnants du loto aux profils variés: une famille dysfonctionnelle, des terroristes islamistes...

"C'est un peu une radiographie de la France aujourd’hui. Le loto est un sujet génial de comédie mais toujours mis en scène dans des films premier degré assez joyeux et un peu déconnectés (du réel)", détaille auprès de BFMTV Maxime Govare.

"Quand on lit les statistiques, on se rend compte que ça tourne souvent très mal: les trois quart des gens qui gagnent sont ruinés, leurs femmes se barrent, les enfants se battent."

Dans Heureux gagnants, les personnages connaissent des destins autrement plus dramatiques. Le loto ne provoque aucun divorce mais plutôt d'atroces souffrances: cancer, accident de la route, explosion... "On voulait faire un film coup de poing", commente Romain Choay, qui a souhaité adapter à un contexte français l'audace des Nouveaux sauvages, comédie noire de 2014 sur la crise de la société argentine.

Surprendre

Le format du film à sketchs leur a permis d'éviter "des schémas d'histoires très classiques où il fallait terminer absolument avec un happy ending", renchérit Maxime Govare. "Il fallait au contraire que ça ressemble à des montagnes russes", glisse son complice. "On voulait que ça monte en intensité, en rire et en folie."

Dès les premières minutes, le public est embarqué dans un sketch délirant où Fabrice Eboué se livre à une course-poursuite avec la police pour se rendre à la Française des jeux et récupérer son gain. Un choix risqué: si le sketch a été accueilli par un tonnerre d'applaudissements et de rires au festival de l'Alpe d'Huez, comment faire pour maintenir tout au long du film ce niveau d'exigence?

"On veut que les gens aient peur de ça en regardant le film. On veut qu'ils aient peur que le film n'aille pas assez loin", répond Maxime Govare. "On a tout fait pour fabriquer cette peur pour pouvoir les surprendre au fil du film."

Sketch osé

Un autre sketch - le plus osé du film - met ainsi en scène des terroristes islamistes décrochant le gros lot. "Ça exigeait de nous une vraie forme de vigilance sur ce qui est drôle et intelligent", note Maxime Govare. "Sinon ça peut devenir totalement autre chose." À l'Alpe d'Huez, le public n'a pas osé rire face à ce sketch. "Ils sont très tendus pendant tout le film sauf à sa résolution", s'amuse Romain Choay.

"Ce rire-là, un peu interdit, nous manque. Il est cathartique. Ce segment est l'un des premiers qu'on ait écrit. On s'est dit que c'était le ton du film. Le ton du film, c’est de mettre des individus dans une situation impossible et après de les voir se dépatouiller. On s’est dit que c’était un peu osé (ce sketch avec les terroristes, NDLR) mais que le public comprendrait notre démarche."

Prime à la singularité

Heureux gagnants a trouvé un bon ambassadeur en Fabrice Eboué. "Avec ses stand-ups et ses films, Fabrice incarne la comédie intelligente et méchante et noire", glisse Maxime Govare. "Pour parler de sujets sérieux par le biais de la comédie, il faut s'entourer d'interprètes de qualité." Et d'un collaborateur de taille: le studio Warner Bros., qui a produit Heureux gagnants.

"C’est génial de pouvoir travailler avec un studio américain qui a le courage de produire des films comme ça en France", se réjouit Maxime Govare. "Ça fait que le film est extrêmement singulier. Il propose un humour inédit pour que l'expérience du public en salles soit la plus forte."

Une manière pour eux de se singulariser à une ère de surproduction. "Il y a tellement de films qui sortent aujourd’hui que notre point de vue est la prime à la singularité", insiste Maxime Govare. "On sait aussi qu'il y a tout un public pour l'humour un peu méchant et la comédie noire qui ne se retrouve pas dans les comédies classiques."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV