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Cinéma

"Bonne conduite": comment le nouveau film de Laure Calamy veut casser les codes de la comédie

Détail de l'affiche de "Bonne conduite"

Détail de l'affiche de "Bonne conduite" - Pan-Européenne

Le réalisateur Jonathan Barré, le réalisateur des sketchs et des films du Palmashow, enrôle la star de 10 pour cent pour une comédie noire, comme la France arrive à en produire.

Si le cinéma français adore les comédies, il a peur de les rendre transgressives. Les farces flirtant avec l'horreur et le thriller, pourtant courantes aux Etats-Unis et en Corée, restent assez rares dans nos contrées.

Avec Bonne conduite, en salles ce mercredi, où une formatrice de stage en récupération de points (Laure Calamy) se transforme en tueuse de chauffards, Jonathan Barré, le réalisateur des sketchs et des films du Palmashow, tente de mettre fin à ce malentendu.

Aucune limite

Dans ce nouveau projet, Jonathan Barré ne s'est donc imposé aucune limite, afin de proposer une comédie qui casse les codes du genre.

"Les films, plus personne ne va les voir. Autant tenter des trucs! Amusons-nous! Ce n'est pas la peine de refaire tout le temps pareil", assure-t-il.

"J'ai donc tout mis, je ne me suis pas censuré. Je préfère me planter avec de la classe, avec un peu de panache", explique-t-il, avant d'ajouter: "On a eu énormément de mal à financer le film. Tout le monde nous a dit non. On a mis deux ans. On me disait, il y a des morts, donc ce n'est pas une comédie."

"À cause du succès de Philippe Lacheau, les producteurs ne veulent plus que ce style très burlesque", explique le réalisateur.

"Quand ils voient un personnage tomber, ils trouvent ça marrant. Rien que dans les bandes-annonces, ils ne mettent que les moments comme ça." De quoi créer un décalage entre le film et sa réception, et détourner le public d'une proposition singulière comme Bonne conduite.

Grégoire Ludig et David Marsais dans "Bonne conduite"
Grégoire Ludig et David Marsais dans "Bonne conduite" © Pan-Européenne

Il faut dire que Bonne conduite propose un humour particulièrement morbide: le personnage de Laure Calamy a tapissé les murs de son appartement de photos de son mari mort (Thomas Ngijol) afin de pouvoir continuer à lui parler. "Tout le monde - ma femme, mon producteur - m'a demandé, 'le coup des photos, tu es sûr?' C'était presque gênant et c'est l'un des trucs les plus drôles du film", se souvient Jonathan Barré.

La réussite d'un tel film repose aussi sur un casting capable d'exceller à la fois en drame et en comédie. Selon Jonathan Barré, seule Laure Calamy avait cette capacité. "Sur le tournage des Vedettes, je l'ai vue en même temps dans Seules des bêtes et dans La Flamme. C'était une évidence. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi bon dans les deux registres. Ses proches ont cru que j'avais écrit spécialement pour elle."

Visuellement aussi, Bonne conduite se distingue du tout-venant de la comédie. Avec son image très stylisée, semblable à celle de Drive, le film n'hésite jamais à multiplier les contrastes et les clairs-obscurs. "Les techniciens étaient très surpris. On ne leur demande jamais ça en comédie. Il y avait sur un côté ludique, expérimental. On faisait des choses qu'on n'avait pas l'habitude de faire en comédie. Tout le monde a kiffé."

Laure Calamy dans "Bonne conduite"
Laure Calamy dans "Bonne conduite" © Pan-Européenne

Avec Bonne conduite, Jonathan Barré espère relancer la tradition française des comédies policières. "Avant, il y avait davantage de comédies de genre. Les Ripoux, c'était cultissime quand j'étais gamin! Les films policiers cartonnent. Les comédies aussi. Pourquoi est-ce qu'il n'y a pas plus de comédies policières en France?" La sortie de Bonne conduite, puis du délirant 38°5 quai des orfèvres, le 21 juin, devrait faire bouger les lignes.

Jonathan Barré reste cependant lucide sur le succès potentiel de comédies aussi noires que Bonne conduite : "C'est comme Albert Dupontel, qui a rencontré le succès sur le tard avec ses réalisations. Il faut que les gens aient compris le style. Ça met du temps." Son objectif, désormais, avec ou sans le duo du Palmashow est de poursuivre dans cette voie et de "parodier les codes ou de les détourner."

Après une adaptation avortée de la BD Ces jours qui disparaissent de Timothé Le Boucher, Jonathan Barré planche avec Romain Lévy, le réalisateur de Radiostars et de Gangsterdam, sur une comédie de zombies intitulée Club Dead. Il développe aussi un autre projet atypique: un film historique dans la lignée de Sleepy Hollow, présenté comme une enquête sur la mort de gardiens de phares en Bretagne.

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV