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Cinéma

10 raisons d'aller voir "Le vent se lève" de Hayao Miyazaki

Image du long-métrage "Le vent se lève", de Hayao Miyazaki.

Image du long-métrage "Le vent se lève", de Hayao Miyazaki. - -

Le dernier long-métrage du maître de l'animation japonais sort mercredi en salles. Voici pourquoi il faut courir le voir.

Une fois encore, Hayao Miyazaki a revêtu son tablier blanc, celui qu'il porte lors de ses rencontres avec les journalistes. Une fois encore, il a expliqué pourquoi cette fois c'est sûr, il arrête. Si tant est qu'arrêter ait un sens, pour celui qui ne peut se passer de dessiner.

Le vent se lève raconte l'épopée de Jiro Horikoshi, l'inventeur des Zero, les avions de chasse japonais redoutablement performants pendant la Seconde guerre mondiale; le maître de l'animation japonaise le présente comme son dernier long métrage, visible dans les salles françaises dès le 22 janvier. L'occasion de se plonger une ultime fois dans l'univers si particulier de Miyazaki, et d'en apprendre un peu plus sur l'histoire du Japon. Voici dix (bonnes) raisons pour aller le voir.

> Parce que c'est son dernier long-métrage

"Je n’ai plus l’âge de faire un long métrage!", lance Miyazaki dans un rire. Des problème de vue -c'est un grand myope- et de main, le handicapent en effet et ralentissent son travail. Mais il ne se destine pas exactement à une retraite oisive. Il rêve ainsi de "dessiner des mangas pour [son] plaisir", mais aussi de "réaliser des courts-métrages pour le musée Ghibli", "dessiner les expo temporaires du musée". Et puis "je voudrais avoir le temps de faire de longues marches", confie-t-il.

Interrogé sur la raison pour laquelle Isao Takahata, cofondateur du studio Ghibli avec lui, et réalisateur du Tombeau des lucioles, ne prend pas sa retraite, Miyazaki répond malicieusement: "Il n'aime pas trop marcher".

> Parce qu'il a failli ne pas voir le jour

Ponyo sur la falaise, sorti en 2008, évoquait un tsunami. Mais c’est pendant la réalisation du Vent se lève, en mars 2011, qu’est survenue la catastrophe de Fukushima. Des employés du studio Ghibli ont même dû camper plusieurs jours dans les locaux de la banlieue de Tokyo, sous le choc. Miyazaki s'est même demandé si réaliser Le vent se lève avait encore un sens, comme il l'explique dans une interview accordée à Télérama.

> Pour l'histoire qui rencontre l'Histoire

Le vent se lève est le seul de ses longs-métrages qui s'appuie sur un fait historique. Le film évoque le destin de Jiro Horikoshi, le concepteur du Zero, l'un des meilleurs appareils de la Seconde guerre mondiale.

L'aviation est un thème cher à ce grand myope qu'est Miyazaki. C'est aussi un moyen détourné de se rapprocher de son père, dont l'entreprise fabriquait l'extrémité des ailes de ces appareils. Pour lui, ce film est "une réconciliation" avec son père, comme il le confie à Télérama.

"Je me suis inspiré de l'écrivain Tatsuo Hori (poète et romancier japonais des années 20-30, auteur de Le vent se lève, NDLR) et de Jiro Horikoshi. Je n'ai pas hésité à les mélanger pour en faire un seul personnage".

> Pour mieux comprendre le Japon d'aujourd'hui

Miyazaki établit un parallèle entre le Japon des années 30 et le pays aujourd'hui, dirigé par le Premier ministre Shinzo Abe, et dont les nombreuses provocations irritent la Chine et la Corée.

D'autres similitudes rapprochent notre époque des années 30. Comme Jiro Horikoshi, qui n'avait pas mesuré les conséquences de sa création, ceux qui consomment l'électricité sans vergogne sont dans la même situation. "Les conséquences de l'exploitation des centrales n'intéressent toujours pas beaucoup de gens", déplore cet écologiste farouche.

> Parce que Miyazaki est un vrai perfectionniste

Princesse Mononoké était déjà censé être son dernier long métrage. Miyazaki est un tel perfectionniste qu'il vérifie personnellement toutes les animations-clés, et redessine souvent lui-même celles qui ne lui conviennent pas. Il est le seul à procéder de la sorte. Un travail épuisant qui lui prend de plus en plus de temps, comme il l'expliquait aux journalistes réunis le 6 septembre 2013, lors de l'annonce de sa retraite.

> Pour l'ambivalence de Miyazaki

Comme ses personnages, Miyazaki est très ambivalent. Né en 1941, l'année de Pearl Harbour, il est un pacifiste convaincu, mais il se dit fasciné par l'armement militaire et les machines de guerre.

Défendant son héros, l'ingénieur aéronautique Jiro Horikoshi, Miyazaki déclare: "Il devait savoir que son avion serait une arme de guerre, mais il n'avait pas imaginé des conséquences aussi dévastatrices (...). Il est facile d'accuser les gens, plusieurs dizaines d'années après les faits". Pour lui les ingénieurs aéronautiques de l'époque étaient "des artistes".

Ambivalent, Miyazaki l'est aussi dans son rapport aux autres. Personnage très policé et souriant, il peut être très dur. Selon ses collaborateurs, son exigence frise la tyrannie, ce qui explique, selon Le Monde, qu'il n'ait pas trouvé de successeur digne de reprendre le flambeau. Son fils Goro a ainsi dû essuyer des critiques assassines, à la sortie de son long-métrage d'animation La colline aux coquelicots.

> Pour les influences françaises du maître de l'animation

Les influences de Miyazaki sont nombreuses. Plusieurs Français l'ont ainsi inspiré. "Dans un poème de Paul Valéry, il y a les vers 'Le vent se lève! Il faut tenter de vivre!'", explique Miyazaki, qui estime: "Ces paroles sont toujours valables". Ces vers commencent la dernière strophe du célèbre poème, Le cimetière marin.

D'autres Français ont inspiré le Japonais. Des pilotes comme Mermoz et Saint-Exupéry, mais aussi le dessinateur Moebius ou encore Paul Grimault, l'auteur du film d'animation Le roi et l'oiseau, dont le travail l'a "convaincu de travailler dans l'animation".

> Pour la musique de Joe Hisaishi

Indissociable des films de Miyazaki, la musique de Joe Hisaishi accompagne chacun de ses succès depuis 1984. Les bandes originales de Nausicaä de la vallée du vent, Le chateau dans le ciel, Kiki la petite sorcière, Porco Rosso, Princesse Mononoké, Le voyage de Chihiro, Le château ambulant et Ponyo sur la falaise c'est lui. Et bien sûr celle de Mon voisin Totoro, que les petits Japonais chantent à l'école.

Ci-dessous un concert conduit par Joe Hisaishi, à l'occasion des 25 ans des studios Ghibli, en 2008.

> Parce que c'est un film pour les adultes

Si Kiki la petite sorcière ou encore Mon voisin Totoro et Ponyo sur la falaise s'adressent (entre autres) aux enfants, d'autres oeuvres de Miyazaki, comme Porco Rosso ou Princesse Mononoké sont plutôt destinés aux adultes. Le vent se lève fait partie de ceux-ci.

A l'origine de ce long-métrage, il y a une bande dessinée que Miyazaki s'était amusé à dessiner, représentant, comme il aime le faire souvent, les hommes sous la forme de cochons. Lorsqu'un producteur lui suggère d'en faire un film d'animation, il refuse, hésite, puis décide "d'essayer". "Cette BD n'est pas destinée aux enfants", précise-t-il. "Par conséquent j'étais réticent à l'idée de réaliser un film qui ne serait pas vraiment pour les enfants".

> Parce qu'il pourrait remporter un Oscar

Le vent se lève est nommé aux Oscars dans la catégorie film d'animation, face à Moi, moche et méchant 2, Les Croods, Ernest et Célestine et La reine des neiges.

Miyazaki a remporté l'Oscar en 2003 pour Le voyage de Chihiro.

Magali Rangin