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Bébé royal: un coup de jeune pour la monarchie... ou pas

La famille royale, le 16 juin 2012.

La famille royale, le 16 juin 2012. - -

La naissance du prince de Cambridge est censée donner un coup de jeune à la monarchie britannique. Le fait est qu'elle repose aujourd'hui sur les épaules d'Elizabeth II qui refuse d'abdiquer à 87 ans, et du prince Charles, régent à temps partiel à 64 ans.

Saluée par le pays entier, la naissance du prince héritier, fils de Kate et William apporte un peu de jeunesse à la monarchie britannique. Mais cela ne veut finalement pas dire grand chose, puisque la reine, à 87 ans, est toujours fidèle au poste et n'a pas prévu d'abdiquer. Quant au prince régent, Charles, il a 67 ans. L'enfant qui vient de naître pourrait donc n'accéder au trône que dans une cinquantaine d'années.

Ce constat relativise quelque peu l'enthousiasme des chroniqueurs du palais de Buckingham. Ils ont été prompts à souligner, après l'avènement lundi du fils de William et Kate, que quatre générations royales cohabitent désormais. Et à y voir un signe manifeste de longévité.

60 ans de règne

Au sommet trône la reine, qui a triomphalement célébré en 2012 les 60 ans de son règne, et qui s'approche bon pied bon oeil du record absolu de longévité détenu par l'impératrice Victoria (63 ans, 7 mois et 2 jours).

Vient ensuite son fils aîné, le prince de Galles, dont le Daily Telegraph a souligné qu'il atteindrait en novembre prochain l'âge légal de la retraite, "alors qu'il lui reste encore à démarrer dans son véritable job."

Le petit-fils William, 31 ans, forme avec son épouse Kate un couple modèle, gage de modernité, au firmament des sondages. L'arrière-petit fils, né lundi, ferme la lignée.

"Elle mourra sur le trône"

L'heureux événement s'inscrit dans un contexte résolument favorable. Avec un indice de satisfaction de respectivement 82, 60 et 82%, selon un récent sondage YouGov, la reine, Charles, et William, sont à l'abri d'hypothétiques assauts républicains.

Le devenir de la monarchie est-il pour autant assuré? Oui, assure la reine, qui a redoré le blason dynastique terni par les frasques de la jeune génération royale dans les années 80. Et a réitéré l'an dernier son serment de servir à vie, à l'occasion de son jubilé de diamant. "Elle mourra sur le trône", affirme l'historienne Kate Williams.

De fait, sans le proclamer, Elizabeth II a entrepris de déléguer une partie de ses fonctions, tandis que son mari, le prince Philip, 92 ans, accumulait les alertes de santé.

Charles remet régulièrement des décorations à sa place, reçoit des dignitaires. En novembre au sommet du Commonwealth réuni à Colombo, il représentera sa mère dont le dernier voyage hors des frontières britanniques remonte à l'automne 2011.

"Si la reine vit aussi longtemps que sa mère, décédée à 101 ans, alors le prince Charles sera âgé d'environ 80 ans quand il accédera au trône. Ce pourrait être le début d'une succession de très vieux monarques", relève le constitutionnaliste Robert Hazell.

Gérontocratie

Patrick Jephson, ancien secrétaire privé de la princesse Diana, craint aussi une gérontocratie. "Un couple de septuagénaires remontant en trottinant l'allée centrale de l'abbaye de Westminster pour être couronné roi et reine (...) ça n'est pas ce qui se conçoit de mieux en terme d'image".

D'autant que Charles risque d'effectuer "un simple intérim". Quant à William, passée "l'euphorie postnatale, les gens ne mettront pas longtemps à se demander à quoi il passe son temps. J'espère qu'il aura de bonnes réponses à offrir", dit Jephson.

Et cela d'autant qu'"à mesure qu'on s'avancera dans le 21e siècle", il pourrait s'avérer de plus en plus difficile de "justifier l'anachronisme de la monarchie", dit-il.

Un élément pourrait changer la donne. En cas de maladie physique ou mentale, Elizabeth II devrait s'effacer, estiment désormais 48% des Britanniques, selon YouGov. Un acte de 1937 prévoit l'instauration d'une régence en pareilles circonstances. Mais il est silencieux sur la question de l'âge.

"A défaut d'abdication, on peut (aujourd'hui) avoir le sentiment d'un passage de témoin", relève le directeur de l'institut, Joe Twyman. Il s'accompagne d'une offensive médiatique pour doper la popularité longtemps chancelante de Charles et de sa deuxième épouse, Camilla.

Rien n'est laissé au hasard. Le site officiel du prince de Galles a même cru utile de démentir une rumeur jugée préjudiciable. Elle prétendait que Charles exige sept oeufs à la coque au petit déjeuner, pour choisir le mieux cuit à son goût.

Magali Rangin avec AFP