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Bandes dessinées

Comment la BD "Peau d'homme" est devenu le livre le plus primé de l'année

Couverture de la BD "Peau d'homme"

Couverture de la BD "Peau d'homme" - Glénat

La BD de Zanzim et Hubert, bientôt adaptée au cinéma, cartonne en librairie et raffle tous les prix BD depuis plusieurs mois. Elle vient de recevoir ce vendredi une ultime consécration, un prix au festival d'Angoulême.

C'est la BD de l'année. Peau d'homme, conte sur l'émancipation d'une femme à la Renaissance, est le succès surprise de 2020, récompensé de sept prix, dont le Fauve des Lycéens du Festival d'Angoulême, qui lui a été décerné ce vendredi 29 janvier. "C'est incroyable", réagit Zanzim, dessinateur de cet album, frappé par une tragédie avant sa sortie: son scénariste, Hubert, a mis fin à ses jours à l'âge de 49 ans, en février 2020. C'est donc avec un sentiment doux-amer que Zanzim accepte cette litanie de prix:

"C'est une espèce d'ascenseur émotionnel depuis le début de l'année dernière, avec la présentation du projet à Angoulême, qui avait été super bien accueilli, puis la disparition de Hubert, et ce succès. À chaque fois que je reçois un prix pour Peau d'homme, je ressens à la fois l'euphorie et la tristesse qu'il ne soit plus là pour partager ce moment avec moi."

Peau d'homme raconte les pérégrinations de Bianca, une jeune fille de la Renaissance italienne qui explore des mondes qui lui seraient normalement fermés, grâce à une peau d'homme, un secret légué par les femmes de sa famille. Délaissée par son mari homosexuel, elle noue à son insu une relation amoureuse avec lui revêtue de cette peau d'homme.

Près de 100.000 exemplaires vendus

Avant ce triomphe angoumoisin, cet ouvrage a déjà remporté six prix: prix Landerneau, prix de la BD Ti Zef, prix Wolinski de la BD et Grand Prix RTL de la BD en 2020, et Grand Prix de la critique ACBD et prix des libraires indépendant Canal BD en 2021. L'album approche désormais des 100.000 exemplaires vendus. Un exploit pour un roman graphique qui n'est pas une franchise. L'album sera d'ailleurs bientôt adapté au cinéma.

Couverture de la BD "Peau d'homme"
Couverture de la BD "Peau d'homme" © Glénat
"Mon éditeur me disait qu'une BD qui marche bien dans une librairie spécialisée, c'est entre 20.000 et 30.000. Quand on dépasse ce chiffre, c'est complètement fou", confie le dessinateur, avant d'ajouter: "On s'est rendu compte que c'était un album qui fédérait, et au-delà du monde de la BD."

Le succès de l'album a-t-il changé sa vie? "Pas encore, parce que je n'ai pas encore reçu mes sous qui tomberont en avril, mais c'est sûr que ça va me conforter dans ce que je fais", glisse Zanzim. "Et puis je vais passer de précaire à aisé, ce qui est complètement dingue. Je me suis rendu à Angoulême pour recevoir le prix, mais je fais partie des auteurs qui participent au boycott du festival. Je n'oublie pas mes 25 ans de galère et tout ce que ça a coûté. Et je travaille dans un atelier avec des auteurs qui n'ont pas eu la chance que j'ai eue cette année. Je vois très bien quelle est la situation."

Zanzim n'est d'ailleurs pas dessinateur à temps plein: "pour survivre, je donne des cours. Je suis prof dans une école qui enseigne le design graphique et l'illustration. Je compte garder ce travail pour ne pas prendre la grosse tête. Ces étudiants ont 20 ans et ne sont pas loin d'être des lycéens. Ca me maintient éveillé par rapport à ce qui se fait en matière de graphisme. D'ailleurs, ça m'a beaucoup apporté pour faire Peau d'homme."

La BD "Peau d'homme"
La BD "Peau d'homme" © Glénat

Le dessinateur s'est lancé dans un nouveau projet pour Glénat. Il vient de commencer l'écriture du scénario: "Je m'interdis de dessiner", précise-t-il. "Je me dis qu'il faut uniquement travailler sur l'histoire. Si j'arrive à la raconter et à intéresser les gens, je me mets au dessin." Il travaillera seul cette fois-ci: "J'ai eu des propositions. J'aurais adoré les avoir il y a quelques années. Là, j'ai envie de travailler tout seul. Heureusement, je l'ai déjà fait sur L'île aux femmes (1999). Si je n'avais travaillé qu'avec Hubert, sans avoir tenté d'être auteur complet, j'aurais été mal."

Et Zanzim d'ajouter: "Je ne me vois pas rebosser tout de suite avec un scénariste." L'ombre de Hubert plane encore à côté de lui: "Il est présent dans ma tête quand j'écris. J'essaye de faire quelque chose de différent de ce qu'il pouvait produire."

https://twitter.com/J_Lachasse Jérôme Lachasse Journaliste BFMTV