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Bandes dessinées

Affaire Vivès: Blanche Gardin, Enki Bilal... Une quarantaine de personnalités défendent "la liberté de création"

L'auteur de BD Bastien Vivès en 2021

L'auteur de BD Bastien Vivès en 2021 - Joel Saget - AFP

Une quarantaine de personnalités s'inquiètent, dans une tribune publiée dans Le Monde mercredi, du "climat de peur menaçant la liberté de création"

"Il s’agit de rappeler qu’interroger ou contester le travail d’un auteur est légitime, mais que le bâillonner ne l’est pas". Quelques semaines après l'annulation de l'exposition à Angoulême sur Bastien Vivès, accusé de banaliser et faire l'apologie de l'inceste et de la pédocriminalité, une quarantaine de personnalités dénoncent mercredi dans une tribune publiée dans Le Monde, "un climat de peur menaçant la liberté de création".

Parmi eux, les auteurs de bandes dessinées Enki Bilal, Lewis Trondheim, Coco, Blutch ou encore Jean-Marc Rochette, mais aussi l'humoriste Blanche Gardin, le musicien Oxmo Puccino, ou l'ancienne ministre de la Culture Françoise Nyssen.

"Certains considèrent qu’il a été cloué au pilori, d’autres qu’il a largement participé à sa disgrâce par de détestables dérapages verbaux, même s’il s’en est excusé", écrivent-ils, défendant "la liberté de création", "des artistes, des écrivains, des peintres et des cinéastes, bien au-delà de la seule bande dessinée et de l’auteur concerné".

"Délit d'outrage aux bonnes mœurs"

Dans cette tribune, les signataires font le parallèle entre les critiques qui visent Bastien Vivès et le "délit d'outrage aux bonnes mœurs" qui a valu à Charles Baudelaire et Gustave Flaubert des procès littéraires en 1857 pour leurs ouvrages Les Fleurs du mal et Madame Bovary.

"L’évocation du mal n’en est pas son approbation, comme le soulignait la défense de Baudelaire, accusé de promouvoir le vice", écrivent-ils.

Et de conclure, en citant la cour d’appel de Versailles qui avait relaxé Orelsan poursuivi pour son titre Sale Pute: "Le domaine de la création artistique est soumis à un régime de liberté renforcé afin de ne pas investir le juge d’un pouvoir de censure."

Enquête préliminaire ouverte

Bastien Vivès et les maisons d'édition Glénat et Les Requins Marteaux - ayant publié certains de ses ouvrages - sont visés par une enquête préliminaire pour diffusion d'images pédopornographiques.

Cette enquête fait suite à une plainte déposée fin décembre par l'association Fondation pour l'enfance qui vise trois BD de l'auteur: Petit Paul (Glénat, 2018), La décharge mentale (Les Requins Marteaux, 2018) et Les melons de la colère (Les Requins marteaux, 2011).

Si Bastien Vivès n'était pas présent à Angoulême en janvier, l'affaire a fait l'objet de deux débats antagonistes, l'un organisé par le Festival de la BD et le second par les collectifs Les raisons de la colère et #MeTooBD.

Magali Rangin