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Val-de-Marne: le maire de Villeneuve-Saint-Georges privé de pouvoir par le conseil municipal

Contesté par les élus en raison de son exercice solitaire du pouvoir, Philippe Gaudin a perdu ses délégations jeudi 16 novembre. Mais il exclut de démissionner. Les habitants craignent un important ralentissement de la vie démocratique locale.

Le paysage politique local est en ébullition à Villeneuve-Saint-Georges. Cette commune du Val-de-Marne, frontalière de l'Essonne, a été jeudi 16 novembre le théâtre d'un événement rarissime.

Réunis en conseil municipal extraordinaire, à 10 heures, les 22 élus ont voté en faveur d'un retrait de l'ensemble des délégations alors aux mains de Philippe Gaudin, le maire divers droite de la ville. L'aboutissement de trois années de tensions, à en croire la majorité comme l'opposition.

L'ensemble des conseillers municipaux lui reprochent sa gestion en soliste de la politique de la ville. "On voudrait que le maire partage beaucoup plus les informations et les décisions qu'il prend, fait remarquer Birol Biyik, conseiller municipal d'opposition, au micro de BFM Paris Île-de-France. "Aujourd'hui, il y a des décisions prises dans son coin, sans la présence de ses propres adjoints et de ses propres conseillers municipaux."

"Le maire s'est isolé"

Selon l'élu, le mandat de Philippe Gaudin a d'emblée été marqué par des "mésententes" internes. Puis "ça a empiré avec le temps".

En 2022, le conseil municipal avait déjà tenté de le dessaisir de ses prérogatives. Il avait rejeté cette possibilité, estimant que leur demande n'était pas "réglementaire". Une décision confirmée par la justice.

"C'est une équipe très éclectique, qui est issue de la société civile", pointe encore Birol Biyik. "Le maire s'est isolé au fur et à mesure et a commencé à enlever des délégations à certains de ses adjoints."

L'intéressé cite en exemple l'école Paul-Bert, "qui devait coûter 12 millions (d'euros, NDLR)". Aujourd'hui, elle est estimée à 26 millions. C'est une décision seule du maire. Il va la construire dans une zone très inondable".

"La paralysie totale"

Que signifie concrètement le retrait des délégations du maire? "Pour les habitants, ça ne changera rien", tranche Jean-Christophe Canter, son directeur de cabinet, sur notre antenne. Les deux hommes, un temps complices, sont aujourd'hui en froid.

"Le travail sera un peu plus fastidieux pour les services administratifs car le conseil municipal devra se réunir beaucoup plus régulièrement et aura un ordre du jour beaucoup plus chargé à examiner", précise-t-il.

Philippe Gaudin voit les choses différemment. "Ce sera la paralysie totale du système. La ville sera ingérable", soutient l'édile dans les colonnes du Parisien, au cours d'une interview publiée à la veille du vote. Pour autant, l'homme exclut l'hypothèse d'une démission.

"Je resterai le chef du personnel municipal et de l’administration communale, je conserverai mes pouvoirs de police et mes statuts d’officier de police judiciaire et de représentant de l’État", assure-t-il à nos confrères, promettant également de continuer aussi à "siéger au Grand Orly Seine Bièvre" et à "présider le conseil de surveillance de l’hôpital intercommunal (Chiv)".

Louis Boyard demande de nouvelles élections

Fatima K-Jall, fondatrice de l'association Villeneuve-Saint-Georges d'Antan, craint désormais que la vie démocratique de la ville tourne au ralenti. "Ça va être un peu plus compliqué pour nous d'avoir des salles de fêtes. (...) Il y aura des retards sur beaucoup de dossiers. C'est nous qui allons payer le prix", anticipe-t-elle.

La situation n'est pas sans alarmer Louis Boyard, le député La France Insoumise-Nupes de la circonscription. Dans une vidéo publiée sur X, il appelle à trouver "une solution urgente".

"Les conflits et les règlements de comptes entre élus font que les habitants ne sont plus représentés", s'indigne-t-il. "Pire, si le maire n'a plus de pouvoirs, alors la mairie n'est pas dirigée."

Également présent dans cette séquence filmée, Ismaël El Hajri, porte-parole du collectif Villeneuvois, s'interroge sur les motivations des élus de la commune. "Pourquoi, si ce n'est pour conserver leurs indemnités?"

Le député et le militant associatif intiment le préfet du département de convoquer de nouvelles élections municipales. Et pour donner de l'écho à leur revendication, ils ont lancé une pétition en ligne et promettent de venir toquer à la porte des habitants de Villeneuve-Saint-Georges.

Agathe Albouy avec Florian Bouhot