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Val-d'Oise: un policier condamné à 8 mois de prison avec sursis pour avoir insulté une femme menacée par son ex-compagnon

Un policier a été jugé ce mercredi pour avoir insulté une femme menacée par son ex-compagnon. La femme avait été rouée de coups le lendemain de son appel à la police.

Un policier a été reconnu coupable de non-assistance à personne en danger ce mercredi après-midi par le tribunal de Pontoise (Val-d'Oise) et condamné à 8 mois de prison avec sursis, a appris sur place BFMTV. L'homme de 48 ans était jugé pour avoir insulté au téléphone et ignoré une femme qui dénonçait les violences de son ex-compagnon. Elle a été rouée de coups le lendemain de son appel.

L'homme a également écopé d'un sursis probatoire de 18 mois pendant lequel il ne peut plus exercer le métier de policier. Il doit également indemniser la victime à hauteur de 3000 euros.

"Démerdez-vous"

Les faits remontent au 31 juillet 2022. Ophélie appelle le 17 pour signaler le harcèlement de son ex-compagnon, dont elle est séparée depuis plusieurs mois. L'homme la menace de mort et dit vouloir monter à son domicile alors qu'elle se trouve seule avec sa fille de 12 ans.

Mais le policier, opérateur radio depuis douze ans, ne semble pas la prendre au sérieux. En parallèle, elle s'adresse à son ex-conjoint, qui se trouve en bas de l'immeuble. "Casse pas les couilles", lui crie-t-elle. Au téléphone, le policier lui reproche alors de "mal" parler. "Tu m'étonnes qu'il te menace, et ne rappelez plus, démerdez-vous avec", lâche-t-il avant de raccrocher.

La jeune femme rappelle le même numéro, plus tard dans la soirée. Elle tombe sur le même agent qui lui recommande de déposer plainte contre son ex-compagnon.

Le lendemain, en revenant à son domicile avec sa fille, Ophélie est attendue au bas de son immeuble par son ex-compagnon. Ce dernier la frappe alors avec un club de golf, la tire par les cheveux et la roue de coups de poing sous les yeux de sa fille.

"C'est une victoire"

"On est sur une femme victime, en détresse voire même en état de panique qui se heurte au silence et même à la moquerie de l'institution policière", dénonce Pauline Rongier, avocate de la victime à BFMTV, qui parle d'"une défaillance d'un maillon de la chaîne de protection et de justice".

"Elle souhaitait que ce qui lui était arrivé ne puisse pas arriver à quelqu'un d'autre. En cela, c'est une victoire", se réjouit-elle à l'issue de la condamnation qu'elle juge à la hauteur de la gravité des faits.

Un péril grave et imminent a été reconnu par le tribunal et caractérise ainsi la non-assistance en personne en danger. "Aucune question n'est posée pour déterminer le danger", appuie la présidente du tribunal.

"J’ai senti une femme qui n’était pas en danger immédiatement. Elle parlait avec un sourire", a déclaré le prévenu à la barre. L'homme a dix jours pour faire appel.

"Je me suis fait agresser deux fois"

À la sortie de l'audience, Ophélie, encore très émue, raconte s'être sentie abandonnée par la police. "Personne ne m'a pris au sérieux alors l'agresseur s'est senti en toute puissance", explique-t-elle. Elle évoque des conséquences psychologiques: "Je pense à ça à chaque fois que je sors de chez moi et je me dis que s'il y a un problème, je ne peux pas appeler la police car ils vont m'insulter."

"Pour moi, je me suis fait agresser deux fois", ajoute-t-elle les larmes aux yeux.

La jeune femme espère que son histoire permettra d'aider les "toutes les autres" et que les appels à l'aide seront désormais entendus.

3919: le numéro de téléphone pour les femmes victimes de violences

Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). C'est gratuit et anonyme. Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).

Nicolas de Roucy et Matthias Tesson avec Juliette Vignaud