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Val-d'Oise: enquête ouverte après la destruction d'un campement de Roms par des manifestants

Dans le Val-d'Oise, les habitants de Villeron ont délogé un campement de Roms, situé à proximité de la commune. Une enquête est ouverte.

Une enquête a été ouverte après la destruction d'un campement de Roms à Villeron (Val-d'Oise) par des riverains aidés de la municipalité, a appris mardi l'AFP auprès du parquet et de la gendarmerie, une information confirmée par BFM Paris IDF.

Plus d'une centaine de personnes s'étaient données rendez-vous dimanche après-midi au bois de Villeron, à proximité de Roissy-en-France, au nord-est de Paris. Elles manifestaient contre l'installation depuis octobre d'une dizaine de familles Roms, selon la gendarmerie du Val-d'Oise.

"Des gens ont été vindicatifs à l'égard des Roms qui ont dû partir devant les invectives de la foule", a indiqué à l'AFP le commandant du groupement de gendarmerie du Val-d'Oise Quentin Petit, précisant que le maire de Villeron Dominique Kudla (SE) était présent à la manifestation déclarée.

Une manifestation pacifique selon le maire

Après le départ de la soixantaine de Roms, "un certain nombre d'individus ont procédé à la destruction des cabanes construites de manière illégale", a relaté le colonel Petit.

"Tout s'est bien passé, pacifiquement", estime de son côté, le maire, Dominique Kudla, au micro de BFM Paris Ile-de-France.

"Quand ils (les Roms) ont vu ce qu'il se passait, la pression qu'il y avait, ils ont remballés ce qu'ils avaient dans le camion et ils sont partis relativement vite, en souriant, les enfants ne pleuraient pas", assure l'élu.

Le maire de Villeron a fait intervenir une pelleteuse pour détruire le campement. Selon l'élu local, le bois a fait l'objet de dégradations. "Il y a deux hectares de bois qui ont été bien ravagés, qu'il faut réhabiliter", juge Dominique Kudla.

Une enquête ouverte

Une enquête, confiée à la brigade de recherche de l'Isle-Adam, a été ouverte par le groupement de gendarmerie du Val-d'Oise, sous la direction du parquet de Pontoise.

Elle "vise à préciser le déroulement des faits", déterminer "le rôle des différentes personnes" et "s'il y a eu ou non des violences aux personnes ainsi que des dégradations de biens", a précisé le parquet.

Il ne s'agit "pas de pratiques souhaitables dans le département", a réagi lundi le préfet du Val-d'Oise Philippe Court, en marge d'un point presse.

"Les familles expulsées ont été choquées et bouleversées par ce qui s'est passé", a rapporté Anthony Ikni, délégué général du collectif Romeurope, dénonçant "des slogans anti-tziganes".

La municipalité accusée de complicité

Bien avant la manifestation, des riverains "ont commencé à harceler les habitants du bidonville. Certains ont dit que s'ils ne partaient pas, ils allaient tout brûler", assure Anthony Ikni qui accuse de "complicité" la municipalité de Villeron et de "passivité" les forces de l'ordre, qui ont "été témoins de l'expulsion illégale sans réagir".

"Il s'agit d'une attaque inacceptable, les habitants n'ont pas à se faire justice eux-mêmes", dénonce le collectif Romeurope qui réunit 48 associations et collectifs défendant les droits des personnes vivant en squat, bidonville ou à la rue, Roms ou désignées comme telles.

Une procédure d'expulsion était en cours devant le tribunal administratif de Pontoise, a fait savoir la communauté d'agglomération Roissy Pays de France, propriétaire du terrain, en précisant "ne pas cautionner" les violences.

Oriane Voisine et A.F avec AFP