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Shaoyao Liu tué par la police en 2017: l'État condamné pour "faute lourde"

Un portrait de Liu Shaoyao, tué lors d'une intervention policière à son domicile à Paris, est affiché le 2 avril 2017 lors d'une manifestation Place de la République à Paris

Un portrait de Liu Shaoyao, tué lors d'une intervention policière à son domicile à Paris, est affiché le 2 avril 2017 lors d'une manifestation Place de la République à Paris - Benjamin CREMEL © 2019 AFP

Les fonctionnaires auraient dû porter des armes non-létales, selon la justice. Cette dernière estime également que les enfants de Shaoyao Liu, qui ont assisté à la mort de leur père, ont mal été pris en charge.

L'État, condamné mercredi pour "faute lourde", devra verser 138.000 euros aux proches de Shaoyao Liu, tué à Paris en 2017 lors d'une intervention de la police, la justice ayant conclu que les fonctionnaires auraient dû avoir sur eux des armes non-létales, selon un jugement civil consulté par l'AFP ce vendredi 24 novembre.

Le 26 mars 2017, peu après 20 heures, des policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) se rendent dans une cité du XIXe arrondissement de Paris. Ils viennent d'être appelés par un policier à la retraite qui, alerté par des cris sur son palier, a vu un voisin, Shaoyao Liu, connu pour des problèmes d'alcool et des troubles psychiatriques, agiter ce qu'il pense être un couteau.

Craignant un danger, les policiers, deux hommes et une femme équipés d'un fusil d'assaut et de pistolets, enfoncent la porte du domicile. Une poignée de secondes plus tard, le policier Damien V. tire un coup de feu, touchant mortellement au cœur Shaoyao Liu, 56 ans, sous les yeux de ses enfants.

Non-lieu pour le policier

Suite au décès de son ressortissant, la Chine a publiquement demandé que la lumière soit faite sur les circonstances.

Le fonctionnaire a bénéficié d'un non-lieu (devenu définitif en 2022), fondé sur la légitime défense, car selon la version des policiers, Shaoyao Liu venait d'agresser avec ses ciseaux le porteur du fusil d'assaut.

Parallèlement, l'avocat des enfants et de l'épouse de la victime a assigné l'État devant la justice civile. Celle-ci a condamné l'État pour "faute lourde" pour deux raisons, selon un jugement daté de mercredi rendu par la première chambre civile du tribunal judiciaire de Paris.

Les policiers de la BAC "pouvaient être appelés à intervenir sur des conflits du quotidien ou des infractions de dangerosité moyenne", rappelle le jugement.

Armes létales

Ils auraient dû avoir sur eux des armes non-létales, comme une "matraque télescopique, une bombe lacrymogène ou un pistolet à impulsion électrique", ce qui n'était pas le cas alors qu'ils "intervenaient face à un homme potentiellement armé uniquement d'un couteau".

Par ailleurs, la justice condamne également l'État pour la mauvaise prise en charge des enfants: ils ont assisté au décès de leur père, sont restés environ deux heures dans une chambre de l'appartement sans prise en charge médicale, et ont annoncé eux-mêmes à leur mère le décès, ce qui démontre "une inaptitude du service public de la justice à mener sa mission". L'État devra payer au total 138.000 euros à la veuve de Shaoyao Liu et ses cinq enfants.

F.R. avec AFP