BFM Paris Île-de-France
Paris Île-de-France

Seine-Saint-Denis: quatre hommes jugés pour le meurtre d'un adolescent sur fond de rivalités entre cités

Le symbole de la justice (illustration).

Le symbole de la justice (illustration). - - Ashraf Shazly / AFP

Quatre hommes, âgés entre 21 et 23 ans, sont jugés pendant trois semaines pour le meurtre d'Aman M. aux assises à Bobigny. Les faits remontent à 2020.

Le procès de quatre jeunes hommes jugés pour la mort d'Aman M., 16 ans, tué par balles en 2020 à Épinay-sur-Seine sur fond de rivalités entre cités, s'est ouvert ce lundi 22 avril devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis et une famille inconsolable.

Très éprouvées par le début de l'audience, la mère et la sœur jumelle de la victime ont quitté un temps la salle d'audience.

Le 6 juin 2020, ce lycéen sans histoire rendait visite à son cousin dans le quartier d'Orgemont, à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Cette cité est en conflit ouvert avec sa voisine des Raguenets, à Argenteuil (Val-d'Oise), sans que personne ne sache vraiment la source de la querelle.

La victime touchée par plusieurs impacts

Cette nuit-là, Aman M., son cousin et sa bande de copains profitent de la soirée près du city stade. Personne ne prête attention à la Renault Clio blanche qui passe devant eux une première fois.

Lors du deuxième passage, en sort un jeune homme au visage dissimulé par une capuche et un cache-nez, qui tire en direction du groupe. Le tireur s'avance encore et arme un second coup avec un fusil de chasse avant de s'enfuir à bord de la voiture et regagner la cité des Raguenets, à Argenteuil.

Touché par plusieurs impacts, la victime décède sur place d'une hémorragie interne. L'enquête démontrera qu'Aman M. se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Il n'habite aucun des deux quartiers rivaux.

Une voiture dégradée la veille des faits

Le conducteur de la Clio blanche, originaire des Raguenets et qui s'était rendu à la police quelques jours après le meurtre de l'adolescent, a justifié sa descente car sa voiture avait été dégradée par des jeunes la veille, lors d'une incursion dans sa cité d'une vingtaine de personnes armées de bâtons, de battes de base-ball et de clubs de golf.

Quatre hommes, âgés entre 21 et 23 ans, sont jugés pendant trois semaines pour le meurtre d'Aman M. aux assises à Bobigny.

Celui qui est identifié comme le tireur est accusé de meurtre en récidive légale. Il est le seul à comparaître détenu et risque la réclusion criminelle à perpétuité. Les trois autres sont jugés pour complicité de meurtre. Appariteur dans une université parisienne, employé commercial, logisticien: ils ont tous décroché un CDI loin de leur cité.

"C'est bête"

L'avocate générale interroge l'un des complices présumés sur "l'influence du quartier" dans son comportement: "si on revient en arrière, je dirais 'oui'. Maintenant je dis que 'c'est bête'", répond Djibril S., lunettes fines, crâne rasé et barbichette.

"Je ne suis vraiment plus le même depuis que je suis sorti de prison. J'ai pris conscience de la vie, je suis mature, j'ai pris conscience que j'ai fait du mal à ma famille, j'ai pris conscience que je valais mieux", développe le jeune homme de 23 ans dans une longue tirade.

Ayant perdu l'usage d'un œil en tentant d'éteindre un mortier d'artifice, il jure avoir arrêté l'alcool et son importante consommation de cannabis après ses deux ans de détention provisoire.

Des condoléances à une mère en pleurs

"Ça me ralentissait le cerveau", explique-t-il avec recul. Il pense désormais "à fonder à une famille".

Avant son interrogatoire de personnalité, il a présenté ses condoléances à la famille d'Aman M., tout comme sa mère, en pleurs. Elle a élevé seule son fils, aux côtés de ses quatre frères et sœurs, en jonglant avec deux emplois.

Le verdict est prévu le 10 mai.

F.B. avec AFP