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Seine-Saint-Denis: un marchand de sommeil présumé jugé à Bobigny

Le tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis.

Le tribunal de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. - AFP

Le tribunal correctionnel de Bobigny juge un marchand de sommeil présumé durant quatre jours. L'homme est soupçonné d'avoir hébergé des familles de sans-papiers dans des logements insalubres. Une trentaine de personnes se sont constituées parties civiles.

Des loyers conséquents pour des logements insalubres à Saint-Denis: le procès d'un marchand de sommeil présumé, qui louait à des adultes handicapés ou des sans-papiers syriens, s'est ouvert ce mardi devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Samy Brami, 64 ans, et sa société comparaissent pendant quatre jours pour avoir loué à des personnes vulnérables, dans des conditions d'hébergement indignes, au sein d'un corps de bâtiments à Saint-Denis entre 2017 et 2022. Initialement prévu en juin dernier, le procès avait été renvoyé en octobre.

Une liste conséquente d'infractions

Les infractions retenues contre le prévenu concernent à la fois les prix anormalement élevés qu'il a fixés, mais aussi l'insalubrité des logements. Il a fallu près d'une demi-heure de lecture au président de la 15e chambre pour égrener la litanie des infractions visant le propriétaire et son entreprise, la SAS Saint-Rémy. Ceux-ci encourent cinq ans de prison et 150.000 euros d'amende.

"9m2 pour 500 euros, pour quatre personnes dont deux enfants, avec onze critères d'insalubrité", "16m2 pour 800 euros", "600 euros pour 9m2 avec quatre critères d'insalubrité", "forte humidité", "absence d'isolation des murs extérieurs", "système électrique potentiellement dangereux", "absence d'intimité corporelle", "suroccupation", a énoncé le président du tribunal.

Une trentaine de personnes sont parties civiles dans ce dossier, principalement des adultes sous tutelle ou curatelle et des sans-papiers d'origine syrienne. Dans une salle clairsemée, les victimes présentes à l'audience mardi matin se comptaient toutefois sur les doigts d'une main.

La défense évoque "un bras de fer" avec la municipalité

Samy Brami est bien connu de la justice pour avoir été l'un des chefs de réseau de l'escroquerie du Sentier, une arnaque XXL organisée dans les années 1990 portant sur des dizaines de millions d'euros. Surnommé "Samy la Belette", il avait alors été condamné à cinq ans de prison, dont trente mois avec sursis.

Selon sa défense, le prévenu a acquis cette parcelle en 2013 dans l'unique but de la revendre pour réaliser une plus-value, mais s'en est trouvé empêché par la municipalité de Saint-Denis, qui multiplie les procédures contre lui. Dans l'attente d'une résolution du litige, il se serait résolu à louer les chambres.

"Il a acheté cet immeuble pour faire une opération immobilière car c'est son métier (...) Il y a, depuis 2013, un bras de fer avec la ville de Saint-Denis pour empêcher cette opération", a soutenu en début d'audience son avocat Paul-Philippe Massoni.

Territoire populaire à la modernisation urbaine encore en cours, la Seine-Saint-Denis est l'un des départements de France les plus touchés par l'habitat indigne. Les logements dégradés y représentent plus de 15% du parc locatif privé, mettant en danger quelque 80.000 personnes, selon la préfecture.

M.B. avec AFP