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Quarante ans après l'attentat des Rosiers à Paris, un premier hommage national va être rendu

Le 9 août 1982, six personnes sont mortes et vingt-deux ont été blessées après qu'un commando ait attaqué le restaurant juif Goldenberg à Paris. Aucun procès n'a eu lieu pour le moment.

40 ans jour pour jour après les faits, Paris n'oublie pas. Le 9 août 1982, l'emblématique restaurant Goldenberg, situé dans la rue des Rosiers, dans le 4e arrondissement de la capitale, est la cible d'une attaque terroriste.

Ce jour-là, un commando de plusieurs hommes lance une grenade dans l'établissement avant de mitrailler les passants de ce quartier historiquement juif du Marais. Cette attaque antisémite aura duré trois minutes et fait six morts et vingt-deux blessées.

"J'étais là, j'ai travaillé, j'étais vendeuse. Les anciens se rappellent, on ne peut pas oublier la rue des Rosiers ce n'est pas possible", témoigne Peggy, qui habite depuis 55 ans dans le Marais, au micro de BFM Paris Île-de-France.

Pour les habitants, l'émotion est toujours bien présente et surtout, le devoir de mémoire important pour la communauté juive, comme l'explique Jordan. "Ça fait partie de nos racines, de notre vie", affirme-t-il à notre micro alors qu'une commerçante ajoute: "Je pense que la page ne sera jamais réellement tournée."

Un premier hommage national

Quarante ans plus tard, un premier hommage national va être rendu aux victimes ce mardi à partir de 13h, en présence du ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti. Une reconnaissance tardive que Natasha Goldenberg n'attendait plus.

"Il n'y en a pas eu pour les trente ans, il n'y a pas eu pour les vingt ans. Il a fallu attendre quarante ans. Je ne pensais pas que ça serait réalisable et je pensais que ça ne le serait toujours pas", affirme la petite-nièce d'une victime de l'attentat à RMC.

Plus qu'un hommage national, Natasha Goldenberg attend toujours que justice soit faite. Tant d'années après les faits, aucun procès n'a encore eu lieu et aucun n'est prévu dans les mois à venir, malgré des demandes de plus en plus pressantes.

"40 ans après, nous nous souvenons. Se souvenir des victimes, c’est aussi tout faire pour qu’un procès soit organisé", a déclaré le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, sur Twitter. Alain Weil, maire de Paris Centre, a quant a lui interpellé le Garde des Scaux affirmant que "tout doit être accompli pour rendre justice".

Quatre suspects connus

Quatre personnes sont aujourd'hui connues et soupçonnées d'être derrière l'attentat de la rue des Rosiers. Parmi ces derniers, une seule est en détention provisoire en France et mis en examen pour assassinat et tentative d'assassinat, après avoir été extradée de Norvège en 2020. Il clame toujours son innocence.

Deux autres suspects sont actuellement en Jordanie alors que l'autre est à Ramallah, dans les territoires palestiniens de Cisjordanie. Aucun des deux États n'a répondu aux demandes d'extradition pour le moment.

Dans une tribune publiée ce samedi par le JDD, les avocats de familles des victimes de l'attentat, appellent à "une action forte et persuasive" de la France quant à l'extradiction de ces trois suspects.

"Pourquoi ces trois personnes, recherchées par la justice française pour s’expliquer sur leur implication dans l’attentat du 9 août 1982, n’ont-elles toujours pas été extradées?", s'interrogent les avocats dans la tribune.

Ils demandent également que "les victimes de cet attentat puissent être reconnues dans leur statut de victimes d’acte de terrorisme, ce qui, pour des raisons juridiques, n’est pas le cas jusqu’à présent".

"Le président de la République a redit le 17 juillet à Pithiviers sa détermination à lutter contre l’antisémitisme", continuent-ils. Avant ajouter: "Le procès des assassins de la rue des Rosiers en fait partie. La lutte contre l’antisémitisme se vérifie tous les jours dans les actes, pas seulement le jour des commémorations."

Marine Langlois