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Projet de forage contesté en Seine-et-Marne: quelle est la production de pétrole en Île-de France?

Une partie de la production française de pétrole se situe en Île-de-France, notamment en Seine-et-Marne. Les exploitants tentent d'en profiter un maximum avant 2040, date de fin de l'exploitation en France.

De l'or noir en Île-de-France. Difficile d'associer spontanément pétrole et Île-de-France, pourtant, il existe une vingtaine de gisements dans la région. La Seine-et-Marne compte 18 exploitations et l'Essonne quatre, ce qui a permis en 2021 au bassin parisien d'être à l'origine de près de 60% de la production française.

Ce lundi 6 mai, la mairie de Paris a dénoncé un projet de nouveau forage pétrolier, autorisé par l'Etat, en Seine-et-Marne à Nonville, qui "menacerait" selon elle les captages de sa régie en charge de l'eau Eau de Paris.

Ce projet "est une catastrophe environnementale en puissance, à l'heure où les ressources en eau sont de plus en plus menacées", affirme la mairie dirigée par Anne Hidalgo lundi dans un communiqué.

Si la loi sur la fin des hydrocarbures votée en 2017 met fin à l'exploitation pétrolière en France à partir de 2040, les compagnies pétrolières veulent exploiter au maximum les concessions franciliennes.

La Croix-Blanche, Itteville...

Au total, ils sont cinq producteurs à exploiter l'or noir francilien. Le principal d'entre eux est le groupe canadien Vermilion. Il souhaite tirer au mieux le pétrole des sous-sols de l'Essonne, dans les secteurs de la Croix-Blanche, du Vert-le-Petit, Vert-le-Grand et d'Itteville. Des actions que la compagnie pétrolière veut mener jusqu'en 2040, année où l'exploitation sera interdite en France.

Pour exploiter au mieux les dernières années qui lui restent, le groupe a notamment demandé à l'État dès 2021 de prolonger sa concession d'Itteville dont la validité a expiré en 2023. En effet, si la loi française interdit la création de nouvelles concessions, elle autorise l'extension d'exploitations déjà existantes, que ce soit en termes de durée ou de superficie.

Dans cette dernière concession, aucun nouveau forage n'est prévu dans les cinq années à venir. En revanche, elle est déjà composée de 14 puits, dont huit sont encore producteurs d'huile de pétrole, tout cela réparti dans un périmètre de 46 kilomètres. Cela correspond à une production de 1.000 barils par jour, selon le département. Un lieu crucial, donc, pour l'entreprise canadienne.

Le ministère de la transition écologique a indiqué qu'aucune décision n'avait été prise autour de cette demande, mais que le dossier était en cours de traitement.

Des nouveaux forages encore demandés

D'autres compagnies veulent profiter au mieux de la quinzaine d'années d'exploitation restantes. Ainsi, l'entreprise Bridge Energies a vu sa demande d'extension du site pétrolier de Seine-et-Marne situé à Nonville validée par le gouvernement.

C'est celle-ci qui est aujourd'hui vivement contestée par la mairie car l'extension menacerait une nappe phréatique qui alimente en eau potable des milliers de Franciliens. Deux incidents ont déjà eu lieu sur le site en dix ans.

La compagnie pétrolière, la plus petite des cinq présentes en Île-de-France, est titulaire de la concession jusqu'en 2034 et exploite déjà trois puits, ouverts entre 2012 et 2014.

Aujourd'hui, seul un des trois forages produits encore du pétrole, soit l'équivalent de 75 barils par jour. Elle a obtenu de l'État d'en ouvrir deux autres, d'une profondeur de 1.500 mètres, à l'issue d'une enquête publique.

L'opérateur Eau de Paris a saisi en référé le tribunal administratif de Melun pour faire suspendre l'arrêté préfectoral du 30 janvier autorisant l'ouverture de travaux sur la concession d'hydrocarbures de Nonville. Dans sa requête, Eau de Paris estime que l'extension du site de forage existant compromet "la sécurité de l'alimentation en eau potable de la ville de Paris", mais aussi "la biodiversité" et "la lutte contre le changement climatique".

Plusieurs associations, comme France Nature Environnement IDF ou encore Green Peace condamnent également ce choix de l'État.

Djena Tsimba, Bettina Deguglielmo et Johan Cherifi, avec Juliette Moreau Alvarez