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Plaintes, interpellations… Ce que l’on sait du départ du proviseur du lycée Ravel à Paris, après des menaces de mort

Le proviseur de la cité scolaire Maurice-Ravel à Paris, menacé de mort sur internet après une altercation avec une élève fin février pour qu'elle enlève son voile, a quitté ses fonctions.

Le proviseur de la cité scolaire Maurice-Ravel à Paris, menacé de mort sur internet après une altercation avec une élève fin février pour qu'elle enlève son voile, a quitté ses fonctions. - KENZO TRIBOUILLARD © 2019 AFP

Le proviseur avait été menacé de mort sur les réseaux sociaux pour avoir demandé à une lycéenne de retirer son voile. Ce mardi 26 mars, le rectorat a confirmé son "départ anticipé". Il sera reçu ce mercredi par Gabriel Attal à Matignon.

Après avoir été menacé de mort sur les réseaux sociaux fin février, le proviseur du lycée Maurice Ravel dans le 20e arrondissement de Paris, a quitté ses fonctions hier, mardi 26 mars.

Ces menaces ont fait suite à une altercation avec une élève de BTS, à qui le proviseur avait demandé de retirer son voile pour pénétrer dans l'établissement.

• Le rectorat évoque un "départ anticipé"

Selon un message envoyé mardi aux enseignants, élèves et parents, le proviseur du lycée Maurice Ravel a quitté ses fonctions, "pour des raisons de sécurité".

Auprès de BFMTV, le rectorat précise qu'un "départ anticipé" a été accordé au proviseur "à quelques mois de sa retraite" et "au vu des événements qui ont marqué ces dernières semaines, de leur médiatisation et de l'impact qu'ils ont pu avoir sur lui".

• Des menaces après la propagation de rumeurs

Les "événements" évoqués s'étaient déroulés le mercredi 28 février à l'entrée du lycée. Le proviseur avait rappelé à trois élèves leur obligation de retirer leur voile dans l'enceinte de l'établissement. L'une d'entre elles, majeure et scolarisée en BTS, a ignoré le proviseur, ce qui a provoqué une altercation, ajoutait le parquet à BFMTV.

Le directeur a "d'abord pris l'élève par l'épaule", d'après le compte-rendu de l'académie de Paris, consulté par BFMTV, "et lui aurait attrapé le bras". L'élève a ensuite tutoyé le proviseur, qui s'est retiré.

La lycéenne avait de son côté évoqué auprès du Parisien avoir été "tapée violemment au bras". Une version démentie par la direction académique.

Des messages de menaces de mort à l'encontre du proviseur ont circulé sur les réseaux sociaux.

• La plainte de la lycéenne classée sans suite

Au lendemain des faits, deux plaintes ont été déposées. La première par le proviseur du lycée pour "acte d'intimidation envers une personne participant à l'exécution d'une mission de service public pour obtenir une dérogation aux règles régissant ce service".

La lycéenne elle, a porté plainte au commissariat du 20e arrondissement pour "violences n'ayant pas entraîné d'incapacité de travail". La Brigade de délégation des enquêtes de proximité (BDEP) du 20e arrondissement a été saisie d'une enquête. Sa plainte a été classée sans suite, au motif que l'infraction était insuffisamment caractérisée, indique le parquet de Paris à BFMTV. Selon le rectorat de Paris, l'élève de BTS qui avait accusé le chef d'établissement ne fait plus partie du lycée Ravel et a préféré quitté l'établissement.

Une enquête a été ouverte à Paris pour cyberharcèlement à la suite de menaces de mort en ligne. Les deux enquêtes se poursuivent, indique le parquet de Paris à BFMTV ce mercredi 27 mars.

Ce même jour, la lycéenne en question a accordé un entretien à RTL dans lequel elle condamne les menaces de mort à l'encontre du proviseur, tout en maintenant sa version des faits.

"C'était mieux qu'il parte s'il ne se sentait pas en sécurité, moi, je suis passée à autre chose", a-t-elle déclaré auprès de nos confrères.

• Deux interpellations

Dans un communiqué daté de ce mercredi 27 mars, le ministre de l'Éducation nationale indique que "deux individus identifiés comme à l'origine des menaces, pourtant sans lien avec l'établissement ont été interpellés".

L'un d'eux, un homme de 26 ans, originaire des Hauts-de-Seine doit être jugé le 23 avril à Paris.

Un autre homme a été interpellé à Trouville (Calvados) et placé en garde à vue. Déféré au parquet de Lisieux le 15 mars dernier, il a été jugé en comparution immédiate le jour même pour des faits de "provocation publique et directe non suivie d’effet à commettre un crime ou un délit à l’encontre du proviseur", précise le parquet à BFMTV.

Ce dernier a été relaxé au motif que l'infraction "n'était pas suffisamment caractérisée" ajoute-t-il. Le parquet a fait appel.

• La classe politique indignée

Au lendemain de l'annonce de cette démission, la classe politique s'est indignée de la situation. "Ce gouvernement est incapable de protéger nos écoles", a réagi Marine Le Pen sur X, jugeant que "la loi contre le séparatisme censé mettre l'islamisme à genoux n'a servi à rien".

"Voilà à quoi aboutit le 'pas de vague', voilà où nous mènent les petites lâchetés et les grands renoncements", a également commenté le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau sur le même réseau social.

"On ne peut pas l'accepter", a déclaré sur France 2 le chef des députés socialistes Boris Vallaud, estimant que "c'est un échec collectif".

De son côté, lors des questions d'actualité de la séance plénière du conseil régional ce mercredi 27 mars au matin, Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, a réagi au départ du proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris.

"Je voudrais que l'on ait tous une pensée aujourd'hui pour ce proviseur. Je pense qu'aujourd'hui toute la société doit se tenir aux côtés de nos professeurs et aux côtés de la laïcité qui n'a jamais été aussi menacée dans nos établissements", a grincé l'élue.

Ce matin, Anne Hidalgo, la maire de Paris, a "eu le proviseur au téléphone", souffle son entourage à BFM Paris Île-de-France.

Un appel pour "l’assurer de son soutien total et de sa solidarité" ajoute-t-il. Mais aussi, l'édile "lui a assuré que la Ville de Paris l’aidera en fonction de ses besoins".

Anne Hidalgo "est atterrée et consternée par la situation, mais comprend sa décision de se protéger et lui propose de le rencontrer prochainement", conclut l'entourage de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle.

• Gabriel Attal va recevoir le proviseur à Matignon

En réaction à cette démission, Gabriel Attal, le Premier ministre, a annoncé qu'il recevra le proviseur.

Cette rencontre est prévue ce mercredi 27 mars après-midi à Matignon.

Martin Regley Journaliste