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Paris: un retour des trains sur la petite ceinture est-il possible?

Un tronçon de la petite ceinture dans le 14e arrondissement de Paris en octobre 2020.

Un tronçon de la petite ceinture dans le 14e arrondissement de Paris en octobre 2020. - Michel RUBINEL / AFP

Le prolongement du T3b autour de Paris rappelle les grandes heures de l'exploitation de la petite ceinture ferroviaire jusque dans les années 1900. Certains espèrent toujours un retour des trains sur ces voies.

La mise en service du prolongement du T3b, depuis le vendredi 5 avril, permet au tramway de poursuivre sa boucle autour de Paris. Cet itinéraire en rappelle un plus ancien, celui de la petite ceinture ferroviaire mise en service en 1852, indique, sur son site Internet, l'Association pour la sauvegarde de la petite ceinture de Paris et de son réseau ferré (ASPCRF).

La ligne a connu son apogée 50 ans plus tard, avec l'exposition universelle, puis a décliné jusqu'en 1934 où le service voyageur s'est terminé. La ligne de bus PC a alors pris son relais autour de Paris, la même ligne qui est désormais peu à peu remplacée par les tramways T3a et T3b.

Besoin de délester le tramway

Pour autant, Jean-Nicolas Lehec, secrétaire général de l'ASPCRF, ne voit pas d'un mauvais œil le prolongement du tramway: "Plus il y a de transports dans Paris, mieux c'est", souligne-t-il à BFMTV.com.

"Paris manque cruellement de transports en commun alors que c'est une ville extrêmement dense", poursuit-il. Jean-Nicolas Lehec rappelle le succès rencontré par le tramway avec une "énorme demande de la part des usagers" que ce soit sur les lignes T3a et T3b, que sur le T2. "Les lignes de tram répondent à une demande et prouvent la demande", insiste-t-il.

La petite ceinture ferroviaire trouverait ainsi sa place pour venir délester le tramway autour de Paris. "Plus on a de lignes sur un même axe, plus on a une résilience en cas d'incident, ça accroît la fiabilité des transports et le service rendu aux usagers est meilleur", poursuit Jean-Nicolas Lehec.

Il cite pour exemple la ligne 1 du métro qui a été doublée par le RER A afin d'offrir une alternative plus rapide pour rejoindre certaines grandes stations. C'est le même objectif que pourrait porter la petite ceinture ferroviaire par rapport au tramway.

"Le T3 est un moyen de transport de desserte fine. Il prend son temps, certes, mais avec des arrêts très fréquents, c'est pratique. Par contre, si vous faites Porte d'Ivry-Pont du Gargliano, c'est nettement plus lent", explique Jean-Nicolas Lehec.

L'avantage de la petite ceinture ferroviaire serait de relier plus rapidement les grands pôles d'activités qui se sont développés aux portes de Paris comme à Rosa Parks, Balard ou encore Bercy. "Il y a besoin de renforcer les transports sur ces axes-là tout en offrant des lignes qui ne passent pas dans Paris. Le fait de pouvoir contourner le centre de Paris est pratique."

Transport de marchandises?

Pour autant, ce sont désormais davantage les promeneurs qui profitent de ces voies ferrées plutôt que les trains. Un protocole-cadre a été signé en 2015 entre la ville de Paris et la SNCF pour permettre l'ouverture au public de certaines sections. "La ligne est toujours la propriété de SNCF Réseau et tous les aménagements doivent être réversibles, c'est important pour nous", défend le secrétaire général de l'ASPCRF.

Il est, par exemple, impossible de retirer les rails sur le tracé car la SNCF peut y faire circuler, à tout moment, du matériel ferroviaire. C'est ce qui s'est passé en décembre 2021 lorsque des trains de fret ont emprunté les voies dans le parc Martin Luther-King suscitant l'étonnement et l'opposition de nombreux riverains et du maire du 17e arrondissement face au bruit.

Mais c'est l'un des aspects que met en avant l'Association pour la sauvegarde de la petite ceinture de Paris et de son réseau ferré: "Il y a une volonté de réduire la place du transport de marchandises par camion. On peut relier les grandes bases logistiques en Île-de-France par des plus petites situées au plus près de là où habitent les gens."

Jean-Nicolas Lehec donne comme exemple la gare des Gobelins dans le 13e arrondissement dont la vocation est d'utiliser différents modes de transport: routier, ferroviaire et le vélo pour la livraison du dernier kilomètre.

De nombreuses portions de la petite ceinture doivent cependant être réaménagées pour permettre un retour des trains. "Il y aurait la reprise d'ouvrages d'art à faire, le remplacement de certains ponts, reposer de nouvelles voies et poser des caténaires", détaille le secrétaire général de l'ASPCRF.

Une longue liste qui reste envisageable: "Ce ne sont pas les mêmes échelles de coût que pour la construction des nouvelles lignes du Grand Paris express. Là, le tracé existe. S'il y a des volontés politiques, ça peut être rapide."

Un avenir incertain

De prochaines échéances viendront faire évoluer, ou non, l'usage de la petite ceinture ferroviaire. La convention-cadre entre la ville de Paris et la SNCF prend fin en 2025.

"À ce moment-là, on se battra pour que la petite ceinture conserve sa réversibilité. Il faudra bien réaffirmer qu'il s'agit d'une ligne de chemin de fer et pas seulement voir la fonction de corridor écologique", annonce Jean-Nicolas Lehec.

Interrogé par BFMTV.com, David Belliard, adjoint à la maire de Paris en charge des Transports, veut avant tout "préserver un corridor de verdure, de respiration, de biodiversité" autour de la capitale. "C'est un lieu de promenade pour de nombreux Franciliens avec une configuration exceptionnelle et une richesse dans les végétaux que l'on retrouve", souligne-t-il.

Un tronçon de la petite ceinture ferroviaire dans le 18e arrondissement de Paris en novembre 2020.
Un tronçon de la petite ceinture ferroviaire dans le 18e arrondissement de Paris en novembre 2020. © Michel RUBINEL / AFP

Selon David Belliard, un retour de trains de voyageurs ou de marchandise sur cet axe n'est à l'ordre du jour d'aucun schéma de transport de Paris ou d'Île-de-France. Reste donc une autre échéance à surveiller pour l'association, celle des élections municipales de 2026.

"On sait qu'il y a une volonté de cette municipalité d'augmenter les espaces verts tout en faisant face à un manque d'espace. Il est plus simple de compter sur la petite ceinture plutôt que de construire un nouveau parc en pleine ville", souligne Jean-Nicolas Lehec.

Amaury Tremblay