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Paris: un projet de statue en hommage à Johnny Hallyday embarrasse les écologistes

La symbolique de l'œuvre en l'honneur de l'interprète d'Allumer le feu déplaît à la maire écologiste du 12ème, arrondissement où le projet est censé être érigé.

Un projet de sculpture en hommage à la légende du rock va-t-il créer la polémique à Paris? C'est ce qui semble se profiler, selon Le Monde, qui a relaté le week-end dernier la réticence, à ce sujet, d'Emmanuelle Pierre-Marie, maire écologiste du 12ème.

C'est dans son arrondissement, devant l'AccorHotels Arena à Bercy, que doit voir le jour la statue d'une Harley-Davidson, moto fétiche de Johnny. Alors que le dossier devait être étudié le 23 juin dernier par le conseil d'arrondissement, l’élue l’a retiré de l’ordre du jour, rapportent nos confrères. De quoi faire bondir la droite, qui dénonce une décision de "censure verte" et des "considérations idéologiques et sectaires".

Une œuvre approuvée par Læticia Hallyday

Le monument en question a été imaginé par le plasticien Bertrand Lavier - dont l'association d'objets de la vie courante est la spécialité - à l’initiative de Kamel Mennour, galeriste parisien spécialisé dans l’art contemporain.

L’œuvre, approuvée par Laeticia Hallyday, rassemblerait deux éléments emblématiques du chanteur: sa fameuse bécane et sa guitare électrique. Une véritable Harley de couleur bleu métallisé devrait trôner sur le manche de l’instrument, haut de 4,75 mètres.

Offerte à la ville de Paris, la sculpture en acier doit être, si cette dernière l’accepte, érigée devant la célèbre salle de concerts de Bercy, où s’est produit Johnny Hallyday à de très nombreuses reprises, sur la place à son nom dont l’inauguration est prévue pour septembre prochain.

Un message incompatible avec les valeurs écologistes?

Mais la validation du projet de Kamel Mennour pourrait se voir compromise face au scepticisme d’Emmanuelle Pierre-Marie. Peu emballée par l’installation d’une grosse cylindrée en plein coeur de Paris, la maire y voit un symbole peu compatible avec les valeurs écologiques de lutte contre la pollution et les nuisances sonores.

"Johnny Hallyday est un immense artiste, et je me réjouissais à l’idée qu’une œuvre représente ce grand chanteur", assure-t-elle. "Là, je suis dubitative. Au moment où nous voulons créer une ville durable, apaisée, le projet met surtout en scène une Harley-Davidson, qui symbolise tout autre chose."

D’autant plus que la municipalité de la capitale, très engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique et pour la piétonisation de Paris, a récemment décidé de rendre payant le stationnement pour les motos et les scooters. De quoi s'attirer une avalanche de critiques, craint Emmanuelle Pierre-Marie, qui imagine déjà "les hommages pétaradants que ce monument risque de susciter".

"Il faut clairement se dire que là on fait la promotion de la Harley Davidson et d'une moto. Ce n'est pas forcément ce qu'on a envie de voir au niveau de Paris. Ma crainte c'est que lorsqu'on va passer devant l'AccorHotels Arena, devant cette espèce de statue, on se demande ce que c'est et que l'on ne pense pas particulièrement à Johnny Hallyday. Je trouve ça dommage", s'est également justifiée Fatoumata Koné, présidente EELV au conseil de Paris, sur BFM Paris.

Les Verts seuls contre tous?

Les socialistes de la mairie de Paris se montrent quant à eux plus enthousiastes, à l'image d'Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire Anne Hidalgo.

"Je soutiens évidemment cette œuvre", déclare-t-il. "Elle incarne Johnny Hallyday. La moto est un symbole très personnel de l’artiste."

Moins surprenant, les élus de droite défendent clairement le projet. Si elle admet que l’esthétique de la future statue puisse cliver, l’élue LR du 12ème arrondissement, Valérie Montandon, souhaite que le sujet puisse être prochainement examiné. Avant de marteler: "Les motos faisaient partie de la vie de Johnny, n’en déplaise aux Verts."

Léa Marie