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Paris: pour la mairie, "pas question de sacrifier" le parc où les fumeurs de crack sont regroupés

Depuis lundi soir, des toxicomanes se sont regroupés dans le parc des Jardins d'Eole après les tensions des derniers jours avec les habitants du quartier Stalingrad.

"Il n'est pas question de sacrifier les Jardins d'Eole", ce parc du nord-est de Paris dans lequel les fumeurs de crack sont "temporairement" regroupés depuis lundi soir après de récentes tensions avec les habitants dans le même secteur, a assuré mardi la mairie.

Dans un courrier adressé lundi au préfet de police, les adjoints Emmanuel Grégoire (urbanisme), Anne Souyris (santé) et Nicolas Nordman (sécurité) affirment "prendre acte" de la décision du préfet de police de Paris Didier Lallement d'évacuer le secteur de Stalingrad, place devenue un symbole de la détresse des riverains face à ce phénomène, et insistent sur le fait que l'ouverture prolongée des Jardins d'Eole pour les fumeurs de crack "ne peut être que temporaire".

Ils fixent l'objectif que les riverains puissent "jouir de ce jardin en toute tranquillité dès l'été".

Sanctuarisé pour les familles la journée

L'encadrement des usagers de drogues à l'intérieur du parc jusqu'à 01h00 du matin par des forces de l'ordre, des agents municipaux et des personnels médico-sociaux a "pour objectif, de notre part, de ne pas subir une évacuation sèche de Stalingrad", a expliqué mardi Emmanuel Grégoire, premier adjoint (PS) de la maire Anne Hidalgo, lors d'un point presse.

Une évacuation sans redirection des usagers "n'aurait fait que repousser le phénomène de quelques dizaines, au mieux de quelques centaines de mètres ailleurs", estime l'élu socialiste.

En journée, "nous sanctuarisons l'usage familial des Jardins d'Eole sur les deux tiers du parc", une zone "reconquise" après avoir été confrontée rapidement, après son ouverture en 2007, à l'occupation des toxicomanes, fait valoir Emmanuel Grégoire.

Des tirs de mortiers d'artifice début mai

A la fermeture des lieux, dont l'heure pourra être réévaluée, "il faut que les usagers de drogue se dispersent et rentrent dans les lieux dans lesquels ils dorment", hébergements d'urgence ou résidences privées, espère le premier adjoint.

Début mai, le parquet de Paris a ouvert une enquête après des tirs de mortiers d'artifice qui visaient un groupe de fumeurs de crack regroupés dans la rue et laissaient craindre une escalade de la violence avec des riverains excédés, qui ont rebaptisé leur quartier "Stalincrack".

Une nouvelle salle de repos

Emmanuel Grégoire a par ailleurs qualifié de "risible" la proposition du député LREM Mounir Mahjoubi d'installer une salle de consommation à moindre risque sur l'esplanade des Invalides. "Vous pensez qu'un seul consommateur de crack va y aller?", a raillé l'adjoint, pour qui les toxicomanes se retrouvent là où "il y a une mixité sociale".

Une salle de ce type existe à Paris depuis 2016, mais elle ne peut pas accueillir les usagers de crack car elle est saturée par un public d'héroïnomanes. Face à cette situation, les associations réclament la création de nouvelles salles dans plusieurs quartiers de Paris.

Si les adjoints ne sont pas allés dans ce sens, Anne Souyris a indiqué qu'une troisième salle de repos - qui permet aux usagers de dormir et se laver - devrait voir le jour prochainement dans un quartier plus central de Paris, sur les grands boulevards.

B.R. avec AFP