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Nouvelle semaine de tensions entre la mairie de Paris et Rachida Dati

Rachida Dati et Anne Hidalgo.

Rachida Dati et Anne Hidalgo. - LIONEL BONAVENTURE / AFP

La ministre de la Culture s'en est notamment prise à la maire de Paris après une révélation affirmant qu'elle aurait touché plus de 800.000 euros comme avocate d'Orange tout en étant député européenne. Des élus ont aussi réagi à "l'apéritif canin" organisé par la maire du 7e arrondissement.

La ministre de la Culture Rachida Dati s'en est prise ce vendredi 26 avril à la maire de Paris et à Libération, après la une du quotidien mardi affirmant qu'elle aurait touché plus de 800.000 euros comme avocate d'Orange tout en étant député européenne.

"J'ai un métier, j'ai été magistrat, c'est comme ça que je suis devenue avocate, c'est autorisé par la loi: vous pouvez être parlementaire élue et avocate", s'est défendue la ministre sur RTL.

"Que la mairie de Paris se serve de ce journal, puisque ce journaliste est un ami de Madame Hidalgo, pour pouvoir m'attaquer sur quelque chose de légal, est-ce normal ?" s'est interrogée Rachida Dati.

"Est-ce déontologique?"

La ministre de la Culture a également pointé du doigt ce qui révèle selon elle d'une préférence du quotidien envers la maire de Paris. "Est-ce que ce journal, qui est subventionné par la mairie de Paris, qui s'attaque à Rachida Dati, est-ce déontologique?" a-t-elle ajouté, questionnant un possible "conflit d'intérêts".

Rachida Dati s'en est également prise à Anne Hidalgo en affirmant que "contrairement à la maire de Paris", elle ne vivait "pas sur l'argent public."

Mardi, le journal Libération avait révélé que la ministre de la Culture aurait touché plus de 800.000 euros comme avocate d'Orange, alors qu'elle était députée européenne, entre 2010 et 2018.

L'ex-ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy et ex-députée européenne est mise en examen pour corruption et trafic d'influence passif par personne investie d'un mandat électif public depuis juillet 2021, dans l'enquête sur des contrats noués par une filiale de Renault-Nissan, quand Carlos Ghosn en était le PDG.

Peu après sa nomination rue de Valois, l'actuelle maire du 7e arrondissement de la capitale avait confirmé son intention de briguer la mairie de Paris en 2026. 

De son côté, la mairie de Paris a dénoncé la défense de la ministre de la Culture, "en charge de la communication, garante de la liberté de la presse" et qui "met en cause l'indépendance de la rédaction de Libération", rapporte l'entourage d'Anne Hidalgo à BFM Paris Île-de-France. "C'est grave et préoccupant de mettre ainsi à mal un principe fondamental de notre démocratie."

L'entourage de la maire de Paris souligne également que Rachida Dati n'a pas nié, lors de son passage sur RTL, "avoir reçu 800.000 euros du groupe Orange (...) ce qui laisse supposer que Rachidat Dati travaillait pour des intérêts privés en parallèle de ses mandats d'élue".

D'autres élus évoquent "une faute politique"

D'autres élus ont également réagi après la prise de parole de Rachida Dati. Lamia El Aaraje, adjointe à la mairie et condamnée pour un message sur les réseaux sociaux dans lequel elle évoquait un "beau palmarès" pour parler des différentes affaires concernant la ministre de la Culture, a de nouveau réagi dans un post sur X.

"Finalement, parler de beau palmarès, c'était être très loin du compte en réalité", a-t-elle déclaré avec ironie, citant la Une du journal sur Rachida Dati en début de semaine. "Une Ministre en roue libre, acculée par les accusations dont elle fait l’objet et qui contrevient gravement à la liberté de la presse", poursuit-elle dans un nouveau message ce vendredi.

Des réactions à l'apéritif canin

Les élus ne manquent pas non plus de réagir à "l'apéritif canin" tenu par la maire du 7e arrondissement ce mercredi, où elle a notamment reçu le chien du Premier ministre, Gabriel Attal.

L'adjointe à la mairie chargée de la vie associative Anouch Toranian évoque même une "faute politique" de la part de Rachida Dati, en raison de la commémoration nationale du génocide arménien qui avait lieu au même moment dans la capitale.

"'Je peux pas je dois baby-sitter le chien du Premier Ministre' … la nouvelle excuse à la mode qui vient remplacer le traditionnel 'je peux pas j’ai piscine'", écrit l'élue sur son compte X.

La conseillère de Paris Nelly Garnier, vice-présidente du groupe LR, évoque quant à elle des attaques qui se "multiplient" alors même que se rapproche l'échéance des élections municipales de 2026, qui pourraient être "la bascule historique qui tournera la page Hidalgo".

Nicolas Dumas avec L.R. et AFP