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Paris: des tensions éclatent après le démantèlement de 500 tentes, installées place de la République pour dénoncer les conditions de vie des migrants

L'opération de sensibilisation sur la situation des exilés organisée ce lundi soir par plusieurs associations a été suivie de heurts. Plusieurs élus parisiens, qui se sont rendus sur place, ont fait part de leur incompréhension, voire de leur "honte".

Elles avaient été montées en quelques minutes seulement. Ce lundi soir, vers 19h, 400 à 500 tentes ont été déployées par des associations ou des avocats sur le parvis de la place de la République, à Paris. Une opération coup de poing, initiée par l'association Utopia 56 et Médecins du Monde, destinée à sensibiliser sur les conditions de vie des migrants.

Moins d'une heure plus tard, les forces de l'ordre entamaient l'évacuation de ces logements de fortune et de leurs occupants. "La constitution de tels campements, organisée par certaines associations, n'est pas acceptable", a réagi la préfecture de police dans un communiqué, puisqu'elle constitue "une occupation illicite de l'espace public". Le démantèlement a pris fin entre 22h15 et 22h30, non sans tensions.

Outre les membres des associations, des élus étaient présents sur les lieux. C'est notamment le cas d'Audrey Pulvar, adjointe d'Anne Hidalgo. "Des citoyens engagés, des avocats, des élus s’interposent entre les forces de l’ordre et des migrants en errance, non obligés d’installer leurs tentes où ils le peuvent. Ordre de démonter, d’évacuer... mais pour aller où ?", s'est interrogée l'intéressée sur Twitter.

"Un spectacle lamentable"

Selon l'Agence France-Presse (AFP), les forces de l'ordre ont fait usage à plusieurs reprises de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement pour dissocier plusieurs groupes, dont certains convergeaient vers l'hypercentre de Paris. Un journaliste, qui s'était identifié comme tel, a également été plaqué au sol et matraqué, alors qu'il filmait la scène, a constaté un journaliste de l'AFP.

"Refugiés harcelés, élus nassés et empêchés de se rendre... Place de l'Hôtel de Ville. Voilà où nous en sommes. Honte", a réagi Ian Brossat, adjoint en charge de l'accueil des réfugiés, sur les réseaux sociaux.

"Des conditions dégradantes"

L'opération orchestrée par les associations survient moins d'une semaine après l'évacuation du camp de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). 4000 personnes avaient été sommées de quitter les lieux afin d'être placées dans des centres d'hébergement. Près de 1000 d'entre elles n'avaient pas pu être accueillies et erraient depuis dans les rues.

"Après l'évacuation de campements à Saint-Denis, nous proposons avec Ian Brossat deux lieux pour accueillir les réfugiés à la rue dans Paris", a fait savoir Anne Hidalgo sur Twitter en début de soirée, relayant un entretien accordé par son adjoint à Libération.

La mairie de Paris propose ainsi de mettre à disposition le parc des expositions de la porte de Versailles et l'espace Champerret. Et l'édile d'insister: "Ces dispositifs d’urgence ne peuvent remplacer durablement une prise en charge par l’État, dont c’est la compétence".

Thomas Herreman et Florian Bouhot