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Paris: enquête ouverte sur la pollution au plomb provoquée par l'incendie de Notre-Dame

Toutes les personnes qui se sont occupées de l'incendie de la cathédrale ainsi que les riverains vivant à proximité avaient été appelés à effectuer un test de plombémie à la suite de l'incendie du 15 avril 2019.

Une juge d'instruction enquête sur la pollution au plomb provoquée par l'incendie de Notre-Dame de Paris, a appris BFM Paris Île-de-France auprès du parquet, confirmant une information de l'AFP.

Mise en danger de la vie d'autrui

Les investigations ont été diligentées par le parquet en juillet 2021 à la suite d'un dépôt d'une plainte par l'association Henri Pezerat, deux familles de riverains et l'union départementale des syndicats CGT de Paris pour "mise en danger de la vie d'autrui". Ils se sont constitués parties civiles en juin 2022 et dénoncent un manque de mesure suffisante pour protéger la santé des riverains et des ouvriers après l'incendie de 2019.

D'après eux, l'Agence régionale de santé (ARS), la préfecture de police, la mairie de Paris ou encore le ministère de la Culture auraient dû prendre les mesures les plus drastiques juste après le brasier.

Ils s'inquiètent en outre de la dissémination accrue du plomb imputée au chantier titanesque lancé juste après l'incendie, ainsi que du manque de mesure de protection suffisantes pour les personnels intervenant sur les travaux.

"Nous demandons que des investigations soient menées rapidement afin que les responsabilités soient dégagées concernant la contamination d'enfants scolarisés ou vivant à proximité de Notre-Dame et concernant l'exposition massive des travailleurs présents sur le chantier", a commenté l'avocat des plaignants, François Lafforgue, auprès de l'AFP, "satisfait" de l'ouverture d'une information judiciaire.

"Cette enquête participera à apporter toutes les réponses aux questions sur la gestion des conséquences sanitaires de ce drame par les différentes autorités publiques compétentes", indique, dans un communiqué, la ville de Paris qui ajoute "prendre acte de cette désignation".

"L'ARS Île-de-France, n’ayant pas plus d’information que celle de l’ouverture d’une information judiciaire, se tient à la disposition de la justice pour apporter tous les éléments de réponse utiles à l’enquête", indique l'Agence auprès de BFMTV.

Une autre plainte, déposée par l'association Robin des Bois, avait été jugée irrecevable par la cour d'appel de Paris en décembre pour des raisons procédurales.

Contamination toxique

Des événements, comme l’incendie de Notre-Dame, qui a entraîné la fonte de 300 à 400 tonnes de plomb se trouvant dans la toiture, peuvent être à l’origine d’une exposition exceptionnelle au plomb.

Selon l'Inserm, la contamination au plomb, connue sous le nom de saturnisme, est toxique pour les enfants, les femmes enceintes et les adultes, et ce, à même de faibles concentrations. L’intoxication est généralement silencieuse mais des troubles digestifs (douleurs abdominales récurrentes, constipation, vomissements), du comportement (apathie ou irritabilité, hyperactivité), de l'attention et du sommeil ainsi qu’un mauvais développement psychomoteur peuvent en être symptomatiques.

Les particules de plomb pénètrent par les voies cutanées, respiratoires et digestives. Elles se répandent d'abord dans les tissus mous et le sang et migrent ensuite dans les os, où elles peuvent être stockées pendant plusieurs années.

Des taux anormalement élèves en plomb relevés

Après le drame en date du 15 avril 2019, des importants taux de concentration de plomb avaient été relevés à proximité de l'édifice religieux, laissant craindre des risques pour la santé. Une dépollution des sols avait alors été mise en place après que des valeurs hétérogènes soient constatées.

Anne Souryis, adjointe à la maire de Paris en charge de la santé, avait aussi appelé toutes les personnes concernées à effectuer un test de plombémie. "Je pense qu'il faut inviter toutes les personnes qui travaillent ou vivent sur le site à venir faire une plombémie pour que tout le monde soit rassuré", avait-t-elle affirmé en août 2019.

Un dépistage de grande envergure avait également été entrepris auprès des enfants vivant près de la cathédrale. En août 2019, selon l'Agence régionale de santé, en trois mois et demi, seuls deux cas de débordant le seuil de déclaration obligatoire avaient été relevés sur 175 plombémies effectuées sur des enfants.

Une information judiciaire est par ailleurs toujours en cours pour tenter de déterminer les causes de l'incendie. La réouverture totale du monument est prévue fin 2024.

Juliette Vignaud