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Paris: des centaines de tentes de jeunes réfugiés installées devant le Conseil d'État, la police intervient

Des centaines de tentes ont été installées devant le Conseil d'État par Utopia 56 le 20 juin 2023 pour dénoncer la situation que traversent des centaines de mineurs isolés.

Des centaines de tentes ont été installées devant le Conseil d'État par Utopia 56 le 20 juin 2023 pour dénoncer la situation que traversent des centaines de mineurs isolés. - BFM Paris Île-de-France

Cette opération de "visibilisation" a été menée ce mardi à l'occasion de la Journée mondiale des réfugiés. Utopia 56 demande des solutions d'hébergement d'urgence pour ces exilés.

Il est 20h. En l'espace de trois minutes, la place du Palais-Royal, dans le centre de Paris, change de visage. Des centaines de tentes vertes, rouges et bleues parsèment désormais cette esplanade qui fait face au Conseil d'État.

Ce n'est pas la première fois qu'Utopia 56 et d'autres associations humanitaires organisent une telle opération de "visibilisation". Mais en ce mardi 20 juin, Journée mondiale des réfugiés, elle revêt d'une importance particulière.

Ces collectifs de bénévoles s'émeuvent de la situation traversée par quelque 600 jeunes réfugiés n'ayant pas été reconnus mineurs par l'aide sociale à l'enfance. Voilà 77 jours que ces exilés sont installés dans une école désaffectée de la rue Erlanger, dans le 16e arrondissement.

"L'État était en grand silence"

"L'État était en grand silence, la préfecture aussi", assène Océane Marache, coordinatrice d'Utopia 56 au micro de BFM Paris Île-de-France. "On a décidé, du coup, de sortir de l'école, de se visibiliser, et de venir devant le Conseil d'État, qui est quand même garant des droits, pour demander une mise à l'abri urgente et immédiate pour ces jeunes."

Jusqu'ici, les cris d'alarme lancés par les associations et les élus écologistes n'ont eu aucun impact sur le quotidien des réfugiés. "Ça s'enlisait, peste l'intéressé. C'est un lieu où il n'y avait pas d'eau, pas d'électricité", où les jeunes "s'entassaient" et étaient contraints de "dormir au sol".

"C'était invivable. C'était une situation de détresse humanitaire", s'indigne encore Océane Marache, qui a mené cette action dans l'espoir "qu'enfin les choses bougent".

Des exilés interpellés

Peu après l'installation des tentes, les sirènes commencent à résonner dans les rues du 1er arrondissement. Main dans la main, les bénévoles encerclent alors les exilés et forment une "chaîne de solidarité".

Les forces de l'ordre finissent quand même par intervenir dans une atmosphère tendue. "Liberté, égalité" entonnent à plusieurs reprises les bénévoles sous les yeux des policiers.

"En face du Conseil d’État, face à une occupation pacifique, la préfecture du police nasse et violente les jeunes, fustige Utopia 56 sur son compte Twitter. Devant ce lieu 'garant des droits et de libertés', la seule réponse donnée est l’indignité." Et le collectif d'ajouter: "La police sort les jeunes des tentes avec violence".
Des réfugiés expulsés de la place du Palais Royal, où ils s'étaient installés.
Des réfugiés expulsés de la place du Palais Royal, où ils s'étaient installés. © BFM Paris Île-de-France

D'après Utopia 56, plus de 20 exilés ont été interpellés ce mardi soir, "sans autre raison que celle de vouloir accéder à leur droit".

Le 12 juin dernier s'est tenue une audience relative à l'expulsion des jeunes migrants de l'école désaffectée de la rue Erlanger. Le délibéré sera rendu le 30 juin.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions