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"Le harcèlement tue": le combat de la mère d'Alisha, adolescente jetée dans la Seine à Argenteuil en 2021

La mère d'Alisha, une adolescente de 14 ans morte noyée dans la Seine après avoir été poussée par deux camarades de classe, explique sur BFM Paris Île-de-France que son "combat n'est pas fini".

Après le deuil, la lutte pour les autres enfants. Trois ans après la mort d'Alisha, une jeune fille de 14 ans victime de harcèlement à Argenteuil, sa mère Jenny entame une nouvelle étape de son parcours de reconstruction: elle s'engage avec l'association Jeune et Engagé pour apporter son aide dans la prévention contre le harcèlement.

Invitée de BFM Paris Île-de-France ce mardi 12 mars, Jenny Khalid explique être "encore en formation pour expliquer les choses" aux jeunes, mais ne s'interdit pas d'intervenir déjà dans les établissements scolaires pour parler avec les adolescents, qu'ils soient victimes… ou harceleurs.

Les deux jeunes qui ont frappé puis jeté Alisha dans la Seine, entraînant sa mort, avaient été condamnés en appel en octobre 2022 à 13 et 10 ans de prison pour "assassinat" et "meurtre".

Pas de "voyeurisme"

En effet, à la suite de ses interventions en milieu scolaire, la mère d'Alisha explique que des enfants eux-mêmes auteurs de harcèlement sont venus la voir pour discuter. "Ils ne sont pas conscients qu'ils sont des harceleurs, mais ils le comprennent quand nous expliquons en quoi consiste le harcèlement, quand ça commence", relate Jenny Khalid.

En rappelant que le "harcèlement tue", elle explique par ailleurs que son engagement associatif dans cette lutte lui permet de "plus parler" comparé à un temps aujourd'hui révolu, où elle était une "maman qui était plutôt fermée". Paul Aïss, directeur de l'association Jeune et Engagé, ajoute que les interventions de Jenny Khalid ne sont "pas là pour faire du voyeurisme et tomber dans le mélodramatique", mais qu'elles ont un but de sensibilisation du jeune public notamment.

Ce jeune public que l'on doit écouter davantage selon Jenny Khalid, la mère d'Alisha, car "des fois les enfants ne parlent pas du harcèlement, mais il faut les forcer à en parler." Dans ses mots, la maman de la jeune Alisha partage d'ailleurs son regret de ne pas avoir davantage écouté sa fille lorsque celle-ci souffrait de harcèlement au sein de son établissement scolaire.

"J'étais dans le déménagement, dans le ménage, dans un nouvel environnement… Mais un jour elle est venue me parler pour me dire "Maman, tu ne sais pas c'est quoi le harcèlement, tu ne connais pas", décrit la mère d'Alisha sur BFM Paris Île-de-France. "Des photos de ma fille ont circulé, à l'époque je ne savais pas quoi faire ni comment réagir".

"Les enfants n'arrivent pas à le dire aux parents"

Harcelée par ses camarades de classe à la suite d'une histoire d'amour et de jalousies, Alisha a été frappée puis poussée dans le Seine le 8 mars 2021 à Argenteuil, avant de se noyer. Les auteurs du harcèlement et de la bousculade mortelle, un jeune homme et une jeune femme de 16 ans, ont été respectivement condamnés en appel à 13 et 10 ans de prison pour assassinat et meurtre.

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"On ne peut pas être satisfait de tout mais ça m'a fait du bien. On doit être satisfaits car on est des humains, et c'était important qu'ils aient une punition après ce qu'ils ont fait", dévoile Jenny Khalid. "Je vois que la justice fonctionne mieux depuis la mort d'Alisha", ajoute-t-elle, tout en demandant à ce que les policiers commencent à prendre plus les choses en main".

"J'ai été au commissariat mais je n'avais pas le temps pour porter plainte. L'enfant doit pouvoir porter plainte sans la présence de la maman! Car des fois les enfants sont fermés et n'arrivent même pas à le dire à leurs parents", revendique la mère d'Alisha.

Si elle déplore que les bourreaux de sa fille ne souhaitent pas lui parler aujourd'hui, Jenny Khalid veut désormais faire preuve de bienveillance au service des autres. "Je suis une maman, j'ai perdu mon enfant, mais aujourd'hui je suis là pour protéger les autres enfants pour que les parents ne pleurent pas comme moi je pleure aujourd'hui", conclut la maman de l'adolescente tuée en mars 2021.

Alexis Lalemant Journaliste