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Lafarge: Ports de Paris renforce ses contrôles et envisage des sanctions

Pour la juge en charge de l'enquête, "la démonstration que les services de renseignement avaient une connaissance circonstanciée des agissements" de Lafarge et de ses dirigeants, "est sans incidence" sur l'éventuelle responsabilité pénale du cimentier.

Pour la juge en charge de l'enquête, "la démonstration que les services de renseignement avaient une connaissance circonstanciée des agissements" de Lafarge et de ses dirigeants, "est sans incidence" sur l'éventuelle responsabilité pénale du cimentier. - Franck Fife - AFP

Le cimentier français est soupçonné d'avoir déversé des eaux contenant du béton dans le fleuve.

Ports de Paris, qui attribue les concessions sur les berges de Seine, a annoncé ce jeudi à l'Agence France-Presse (AFP) renforcer ses contrôles et envisage de fortes sanctions contre Lafarge, si l'enquête en cours conclut à un écoulement délibéré de matériaux polluants dans le fleuve.

"Si l'enquête préliminaire conclut à un acte délibéré, c'est l'existence même de l'installation qui est remise en cause", met même en garde Antoine Berbain, directeur général d'Haropa-Ports de Paris. Dans ce cas, l'établissement public se portera partie civile, a-t-il ajouté.

"Les faits qu'on a pu constater chez Lafarge nous ont profondément choqués" poursuit-il. Au point que Ports de Paris lancera vendredi un plan d'actions qui renforce les contrôles sur la trentaine d'usines à béton installées en bords de Seine en Île-de-France.

"Un plan d'action très sévère" lancé par l'entreprise

"LafargeHolcim a mis en place un plan d'action très sévère afin que ce genre de problème ne se produise plus jamais", a répondu un porte-parole du cimentier, sollicité par l'AFP.

"Ce plan d'action a été communiqué à Haropa, aux représentants de l'Etat et à la mairie de Paris", a ajouté ce porte-parole en précisant que "la mise en place concrète des dispositions de ce plan d'action sera vérifié par un bureau de contrôle indépendant".

Le directeur général d'Haropa-Ports de Paris assure lui vouloir "tirer toutes les conséquences de cet incident. Nous allons renforcer nos exigences contractuelles. Les entreprises auront obligation de nous prévenir d'un incident dans les douze heures".

Un dispositif de sanctions renforcé

"On a un dispositif de sanctions qu'on renforce", qui peut aller de sanctions financières "jusqu'à la résiliation du titre" d'exploitation. Si ce titre est résilié, l'exploitant "doit arrêter son activité et démonter ses installations", précise Antoine Berbain.

Ce plan d'action met aussi en place un processus de contrôles inopinés des sites par Ports de Paris. Jusque-là, l'institution réalisait un audit annuel et l'entreprise était prévenue de la date.

Enfin, le texte prévoit la création d'une adresse email, drse@paris-ports.fr, pour permettre aux riverains de signaler les incidents ou de partager leurs soupçons avec Ports de Paris, qui "s'engage à répondre dans les 48 heures aux demandes". "Ce sera aussi un moyen pour nous d'orienter nos contrôles", précise le directeur général.

La Mairie de Paris a estimé auprès de l'AFP que ces décisions allaient "dans le bon sens : des règles plus strictes et des contrôles plus fréquents".

Une "grande consultation" à venir

"Nous demandons depuis plusieurs années à Ports de Paris de nous associer au choix des destinations de site, des opérateurs, des modalités du cahier des charges", a ajouté la Ville de Paris.

Celle-ci demande une "grande consultation" avec Ports de Paris pour être "pleinement associée à la gestion de son fleuve".

Elle se réserve aussi le droit de se porter partie civile dans ce dossier, ajoute-t-elle.

Depuis fin août, Lafarge-Holcim fait l'objet d'une enquête du parquet de Paris pour "déversement de substances nuisibles par personne morale", "jet ou abandon par personne morale de substances nuisibles" et "utilisation de produits phytosanitaires sans respecter les conditions d'utilisation".

L'Office français de la biodiversité (OFB) a constaté le 27 août une "suspicion de pollution de la Seine par une entreprise de travaux publics".

Pour cette suspicion de pollution, Lafarge s'est dit "victime" début septembre, affirmant que l'écoulement en question était le fait "d'un accident exceptionnel provoqué par un acte malveillant", et n'était en rien un acte volontaire de l'entreprise.

F.B. avec AFP