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L'Haÿ-les-Roses: deux mois après l'attaque de son domicile, le maire évoque un "trauma"

Le maire de l'Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun quittant l'Élysée le 4 juillet 2023.

Le maire de l'Haÿ-les-Roses Vincent Jeanbrun quittant l'Élysée le 4 juillet 2023. - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Le domicile de l'élu avait été attaqué à la voiture-bélier lors d'une nuit d'émeutes, alors que sa femme et ses enfants se trouvaient dans la maison. Deux mois plus tard, le maire évoque un traumatisme qui perdure et une nouvelle prise de conscience politique.

"Le plus dur est passé, maintenant, c'est le plus long qui est devant nous." Deux mois après l'attaque de son domicile à la voiture-bélier lors des émeutes, le maire de L'Haÿ-les-Roses donne de ses nouvelles dans une interview accordée à Une certaine idée, le média digital du parti des Républicains.

"On a eu beaucoup de chance, puisque ma femme et mes enfants sont vivants, sont là. Il y a tellement pire qui aurait pu nous arriver", déclare Vincent Jeanbrun. "Et en même temps, c’est sûr qu’il y a un trauma, il y a un besoin de digérer, un besoin de le surmonter."

Sa famille ciblée, son épouse blessée

Dans la nuit du 1er au 2 juillet dernier, en marge des émeutes liées à la mort du jeune Nahel à Nanterre, le domicile du maire LR de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) avait été pris pour cible par une voiture-bélier guidée par des émeutiers et qui avait ensuite été incendiée.

Réveillés en pleine nuit, l'épouse et les enfants de l'élu avaient cherché à s'enfuir en passant par le jardin de la maison, et avaient été ciblé par des tirs de mortier, alors même que l'élu se trouvait encore à la mairie ce soir-là.

"Ma femme avait eu l'idée de dire: 'si jamais il faut qu'on s'enfuie, on met un escabeau au fond du jardin le long du mur des voisins'", avait expliqué Vincent Jeanbrun sur BFMTV-RMC au lendemain des faits.

Une fois passée de l'autre côté du mur, la femme du maire avait chuté et s'était blessée. Elle avait dû être transportée d'urgence à l'hôpital, le maire indiquant plus tard qu'elle s'était "brisé le genou".

Deux mois plus tard, le maire explique que son épouse ne pourra "pas marcher ou conduire avant le mois de décembre".

"L'attaque, elle change tout"

Au-delà des séquelles physiques de sa femme, Vincent Jeanbrun évoque ce jeudi les conséquences psychologiques de l'attaque sur sa famille.

"L'attaque, elle change tout, en réalité. La façon dont vous abordez le monde, la façon dont vous vous sentez ou pas en sécurité d'aller et venir. En tant qu'élu, en tant que personne politique engagée, j'avais toujours dans un coin de ma tête l'idée qu'il pouvait se passer quelque chose, que je pouvais être ciblé, mais si ce n'est pas quelque chose qui m'inquiétait spécifiquement."

Le maire estime ainsi que cette attaque établit un précédent concernant les attaques envers les élus. "Maintenant, pour moi, mais d'ailleurs pour tous les élus en France, la famille, le foyer, peut être un point d'attaque, peut être une cible. Et d'un coup, il n'y a plus juste sa personne à mettre en sécurité, il y a la famille."

Un changement dans sa vision politique

Vincent Jeanbrun explique également en quoi cette attaque a opéré un changement dans sa ligne politique. Le maire LR évoque ainsi "une forme de naïveté" dans sa vision politique avant l'attaque à son domicile.

"J'ai toujours avancé avec cette idée de dire que la République, elle allait de soi, elle s'imposait. (...) Je mesure à quel point, à cause de ces émeutes, à cause de cette attaque, en réalité, rien n'a changé. Depuis la nuit des temps, l'homme peut être un loup pour l'homme, et la République, ça ne va pas de soi, ça se défend."

Après l'attaque au domicile de l'élu, une enquête a été ouverte par le parquet de Créteil pour tentative d'assassinat. Douze personnes avaient été interpellées, certaines déjà connues des services de police, avant que leur garde à vue ne soit levée.

Laurène Rocheteau