BFM Paris Île-de-France
Paris Île-de-France

JO Paris 2024: évacués des jardins ouvriers, les opposants à la piscine d'Aubervilliers poursuivent en justice

Manifestation, en raison de la tenue des Jeux olympiques en 2024 en Seine-Saint-Denis, le 13 décembre 2020. (Image d'illustration)

Manifestation, en raison de la tenue des Jeux olympiques en 2024 en Seine-Saint-Denis, le 13 décembre 2020. (Image d'illustration) - Christophe ARCHAMBAULT / AFP

Saisie en urgence, la cour administrative d'appel de Paris, compétente pour les contentieux relatifs aux Jeux Olympiques, devra rendre sa décision au plus tard lundi.

Les opposants à la construction d'une piscine d'entraînement pour les JO de Paris 2024, qui implique de rogner des jardins ouvriers à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), ont fustigé mercredi devant la cour administrative d'appel de Paris un projet incompatible avec l'urgence écologique.

"Si on construit le projet sur les jardins familiaux, il y a rupture du corridor écologique", a soutenu Pierre Heddi, avocat des cinq requérants, trois jardiniers et deux associations de défense de l'environnement.

Ils ont saisi en urgence, via un référé-suspension, la cour administrative d'appel de Paris, compétente pour les contentieux relatifs aux Jeux Olympiques.

L'audience intervient une quinzaine de jours après que des militants écologistes ont été évacués par les forces de l'ordre des jardins qu'ils occupaient depuis quatre mois. Certains continuent de se relayer aux abords du site, désormais inaccessible.

"Noyaux primaires de biodiversité"

Dispense d'évaluation environnementale, critique sur la légalité du permis de construire en conseil municipal, épaisseur du toit végétalisé de la piscine, places de stationnement... Les avocats ont minutieusement débattu des points d'achoppement du projet.

"Les jardins des Vertus sont des noyaux primaires de biodiversité avec une sensibilité environnementale particulière", a plaidé Me Heddi.

"A cet endroit là, c'est une gare de bus, un parking et les jardins", a rétorqué Me Philippe Peynet, avocat de la Ville d'Aubervilliers, soutenant que la zone est déjà artificialisée. "Ce n'est pas le centre nautique qui va fondamentalement dégrader la situation."

La piscine permettra de combler la carence d'infrastructures dont souffre la Seine-Saint-Denis, restreignant l'apprentissage de la natation, a-t-il ajouté.

Décision rendue lundi au plus tard

Les jardins ouvriers des Vertus, enclave centenaire de 2,5 hectares au pied des tours, doivent être amputés de 4.000 m2 pour la construction de cet ouvrage d'un coût de 33 millions d'euros. Sa livraison est prévue au plus tard le 26 juin 2024, soit un mois avant l'échéance sportive mondiale.

La majorité des jardiniers concernés ont été relogés sur d'autres parcelles voisines par Grand Paris Aménagement, détenteur du terrain.

"Certains vieux projets ressortent par opportunité pour être raccrochés au projet des JO", a commenté le juge qui présidait l'audience, émettant au passage "des doutes sérieux" quant à la mise en oeuvre du projet.

La décision sera rendue au plus tard lundi.

Des collectifs de défense de l'environnement ont appelé à manifester samedi à Aubervilliers, pour protester contre la piscine et plus largement contre le projet de réaménagement du quartier, qu'ils estiment en voie de "gentrification".

M.L. avec AFP