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"Je suis toujours sous le choc": la victime d'une agression homophobe dans un bar parisien témoigne

La devanture du Bon Tivoli, où un jeune homme de 19 ans a subi agression homophobe vendredi 15 mars, ici pris en photo en mars 2023.

La devanture du Bon Tivoli, où un jeune homme de 19 ans a subi agression homophobe vendredi 15 mars, ici pris en photo en mars 2023. - Capture d'écran/Google Street View

Amos, 19 ans, a été la cible d'une violente agression homophobe dans un bar-restaurant parisien mi-mars. Un rassemblement de soutien est organisé ce jeudi place de la République.

Près de deux semaines après son agression homophobe, Amos récupère peu à peu. Natif de la République démocratique du Congo où il subissait un "harcèlement" homophobe, le jeune homme de 19 ans a quitté son pays en 2023 pour rejoindre la France, où il espérait pouvoir vivre en paix.

Mais vendredi 15 mars, il a violemment été pris à partie alors qu'il évoquait à haute voix sa relation avec son compagnon dans un bar-restaurant du 10e arrondissement de Paris. Il raconte ce jeudi cet événement traumatisant auprès de France Inter et du média Têtu.

"J'ai vu un homme se lever de la table. Il m'a dit 'les gays, vous ne pouvez pas vous asseoir ici'", raconte-t-il à la radio publique.

Vêtements déchirés, pantalon baissé

Le jeune homme esquive ensuite un jet de bouteille provenant de cet homme, avant que plusieurs autres boissons et bouteilles ne lui soient lancées dessus. Mais peu après, il fait face à plusieurs personnes qui se jettent sur lui.

"Au moins six personnes ont déboulé sur moi pour me frapper, la vidéosurveillance du bar le montre. Mon ami a pris des coups, des baffes je pense, et s'est échappé avant de me retrouver plus tard dans la soirée", raconte-il. Par la suite, Amos tente de quitter l'établissement mais ses agresseurs le prennent à nouveau pour cible.

"Ça dure peu de temps, je cherche à m'échapper, mais les autres me frappent, déchirent mes vêtements, me tirent les cheveux et baissent mon pantalon sur les chevilles. C'est très humiliant", confie le jeune homme.

Vidéo publiée sur TikTok

L'agression ne prend fin que lorsqu'un un passant crie et annonce qu'il appelle la police, avant de venir en aide à Amos. Les agresseurs prennent alors la fuite et le patron du bar abaisse son rideau de fer, sans une attention envers la victime.

Un témoin a filmé l'agression avant de publier l'enregistrement sur son compte TikTok. Si le compte a depuis été supprimé, la victime a pu en conserver un enregistrement qu'il conserve comme preuve.

La victime a porté plainte et le parquet de Paris a ouvert une enquête pour violences en réunion en raison de l’orientation sexuelle avec arme ayant entraîné une incapacité de travail de moins de 8 jours, atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel et dégradation de bien privé en réunion. Selon les informations de Têtu, aucune interpellation n'aurait été réalisée à ce jour.

"J'ai peur qu'on me reconnaisse"

"Aujourd'hui, ça va un peu mieux, même si j'ai toujours un œil amoché et que je suis toujours sous le choc. J'ai coupé mes cheveux et je porte une capuche car j'ai peur qu'on me reconnaisse, la vidéo a beaucoup tourné", témoigne Amos auprès de Têtu.

Le jeune homme a encore du mal à croire qu'il ait pu "vivre ça en France, en plein Paris...". "Je suis parti (de la République démocratique du Congo) à cause de ça, à cause des injustices, des discriminations, au sein d'abord de la famille, et je le revis encore ici en France", regrette-t-il.

Ce jeudi 28 mars, un rassemblement en soutien à Amos est organisé place de la République à 18h30, à l'appel de plusieurs associations LGBTQI+. Plusieurs partis (EELV, LFI, PCF, NPA) et responsables politiques ainsi que la CGT et le mouvement antifasciste La Jeune Garde ont annoncé qu'ils seraient présents à ce rassemblement. Le secrétaire général du PS Olivier Faure a également appelé "les socialistes" à s'y rendre.

Toujours traumatisé, Amos ne participera pas à l'événement, mais son conjoint sera présent.

Selon SOS Homophobie, en 2022, une personne a été agressée parce qu'elle était LGBTQI+ en moyenne tous les deux jours. L'association a par ailleurs recensé près de 1.200 récits faisant état de LGBTphobie cette année-là.

Glenn Gillet