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"Je n'ai plus de recours": la détresse d'une mère de famille, expulsée de son logement avec ses trois filles dans le Val-d'Oise

La famille avait construit une maison sur un terrain qu'elle louait à la communauté d'agglomération. Mais cette dernière a décidé de ne pas renouveler le bail en 2012, et évoque aujourd'hui une expulsion justifiée.

Huit mois à voguer de logement en logement. L'été dernier, Catherine de Sousa et ses trois filles ont été expulsées de leur maison de Montmagny, dans le Val-d'Oise. La famille vivait depuis 30 ans sur un terrain loué, sur laquelle Catherine et son mari avait fait construire leur maison et un espace pour leur activité professionnelle.

Mais en 2012, la communauté d'agglomération, propriétaire du terrain, avait décidé de ne pas renouveler le bail. Après une longue procédure judiciaire, Catherine s'est retrouvée à la rue en 2023. Du logement qu'elle occupait depuis des décennies, elle ne voit plus qu'un portail cadenassé.

"Je n'ai plus de logement. Je ne comprends pas. Mon avocat a contacté la mairie, j'ai essayé de les joindre. Il a même envoyé un courrier expliquant ma situation", raconte Catherine au micro de BFM Paris Île-de-France. "Mais je ne suis pas logée, je n'ai plus de logement. Je n'ai plus de recours."

Ses filles ne vivent plus avec elle

Catherine a même dû se séparer de ses filles pour permettre à ces dernières d'avoir un toit. Elles sont logées chez des amis et vivent de logement en logement. Une situation pesante, surtout pour la plus jeune, encore au collège.

"Je suis triste. Je trouve pas ça normal que je sois pas avec maman", déplore Marie*, âgée de 14 ans. "La seule chose que je voudrais, c'est pouvoir être dans un logement avec maman, et pouvoir continuer mes études."

Pour aider financièrement sa mère, la fille aînée de Catherine, Cassandra, a quant à elle arrêté ses études pour pouvoir commencer à travailler.

"J'ai fait différents métiers. Je n'ai pas cherché à faire compliqué. J'ai été sur un tapis de tri, j'ai trié des carcasses d'animaux, j'ai fait caissière... Je ne cherche pas à trouver un métier qui me plaît, mais je n'ai pas envie que mes soeurs aient le même parcours que moi", déclare-t-elle. "J'ai justement envie qu'elles puissent avoir un logement, continuer leurs études, faire le métier qui leur plaît."

L'agglomération évoque une expulsion justifiée

Catherine et son mari avaient bien tenté en 2005 d'acheter le terrain sur lequel se trouvait leur maison, mais n'avaient pas pu le faire en raison d'une préemption de la communauté d'agglomération. Le couple continuait alors de payer un loyer à cette dernière, jusqu'au refus de renouvellement du bail en 2012.

Engagée dans une bataille judiciaire avec l'agglomération pour pouvoir garder ce terrain sans lequel elle ne pouvait travailler, Catherine a également perdu son mari deux ans plus tard. Après son expulsion l'été dernier, la mère de famille a fait une demande de logement social auprès de la mairie, mais n'a pas pu en bénéficier.

De son côté, la communauté d'agglomération invoque une expulsion tout à fait justifiée.

"Elle payait un loyer où les constructions d'habitation sont interdites, donc c'était complètement illégal", explique Luc Strehaiano, président de la communauté d'agglomération Plaine Vallée. "Elle a refusé de quitter, bien que nous ayons eu deux décisions de justice successives qui nous ont été favorables. Ce qu'il ne faut pas oublier non plus, c'est que madame de Sousa a reçu près de 83.000 euros d'indemnités lorsqu'elle a quitté son terrain."

Aujourd'hui, Catherine ne peut pas néanmoins pas louer de logement, car elle n'a pas de fiches de paie, exerçant une profession libérale, qui nécessite justement qu'elle ait un logement pour pouvoir continuer son activité. Pour l'aider financièrement, ses filles ont même ouvert une cagnotte en ligne.

* Le prénom a été modifié.

Rémi Sanlis, Ariane Limozin avec Laurène Rocheteau