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Incendie mortel à L'Île-Saint-Denis: traumatisés, des habitants demandent un relogement

Près d'une semaine après le drame, la colère et l'inquiétude dominent à L'Île-Saint-Denis. Les habitants sont nombreux à demander un relogement, refusant de retourner vivre dans leur immeuble.

Près d’une semaine après l’incendie mortel, les images du drame hantent les rescapés dans la cité Maurice-Thorez à L'Île-Saint-Denis. Ce mercredi, installés à l'abri du soleil, les habitants de cet immeuble de 12 étages en partie calciné partagent leur inquiétude et leur colère.

"Franchement avec tous les travaux qu’ils peuvent faire, toutes les rénovations, nous, on refuse catégoriquement de retourner dans l’immeuble", rapportent des habitantes du 2e et du 10e étage à BFM Paris Île-de-France.

Elles ne sont pas les seules à ne plus vouloir remettre les pieds dans cette tour de 12 étages. De nombreux locataires réclament un relogement rapide après l'incendie qui a fait trois morts et plusieurs blessés.

"C'est un choc pour tout le monde"

"On a eu peur, on a vu nos voisins mourir", poursuivent les deux locataires. Notamment cette voisine du 10e étage. "Elle a sauté, c’est un choc pour tout le monde. Là ce qu’il vient de se passer, c’est un drame", appuient les deux jeunes femmes.

L’incendie s’est déclaré samedi dernier aux alentours de 9h30. Le feu a pris dans les étages les plus hauts de l’immeuble. Il a fait trois morts dont un adolescent de 13 ans par défenestration. Une femme de 25 ans s’est aussi "jetée du haut de l’immeuble", rapportait ses proches à BFM Paris Île-de-France. Elle est morte après sa chute de 10 étages.

Ces scènes marquent encore aujourd’hui les habitants. "Moi je ne veux pas y retourner, explique une habitante. C’est la première fois que je voyais mon fils en larmes en train de pleurer." Cette mère de famille refuse une vie "dans un bâtiment où, au moindre petit bruit, je me dirais qu’il y a le feu. Psychologiquement, ce n’est pas possible".

L’immeuble, situé dans la cité Maurice-Thorez, a été en proie aux flammes à deux reprises en moins de trois ans. Le dernier a viré au drame humain avec les trois morts et la vingtaine de blessés.

"C’est vraiment un ras-le-bol ce qu’il vient de se passer car on a l’impression que les logements sociaux sont laissés à l’abandon, s’agace une habitante du 12e étage. En fait, on est livré à nous-même."

Chargé de reloger les sinistrés, le bailleur social reconnaît l’urgence de la situation de ces familles même si la majorité des habitants de l’immeuble devront rejoindre leur logement faute de solution.

"On comprend bien évidemment la réticence"

"On comprend bien évidemment la réticence de certains locataires, explique Cécile Mage, directrice régionale adjointe de Seine-Saint-Denis habitat. Pour autant, nous avons rencontré l’ensemble des locataires des cinq étages les plus hauts qui sont concernés par les relogements d’urgence sur les lesquels nous travaillons et parmi eux, certains veulent déjà revenir dans l’immeuble."

Dans un point de situation communiqué ce jeudi, Seine-Saint-Denis habitat affirme que ses équipes "avancent sur les diagnostics de l’immeuble et les premiers travaux nécessaires à la réintégration des logements".

D’après les chiffres livrés par le bailleur social, "plus de trente familles sont actuellement prises en charge par Seine-Saint-Denis habitat". Les autres locataires "sont logés chez des proches ou absents pour le moment", précise-t-il.

Des solutions de relogement pérenne sont recherchées pour 20 familles "pour lesquelles il n’est pas possible d’envisager une réintégration de leur appartement", poursuit le bailleur social qui annonce qu’à ce jour dix propositions de relogement ont été adressées.

Des premières visites de logements, situés sur L'Île-Saint-Denis et dans les autres communes du territoire, ont également eu lieu.

Seine-Saint-Denis habitat ajoute que "sept ménages ont déclaré vouloir rester impérativement sur la commune de L’Île-Saint-Denis. Certains d’entre eux souhaitent impérativement être relogés dans la résidence Maurice-Thorez" et "13 ménages sont ouverts à d’autres communes du territoire".

Aucune date de réintégration dans l'immeuble n’a encore été fixée. Les opérations de nettoyages et de décontamination ont néanmoins commencé.

Charlotte Lesage