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Île-de-France: l'opposition dénonce une baisse de la dotation de fonctionnement des lycées

De son côté, la région affime que la dotation est en hausse et qu'elle prend en compte l'inflation.

Une dotation qui ne passe pas. Ces derniers jours, l'opposition de gauche à la région Ile-de-France ainsi que plusieurs syndicats enseignants ont dénoncé la baisse de dotation de fonctionnement versée par la région aux lycées. Une baisse sur le budget 2023 qui serait de près de 18 millions d'euros au total.

"Un braquage des caisses"

Alors que la présidente du groupe communiste à l'Assemblée régionale Céline Malaisé dénonce "un véritable braquage des caisses", la majorité assure que "la dotation globale de fonctionnement des lycées est en hausse" et intègre l'inflation.

Cette différence de perception s'explique en réalité par un nouveau mode de calcul et une mesure d'écrêtage prise par la région afin de faire des économies. Pour 2023, une différence existe entre la dotation globale de fonctionnement calculée et la dotation notifiée.

"Plutôt que de donner la somme habituelle, la région a demandé aux établissements d'aller chercher dans les réserves qu'ils avaient et qui étaient le fruit d'économies potentielles d'années précédentes et alors que les proviseurs avaient peut être des projets", explique Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, auprès de BFM Paris-Ile-de-France.

"Ceux qui ont des fonds dont les montants sont supérieurs à plus de trois mois de dépenses de fonctionnement seraient écrêtés. C’est-à-dire que la région va déduire de la dépense générale de fonctionnement, le montant en surplus", abondait il y a peu auprès du Parisien, Sébastien Volpoët, coordonnateur du SNPDEN-UNSA en Île-de-France.

- 184.000 euros pour le lycée Lakanal de Sceaux

Interrogé, l'exécutif régional assume et assure avoir "tenu compte de la réalité de la trésorerie dans les établissements pour ajuster les montants effectivement versés aux établissements".

"Il y a 75 millions d’euros qui dorment sur les comptes des lycées qui ne sont pas dépensés, qui ne sont pas non plus affectés. Cette année, nous avons regardé pour que chacun participe à l'effort collectif pour notamment tenir compte de l'augmentation des coûts de l'énergie, pour tenir compte notamment de l'augmentation des coûts des denrées alimentaires", justifie James Chéron, vice-président (UDI) d'Ile-de-France chargé des lycées.

Si cette baisse de la dotation, entre la dotation calculée et la dotation notifiée, touche le territoire dans son ensemble, elle varie d'un département à l'autre. C'est la capitale qui est la plus touchée avec une baisse de 29,8%, juste devant les Hauts-de-Seine (28,6%). En Seine-Saint-Denis, cette diminution est de 17,6%.

Résultat, à Paris, huit lycées sur dix vont voir leur dotation diminuer et ils seront sept sur dix en Seine-Saint-Denis. Dans ce département, le lycée le plus touché sera le lycée Jacques-Feyder d'Epinay-sur-Seine avec une baisse de 132.000 euros. Dans les Hauts-de-Seine, ce chiffre va même grimper jusqu'à 184.000 euros pour le lycée Lakanal de Sceaux.

La conseillère régionale communiste Céline Malaisé assure par ailleurs, qu'avec ces changements, les dotations de la région accordées aux lycées publics sont "pour la première fois depuis la décentralisation", inférieures à celles des lycées privées.

Un manque de concertation

De leur côté, les syndicats de professeurs disent comprendre la volonté de la région de faire des économies dans le contexte actuel. Ils déplorent toutefois un manque de concertation avec l'exécutif régional sur la question.

"Les chefs d'établissement ont été mis devant le fait accompli sans discussion, sans concertation préalable (..) Ils ont eu l'information à la dernière minute", déplore Bruno Bobkiewicz.

Même son de cloche, du côté de l'opposition au Conseil régional. Amélie Taquillain, présidente du groupe de la majorité présidentielle déplore "l'opacité" de cette décision de la région dirigée par Valérie Pécresse.

"Quand on voit l'état du lycée Voillaume, on se dit que l'on fait les caisses des lycées alors qu'ils sont en mauvais état", tance-t-elle.

Il y a quelques semaines, l'état jugé catastrophique de ce lycée de Seine-Saint-Denis avait été dévoilé par RMC. Entre pannes de chauffage, fenêtres cassées et coupures d'électricité, des élèves et des enseignants avaient dénoncé des conditions de travail "indignes". Le ministre de l'Éducation s'était alors rendu sur place avec Valérie Pécresse.

Par ailleurs, face aux critiques concernant la dotation de fonctionnement des lycées, la région rappelle qu'elle dépense 1,82 milliard d'euros pour les lycées privés et publics chaque année.

Nicolas Dumas avec Gauthier Hartmann