BFM Paris Île-de-France
Paris Île-de-France

Gestion des flux, intelligence artificielle… Ce que prévoit IDF Mobilités pour les transports en commun aux JO 2024

JO de Paris 2024

JO de Paris 2024 - ICON Sport

L'autorité organisatrice des transports demande l'autorisation d'utiliser la reconnaissance faciale pendant l'événement pour renforcer la sécurité et travaille sur le développement d'une application dédiée aux transports pendant la compétition.

A 500 jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, Île-de-France Mobilités (IDF Mobilités) commence à dévoiler son plan de transports. Un défi majeur pour l'autorité organisatrice des transports franciliens qui devra acheminer, à l'aller et au retour, jusqu'à 500.000 spectateurs par jour sur les 25 sites olympiques franciliens. Des spectateurs qui s'ajoutent aux usagers des transports habituels.

Et cela, sans compter ceux qui se déplaceront pour les épreuves sur routes qui seront gratuites, et qui pourraient attirer entre 100.000 et 300.000 personnes, d'après les prévisions d'IDF Mobilités.

"Il va falloir renforcer le transport sur tout le parcours", prévient Laurent Probst, le directeur général d'Île-de-France Mobilités.

"L'équivalent d'un jour de pointe chaque jour"

D'autant plus que l'ambition est que 100% des spectateurs "doivent pouvoir arriver aux sites de compétition en transports collectifs". Et pour chacune des 50 sessions sportives quotidiennes, il y "un plan de transport spécifique", ajoute-t-il.

"Ce sera l'équivalent d'un jour de pointe dans les transports chaque jour des Jeux olympiques, voire un peu plus", prévient Laurence Debrincat, directrice prospective et études en charge des Jeux olympiques et paralympiques à IDF Mobilités.

L'offre ferrée pour la desserte des sites des épreuves sera alors augmentée de 15% par rapport à une offre estivale normale. Chaque site est desservi par plusieurs lignes de transport ferré, de sorte "qu'en cas d’incident sur l’une des lignes" des itinéraires alternatifs "seront donc déjà opérationnels".

Des bus climatisés pour les sportifs

Le plan de transports prévoit également la mise en place d'un service de navettes au départ des grandes gares parisienne et de la gare Rosa Parks (19e arrondissement) vers les sites de compétition afin de transporter les 4000 personnes en fauteuil roulant attendues chaque jour.

Les sportifs et personnes accréditées auront accès à des bus climatisés, qui seront au nombre de 1000. Le marché sera décidé lors du Conseil d'administration du mois d'avril d'IDF Mobilités, après l'appel d'offres lancé le 21 décembre dernier, pour un montant moindre de 33,9 millions d'euros.

C'est la préfecture de police de Paris qui assurera le commandement opérationnel des transports en commun avec la mise en place d'un centre de commandement zonal et des centres de commandements locaux, détaille IDF Mobilités.

Une application spécifique

Quant au coût de ces transports spécifiques pour les Jeux Olympiques, il a été estimé à 200 millions d'euros, comme avancé par l'autorité de transports en janvier dernier lors de la conférence de financement des transports franciliens.

IDF Mobilités développe aussi une application, qui sera disponible en anglais et en français au printemps 2024, afin de proposer aux spectateurs les trajets en transports en commun pour se rendre sur leur lieu de compétition et d'acheter des titres de transports.

"Il aura un menu déroulant avec les lieux de compétition. On proposera au spectateur un seul trajet pour se rendre à sa compétition. On va jouer sur les lignes qui colleront à notre gestion de flux", précise Laurence Debrincat.

Côté travaux, un moratoire sera mis en place dès janvier 2024 sur "le réseau stratégique" de la SNCF afin de garantir une "disponibilité maximale des infrastructures", indique IDF Mobilités.

Cela signifie que tous les travaux seront à l'arrêt pendant le déroulement des épreuves à l'exception du réseau non-stratégique. Côté RATP, tout le réseau est considéré comme stratégique pour la bonne tenue des JO.

Moins de 500.000 spectateurs pour la cérémonie d'ouverture?

Moment crucial de ces Jeux Olympiques: la cérémonie d'ouverture, qui se déroulera le 26 juillet 2024, et pour laquelle le comité d'organisation de Paris 2024 attend 600.000 personnes le long de la Seine entre le pont d'Austerlitz et le pont d'Iéna.

"Pour gérer tout ça, il nous faudrait moins de 500.000 spectateurs", s'inquiète Laurent Probst. A ce niveau-là, "on saura gérer", poursuit le directeur d'IDFM, du moins à condition de "rouvrir les ponts à la fin de la cérémonie", car "sur la rive gauche, les stations de métros ne sont pas totalement adaptées pour un tel nombre de spectateurs".

La gestion des flux sur l’espace public ne relèvera pas d'Île-de-France Mobilités, mais de la préfecture de police de Paris, avec qui l'autorité assure travailler au quotidien sur chaque site.

IDF Mobilités demande la reconnaissance faciale

Quant à la sécurité des transports, IDF Mobilités appelle l'Etat à adopter des mesures législatives pour la renforcer.

"L'intelligence artificielle est un outil qui permettra aux humains d'être beaucoup plus efficace. On demande une reconnaissance faciale pour les terroristes recherchés par la police", réclame Laurent Probst, avant de poursuivre: "On demande une intelligence logicielle pour reconnaître une intrusion sur les voies, un malaise voyageur ou encore un mouvement de foule. Il faut que sur ces sujets-là, on soit aidé par l'informatique."

Outre l'intelligence artificielle, l'autorité présidée par Valérie Pécresse souhaite l'autorisation du "port des caméras piétons par les agents de sécurité privée" et d'avoir "le pouvoir d’éviction durant cette période particulière des JO". Une enveloppe de 10 millions d'euros va permettre d'améliorer la vidéoprotection et 3000 agents et 50 brigades de cyno-détection seront déployées.

Un mouvement de grève pendant les Jeux?

Enfin, l'une des principales sources d'inquiétude dont se sont fait l'écho des élus franciliens de gauche porte sur l'ouverture à la concurrence des bus opérés par la RATP à Paris le 1er janvier 2025. L'attribution des marchés en 12 lots devrait intervenir en juin 2024, quelques semaines seulement avant les Jeux, de quoi faire craindre un mouvement social.

"On ne nie pas l’inquiétude des collaborateurs", tente de rassurer Laurent Probst. "On a imposé en grande couronne les mêmes conditions sociales aux agents. Il faut les rassurer. La concurrence aura lieu un jour ou l'autre", explique-t-il. "Notre priorité, ce sont les transports du quotidien. La suite de l'histoire, ce n'est pas la RATP, mais IDF Mobilités", conclut-il.

Nicolas Dumas et Emilie Roussey