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Fred Dewilde, rescapé de l'attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan et dessinateur, s'est suicidé

Mon Bataclan, le récit de l'attentat du 13-Novembre, par Fred Dewilde.

Mon Bataclan, le récit de l'attentat du 13-Novembre, par Fred Dewilde. - BERTRAND GUAY / AFP

L'auteur de bande dessinées, pilier de l'association Life for Paris, est mort au cours du week-end du 5 mai. Selon ses proches, il a succombé au "sournois poison répandu par les terroristes".

"Ma vie de maintenant est conduite par cette soirée. C'est-à-dire que quasiment tout découle de cette soirée." Ce 5 septembre 2021, Fred Dewilde est reçu sur le plateau de C Pol, sur France 5. Alors que se profile l'ouverture du procès des attentats du 13-Novembre 2015, il décrit, la gorge nouée, les séquelles laissées sur sa vie par cette funeste nuit au Bataclan.

"Il se trouve que je me suis séparé de la mère de ma fille. J'ai perdu mon boulot. Je suis en pension d'invalidité. Et tous les jours, je suis quasiment sur ma table à dessins à dessiner en rapport avec le 13", déroule-t-il.

Ce week-end du 5 mai 2024, près de neuf ans après l'attaque terroriste, Fred Dewilde s'est donné la mort, relate l'association Life for Paris, dont il était l'un des piliers.

La culture comme exutoire

Le rescapé, présent dans la fosse quand les assaillants ont frappé, a succombé à "ses insupportables blessures qui le meurtrissaient depuis tant d'années", à "ce sournois poison répandu par les terroristes du 13 novembre 2015", écrivent ses proches dans un texte partagé par l'association, accompagné d'un dessin intitulé L’amour, le pardon, le partage et la connaissance.

Depuis les attentats, l'homme avait choisi la culture comme vecteur pour extérioriser ses souffrances. Mon Bataclan, La Morsure, Panser ma vie, spectacle vivant ou encore Conversation avec ma mort sont autant de témoignages du traumatisme qui le rongeait, lui et les autres rescapés du 13-Novembre.

"Il disait qu'une partie de lui était morte ce soir-là", se souvient sa famille dans le document diffusé sur les réseaux sociaux.
Extrait de "Mon Bataclan", de Fred Dewilde
Extrait de "Mon Bataclan", de Fred Dewilde © BFMTV

"Dites à ceux que vous aimez que vous tenez à eux"

Mais ses proches retiennent surtout "son immense appétit de vivre porté par l'amour qu'il donnait autant qu'il recevait, son énergie communicative, son humour décapant, ses œuvres poignantes, ses projets plein les tiroirs ont été fauchés en une nuit par une pulsion suicidaire insurmontable le rendant sourd à tout avenir".

Et ces derniers de rappeler qui se cachait sous la carapace du dessinateur.

"Sous ses airs de colosse bourru, Fred était un roc doux et sensible, une oreille attentionnée, un observateur affûté et toujours des bras immenses grands ouverts dans lesquels tout cœur saignant trouvait réconfort."

Président de Life for Paris, Arthur Dénouveaux, lui a rendu hommage sur le réseau social X, en partageant la séquence mémorable de son passage sur France 5. "Le grand ami Fred s’est donné la mort ce dimanche", écrit-il sobrement. "Il aura passé ces 8 ans et demi de répit à partager sans relâche son humanisme. Il manquera à tous ceux qui l’ont connu ou lu. Dites à ceux que vous aimez que vous tenez à eux."

La promesse d'un autre réscapé

Lui aussi rescapé de l'attentat, David Fritz Goeppinger lui fait cette promesse: "Crois-moi quand je te dis que tes luttes seront les nôtres. Qu'on oubliera jamais tes câlins trop forts. Jamais, tes coups de crayons et surtout jamais ton sourire éternel".

Sa famille, elle aussi, considère que "son héritage est un combat".

"Le soldat Fred est tombé aujourd'hui et nous sommes ses héritiers", clame-t-elle.

Sous les hommages à Fred Dewilde, les multiples messages de condoléances des internautes, personnalités ou anonymes, défilent sous la molette de la souris. Les mêmes qui avaient accompagné la mort de Guillaume Valette.

Presque deux ans jour pour jour après la nuit du 13-Novembre 2015, ce rescapé du Bataclan s'était donné la mort dans une clinique psychiatrique. En 2019, il avait été reconnu par la justice 131e victime de l'attentat.

La 132e se nomme France-Élodie Besnier. Assise à la terrasse du Carillon, elle avait échappé aux balles des terroristes ce soir-là. Elle s'est suicidée le 6 novembre 2021.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions