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Covid-19: une vingtaine de décès parmi les familles d'élèves d'un lycée de Seine-Saint-Denis

Les enseignants du lycée Eugène Delacroix à Drancy ont adressé ce jeudi une lettre à Emmanuel Macron pour réclamer la fermeture de l'établissement, où le nombre de cas de Covid-19 explose.

C'est un véritable appel à l'aide. Les enseignants du lycée Eugène Delacroix de Drancy, en Seine-Saint-Denis, ont adressé ce jeudi une lettre à Emmanuel Macron pour réclamer la fermeture de leur établissement, où les cas de Covid-19 se multiplient.

Dans cette missive, les professeurs dénoncent notamment une "situation sanitaire alarmante". Depuis la rentrée des vacances, le 1er mars dernier, "50 élèves ont été testés positifs", sans compter les cas contacts, "deux cas positifs" ont été recensés parmi l'équipe de direction ainsi que "15 cas positifs avérés parmi les enseignants", plus "15 cas contacts".

"Un super cluster"

"La situation est grave puisque nous dénombrons une vingtaine de décès parmi les familles de nos élèves, un très grand nombre de cas avec une accélération de l'épidémie au sein de l'établissement, donc il nous semblait qu'il fallait sonner l'alarme pour qu'on soit un peu écoutés (...) Notre action avait pour but d'alerter sur une situation castastrophique", a détaillé sur BFMTV Fabrice Morel, professeur au lycée Eugène Delacroix.

Jean-Paul Hamon, président d'honneur de la Fédération des Médecins de France, se dit "étonné" que la décision n'ait pas été prise de fermer: "la solution c'est de se mettre rapidement au télé-enseignement et de fermer ce lycée [...] c'est un super cluster et ça ne va pas s'arrêter".

Droit de retrait

Depuis ce mardi, les enseignants de l'établissement excercent en effet leur droit de retrait et exigent "la fermeture du lycée pour une durée de quinze jours minimum pendant lequelle la continuité pédagogique sera assurée en distanciel, et un dépistage massif, des personnels comme des élèves, avant la réouverture", comme le précise la lettre.

Selon Fabrice Morel, pour le moment, rien n'a été acté concernant le lycée, malgré la multiplication des fermetures de classes. "Beaucoup de parents refusent d'envoyer leurs enfants au lycée", a-t-il souligné.

"Il va se passer que soit les enseignants et les élèves qui vont au travail vont se mettre en danger, soit ils vont continuer à sonner l'alerte ce qui est fort probable puisqu'on est dans une situation à risque", estime Blandine Paulet, cosecrétaire du SNES-FSU 93.

En Seine-Saint-Denis, le taux d'incidence est le plus élevé du pays, et a dépassé les 700 pour 100.000 habitants cette semaine.

"On est face à des populations souvent déshéritées, en difficulté, qui sont en première ligne et qui subissent les problèmes liés à cette épidémie. En terme d'égalité, ce n'est pas acceptable", s'est insurgé Fabrice Morel.
Fanny Rocher